On peut ne compter qu’environ 200 âmes et pour autant fourmiller de projets ! Le sous-préfet de Haute-Loire, Emmanuel Fevre, a pu le constater par lui-même lors de sa visite à Saint-Privat-du-Dragon, le 1er août. Accueilli par la maire du village, Agnès Jean, et quelques élus, le sous-préfet est venu prendre la température concernant l’avancée de certains projets de cette commune regroupant 21 hameaux et lieux-dit, à travers 13 villages, sur plus de 2.200 hectares.
Une meunerie dans une ferme et un "tiny fournil".C’est un projet qui a pris corps peu de temps après le départ à la retraite de la maire Agnès Jean et de son mari, tous les deux exploitants agricoles sur la commune :
"Pauline Mercuri, une jeune paysanne meunière a proposé de s’occuper de nos terres. On lui a vendu par la suite notre blé pour qu’elle fasse son pain elle-même. Quand on a pris notre retraite, elle a voulu reprendre une partie de nos terres pour produire son blé et faire son pain "
rembobine l’édile. Par la suite, ils lui ont loué des locaux dans leur ferme, au hameau de Sauvanirgues. Elle y a installé sa meunerie pour produire sa farine. Et quelques mois plus tard, elle a créé son propre fournil à quelques mètres de la meunerie :
"On fait du pain au levain bio le mardi et le jeudi que l’on vend sur le marché à La Chomette et à Saint-Germain-Lembron. On livre aussi des épiceries et magasins de producteurs entre Langeac et Brioude "
, explique Clémence, la jeune stagiaire de Pauline Mercuri, absente ce jour-là. Le fournil de 18 m², doté d’un four d’une capacité de cuisson de 80 kg, a été construit en janvier dernier et il est en fonction depuis mai. De son côté, Pauline Mercuri cultive en autonomie 22 hectares de terres, principalement du blé et du petit épeautre.La meunerie se situe à quelques mètres du "tiny fournil"
La création d’un tiers-lieu." On a du mal à faire venir des artisans. Il y a un frein au niveau administratif et en termes de coût pour un jeune qui veut se lancer ",
La maire de Saint-Privat-du-Dragon a voulu promouvoir un tiers lieu sur sa commune pour répondre à ces deux problématiques.Pour le moment, un seul artisan, Olivier Verdier, menuisier, occupe cet espace : " Il reste 300 m² de locaux disponibles et, s’il le faut, on agrandira ! " C’est un ami qui lui a conseillé le concept de tiers-lieu. Le bâtiment est très fonctionnel : il est bien isolé, il y a l’eau, l’électricité, la fibre et il est accessible aux livraisons.
Olivier Verdier a aussi pris le virage du numérique où il distille conseils et savoir-faire sur sa chaîne YouTube, forte d’une communauté de 300.000 membres : " Ça représente à peu près la moitié de mon temps et la moitié de mon chiffre d’affaires. Et les deux tiers de mon plaisir ! " La difficulté est de développer ce tiers lieu en y accueillant de nouveaux résidents :
" Les tiers lieus ou les manufactures de territoire nécessitent une vraie structuration. Il y a une forte concurrence et il faut montrer que le projet tient la route et que ce n’est pas juste un effet de mode. Des accompagnements existent pour ce type de projet "
Encourager et développer l’activité viticole.Une visite sur les pentes du village de Belmont pour découvrir les 5,5 hectares de vignes plantés (environ 50.000 pieds) par Paul-Aublet-Cuvelier s’imposait. Depuis cinq ans, le jeune vigneron a redonné vie au terroir viticole existant naguère sur la commune : " Un siècle de friches, ça nous a vraiment donné du boulot pour tout remettre en état ", précise le jeune vigneron. Un constat provoquant la stupéfaction d’Emmanuel Fevre :
" On est sur un territoire de vin qui a servi à alimenter la France pendant des années. Le fait de tout devoir reconstruire est une anomalie. "
Un nouveau vigneron, Rémi Foletto, doit bientôt planter des vignes à Saint-Privat-du-Dragon : " Il va s’installer sur la commune, au Croizet et aussi à Saint-Ilpize ", détaille Agnès Jean.
"J’ai fait des demandes de plantation pour 1,2 hectare dont la moitié à Saint-Privat. La première session de plantation est prévue pour avril ou mai 2025 "
Rémi Foletto, vigneron, va planter de la vigne à Saint-Privat-du-Dragon en 2025
ll y en aura d’autres en 2026 et 2027. Le signe d’une volonté de redonner ses lettres de noblesse à l’activité viticole dans le département : " On a fait pas mal de réunions avec notre association pour discuter des enjeux, de ce dont on a envie ou pas ", explique Paul Aublet-Cuvelier. Un prochain rendez-vous est prévu en octobre pour entériner les choses. " On constate que le secteur se structure et notre volonté est d’être présent pour accompagner les choses », conclut le sous-préfet, Emmanuel Fevre.
Jérémy Virot
Les vignerons Mathieu Fleuriet et Paul Aublet-Cuvelier ont planté quatre hectares de vigne à Saint-Privat-du-Dragon