La sixième édition du festival Théâtres de Bourbon a baissé le rideau après 45 représentations, données dans huit châteaux situés entre Vichy et Moulins. « Les Jeux olympiques qui ont duré du 26 juillet au 11 août ont clairement affecté la fréquentation du festival qui durait du 2 au 15 août », déclare Pierrre Deusy, fondateur de Théâtres de Bourbon et de son association éponyme. « Mais il faut reconnaître que nous avions pris des risques dans la programmation, en proposant plus de contemporain. Or, le public apprécie aller voir ce qu’il connaît déjà. Les pièces de Molière ont toujours assuré nos plus beaux succès et cette année, il n’y en avait pas. »
Les chiffres de la fréquentation sur les huit sites du festival n’ont pas encore été étudiés, mais, en ce qui concerne le manoir des noix, à Veauce, où Pierre Deusy accueille des représentations, « on est passé d’une moyenne de 98 spectateurs l’an passé à 60 cette année. »
DéficitL’association s’attend à un léger déficit, pour la première fois depuis sa création en 2019. « Nous ferons appel au fonds de garantie que l’on a provisionné les années précédentes. Heureusement, nous n’avions pas investi dans une scène mobile, matériel souvent nécessaire aux pièces contemporaines. Cet achat attendra des jours meilleurs. »
Dans ce marasme, deux châteaux tirent leur épingle du jeu, Charnes et Avrilly, à Marigny et Trévol, situés à 15 minutes de Moulins. Faut-il trouver des lieux de représentations plus proches du bassin de vie vichyssois?? Pierre Deusy hésite :
Nous voulons un festival au cœur de la ruralité et apporter de la nouveauté, avec des troupes venues d’autres régions. Dans ce contexte, il est vrai que, même si nos tarifs sont attractifs, le public se déplace plus facilement quand il connaît déjà la pièce.
Le festival Théâtres de Bourbon 2024 proposait quinze spectacles, dont deux seulement antérieurs au XXe siècle. « Les onze autres étaient des pièces modernes qui ont connu des fortunes diverses », raconte Pierre Deusy. « Pour Les Parfaits, de Jean-Luc Jeener, nous étions trente à Veauce, mais il y a eu sept rappels et tout le monde est resté assis de longues minutes après, scotchés par la force de ce qui venait d’être donné. Et pour Fleur de mots, il y avait neuf spectateurs?! Mais quelle douceur?et nous sommes restés en cercle à discuter avec les comédiens. »
Les succès furent assurés par La Grande Duchesse de Gerolstein de Jacques Offenbach, avec acteurs, chœurs et orchestre?; Les Garçons et Guillaume à table avec Jean-François Breuer?; les seuls en scène de Jean-Claude Drouot et ses mémorables interprétations de Jean Jaurès.
En 2025Pour la septième édition de Théâtres de Bourbon, la programmation est en partie définie : « Molière sera de retour, avec Les Fourberies de Scapin. Il y aura une comédie de Corneille, Le Menteur et une version de Bérénice de Racine originale, une Bérénice des quartiers, déclamée en rap et slam. Il y aura aussi Antigone de Sophocle », énumère Pierre Deusy. Bref, du connu, pour assurer un succès mérité.
L’édition 2024 restera dans les annales pour la mise en scène du Véritable saint Genest de Jean de Rotrou, une pièce de 1647 très peu jouée, car complexe : c’est l’histoire d’un comédien qui, en jouant pour l’empereur romain et sa cour païenne, un chrétien martyrisé, est lui-même touché par une révélation et devient martyr. Écrite et jouée, avec grand succès à l’époque, 38 ans avant la révocation de l’édit de Nantes, cette pièce défend la liberté de conscience et dénonce le fanatisme. Mais c’est aussi une réflexion sur le métier de comédien et l’art du théâtre comme recherche de la vérité intérieure. Pierre Deusy a assuré la mise en scène.
Stéphanie Ména