Les viticulteurs interrogés sont formels : 2024 sera à vite oublier. Très vite, même. Gilles Vidal, président de l’AOC Côtes-d’Auvergne insiste : "Très, très, très mauvaise année." Le tableau est noir. Et sur bon nombre de secteurs de l’AOC, les vendanges s’annoncent compliquées.
Les raisons ? Premièrement, la pluie, "quinze jours sans arrêt en avril", précise Gilles Vidal. Ensuite, poursuit-il, "l’état sanitaire avec la maladie du mildiou précoce. Impossible de le stopper."
Et puis le coup de grâce, la grêle. "Certaines vignes ont été détruites à 80%." Comme celles d’Antoine Royet à Ménétrol, près de Riom. En tout, il possède près de trois hectares. "Ça a compromis la moitié des récoltes… C’est catastrophique", souffle-t-il. Lui, constate un autre problème : le black-rot (une maladie fongique causée par le champignon Guignardia bidwellii). Un vrai coup dur.
"Moral dans les chaussettes"Le jeune viticulteur, qui a repris l’exploitation familiale il y a peu, n’est pas très optimiste pour les vendanges. "Je pense qu’on va récolter presque rien." Une situation tellement difficile, qu’il recule la date à début octobre. D’ordinaire, les vendanges débutent autour du 10 ou 12 septembre.
Comment rattraper le coût sans récolte confortable ? "Vous me posez une colle…, lâche-t-il. On va arrêter de chercher des nouveaux clients et fournir ceux que nous avons maintenant."
Une année comme celle-là, de sa mémoire de président d’AOC et de viticulteur, Gilles Vidal n’en avait jamais vu. Lui aussi va reculer ses vendanges de dix jours.
"On est aux portes de la récolte et le constat est là : on ne s’attendait pas à ça. On a le moral dans les chaussettes."
Lisa Le Postec, qui possède deux hectares et demi à Aulhat-Flat, à côté d’Issoire, est tout aussi inquiète. "Une année très nulle, résume-t-elle. J’ai gelé mi-avril sur tout le domaine. On a essayé de sauver les meubles ; ça n’a pas été très joyeux." D’autant plus que pour elle, c’est son premier vrai millésime cette année. "Un bon démarrage", ironise-t-elle.
Adrien Fillon
