Chaque année, la foire de Brion (Puy-de-Dôme) attire des milliers de visiteurs. Tradition depuis le XIVe siècle, elle a connu beaucoup de changement ces dernières décennies.
Là-haut, à Brion, tout le monde les connaît. Serge Gay, Michel Raynaud, Bernard et Marius Verdier, déambulent dans le petit hameau où ils ont grandi. Ici, chaque année, Brion tient sa foire réputée. De mai à octobre ce sont 12 dates où les burons sont ouverts, les artisans exposent et, plus rarement maintenant, les agriculteurs du coin commercent. Les quatre copains l’ont rarement ratée, mais depuis leur première foire, les temps ont bien changé.
Plus comme avantSi les burons restent ouverts, ce sont aujourd’hui les bêtes qui se font rares. Pourtant, à l’époque, c’était l’essence même des foires. "Les gens ne venaient pas pour le folklore, ils venaient pour gagner leur vie !", raconte Serge Gay, 80 ans et ancien maire de Compains. Attablés dans un buron pour boire un coup, tous sont d’accord : ce ne sont plus les fêtes qu’ils ont connues. "Aujourd’hui c’est encore bien mais il n’y a plus de bêtes", déplore Serge, avant que Marius, 74 ans, rajoute : "C’est une autre époque. Ce n’est plus pareil". De son côté Michel Raynaud se souvient des soirs de foires : "le foirail était plein, il devait y avoir 80 ou 100 vaches."
L’ancien garagiste est coupé par ses amis qui en cœur affirment qu’il y en avait bien plus "il y en avait quoi, 1.000 ?", demande Bernard à ses camarades, qui acquiescent. Pour la plupart, les premiers souvenirs remontent à l’enfance. "On était à l’école de Brion, les jours de foire ont loupé les cours pour y aller, c’était notre sortie" se remémore Michel. Les anecdotes fusent, la bande de copain est lancée sur le sujet.
À l’époque, le 25 juin correspondait à la fête du village. Les agriculteurs, les faucheurs et les employés se réunissaient et les gens dansaient dans les cabanes, selon leurs dires.
Moins d’agriculteursLe maire de Compains fait son apparition et s’invite à la table. Henri Valette constate aussi la diminution du nombre de bêtes, et pour lui l’explication est simple. "Les animaux se négocient à la ferme, avant sur une exploitation on avait trois générations, ils avaient le temps. Aujourd’hui ils sont seuls, ils n’ont pas le temps de monter les bêtes. Pour eux c’est une journée de perdue", explique-t-il. Il faut ensuite prendre en compte les nouvelles normes sanitaires, et surtout la chute du nombre d’agriculteurs.
"Dans le temps, on avait soixante exploitations sur Compains, aujourd’hui ils sont dix, dont huit pour la production de saint-nectaire", ajoute l’édile. Malgré ces changements, les habitués continuent de venir à la foire. Grâce aux efforts de l’association Les Amis du Foirail de Brion, la date du 22 août attire toujours les agriculteurs venus vendre leur bête à des marchands qui jouent le jeu.
L’année dernière, 1.300 à 1.400 véhicules avaient été enregistrés par le péage mis en place pour l’occasion. Principalement originaires d’Auvergne, les visiteurs continuent d’affluer à une foire qui doit jongler entre tradition et nouvelle époque.
Gustave Pinard
Programme : dimanche 11 août, Fête du cheval à Brion (Compains). Concours de chevaux avec la race Auvergnate et chevaux de trait. Country, rodéo mécanique, balades à poney ou encore parade. Concert à 14 heures avec le groupe Davy Cioli. Accès libre et restauration possible dans les burons. Marché de Pays dès 9 heures. Dates de foires (accès libre) : jeudi 22 août avec présence des bêtes et des marchands pour commercer (péage en place pour les voitures). Lundi 2 septembre, samedi 14 septembre date importante cette année car les bénéfices seront reversés à une association. Dernières foires les samedis 5 et 19 octobre.
