Contrairement à celui de nombreux athlètes de haut niveau, le quotidien de Gabriel Tual se passe en groupe. Ses partenaires d’entraînement parlent de lui, meilleure chance française de médaille en athlétisme, ce samedi soir, sur 800 mètres.
Derrière les performances de Gabriel Tual, il y a une bande de copains. La « Bernie Team ». Une référence à Bernard Mossant, l’entraîneur de ce groupe composé d’une quinzaine d’athlètes, basé à Bordeaux. Ce coach de 62 ans a développé le talent de Pierre-Ambroise Bosse. Avant de récidiver avec le demi-fondeur venant de le déposséder de son record de France du 800 m : Gabriel Tual.
Une émulation autour de luiL’Agenais l’a rejoint à son arrivée en Gironde, au milieu des années 2010. « Ça a rapidement été le plus fort du groupe », témoigne Adrien Tual, son petit frère, habitué des France de 800 m et lui-même membre de la Bernie Team.
« Quand je suis arrivé en 2019, Gabriel était déjà au-dessus du lot », confirme Corentin Magnou, l’un des plus habitués à s’entraîner avec le champion d’Europe. Au point de partir en décembre en Afrique du Sud pour faire le « sparring-partner ».
Le septième des championnats de France a progressé dans la foulée du leader. Comme la quinzaine d’athlètes du groupe. Ils font désormais tous partie des meilleurs demi-fondeurs français. « Il y a eu une vraie émulation autour de Gabi, indique Corentin Magnou. On a réussi à se tirer vers le haut. »
« Ce ne sont pas des surhumains »Adrien Tual a la même analyse : « Gab a été performant, les jeunes se sont dit “le coach doit lui aussi être performant”, on va venir. On n’est pas allé les chercher. Ils sont spontanément venus de toute la France. » Le Clermontois Bruno Pierru est l’un d’eux. Passé de bon coureur régional à très bon coureur national, il opine :
Le groupe a fait la différence dans ma progression. Côtoyer Gabi ou les coureurs de 800 m rend le haut niveau accessible. On voit que ce ne sont pas des surhumains, que l’on peut mener sur des séances.
C’est l’autre aspect marquant aux yeux de Pierru : « Il ne se la colle pas trop à l’entraînement. Il sait qu’il ne faut pas se cramer, donc il respecte les allures. Il est toujours facile. » Ce respect des zones d’effort est l’un des axes de travail majeur du groupe de Bernard Mossant.
« Il s'intéresse à beaucoup de détails »Corentin Magnou ajoute : « C’est vraiment trop cool de s’entraîner ensemble, on est un groupe de potes. L’ambiance est saine, sans problème d’ego. » Gabriel Tual n’y est pas pour rien : « C’est le plus fort du groupe, mais il n‘impose pas son statut de leader en étant tout le temps devant, abonde son frère. Il n’est pas fermé. Il travaille avec tout le monde. »
Ce n’est pas : « le champion d’Europe mène et tout le monde derrière ». « C’est notre grand frère à tous », résume Corentin Magnou. L’Agenais n’hésite pas à partager son expérience. « Il est très, très appliqué, dit Corentin Magnou. Il s’intéresse à beaucoup de détails, en musculation, sur la technique, sur le travail de foulée, sur la vitesse, etc. » Un autre aspect de sa personnalité a marqué Bruno Pierru : « Sa grosse force, c’est sa mentalité. Il n’a pas peur, pas de complexe d’infériorité. »
Lui-même était surpris par son record de FranceCette qualité lui a permis de devenir champion d’Europe. Et cinquième meilleur performeur mondial de tous les temps sur 800 m. C’était en juillet. Et ça a surpris tout le monde. Son groupe d’entraînement, mais aussi l’athlète lui-même. « J’en avais discuté avec Gab après les France, à Angers, où il avait fait 1’43’’99, raconte Adrien Tual. On avait regardé sa course. Il pensait être capable de faire 1’42’’9. Ce qui est déjà un gros chrono. 1’41’’61 en battant le record de France de près d’une seconde, c’est un autre niveau. Il est à 5 dixièmes du record d’Europe, 7 dixièmes du record du monde. C’est une autre catégorie. On ne s’y attendait pas si tôt. »
Cela fait de lui un candidat sérieux à la médaille olympique. « C’était inoubliable de le voir en finale des Jeux à Tokyo, sourit son frère. J’en avais pleuré. Là, en étant dans le stade, ça sera encore plus inoubliable. »
Si toute la Bernie Team ne sera pas à Saint-Denis, ils ne manqueraient la course de 19 h 05 pour rien au monde.
