Mis en examen et écroué pour tentative de meurtre il y a un an et demi, ce jeune homme de 24 ans était à la cour d'appel de Riom pour demander sa remise en liberté. Elle a été rejetée.
La thèse de l'accident n’aura pas tenu longtemps. Le 3 février 2023, vers minuit, une Clermontoise de 19 ans est prise en charge par les urgences du CHU pour une grave plaie dans le dos, occasionnée par un couteau. La victime affirme être tombée sur une lame, à son domicile. Une version plus que douteuse, pour les médecins. Ceux-ci comprennent très vite que la jeune femme a reçu un coup de couteau.
15 jours d'ITT pour la victimeUne enquête est ouverte. L’ex-compagnon de la jeune femme, suspecté d’avoir porté ce coup, est interpellé, mis en examen pour tentative de meurtre et placé en détention provisoire. La victime, particulièrement traumatisée selon les experts et qui s’est vu notifier 15 jours d’ITT, finit par admettre qu’il est bien à l’origine de sa blessure.Selon son récit, dans un contexte de séparation, Halvan M. se serait introduit de force chez elle, dans la soirée du 3 février. Une dispute aurait éclaté. L’ex-conjoint se serait ensuite emparé d’un couteau et l’aurait poignardée. Âgé alors de 22 ans, le suspect nie et livre une autre version. Lui dit que c’est elle qui a pris le couteau. Il aurait voulu la désarmer mais dans le feu de l’action, la lame aurait accidentellement atteint la jeune Clermontoise.
Plus d’un an et demi après les faits, l’information judiciaire est désormais bouclée. Le dossier a été transmis au parquet, lequel a requalifié les faits en violences avec arme par conjoint. Le magistrat instructeur n’a pa encore rendu sa décision quant à un éventuel renvoi devant le tribunal correctionnel.En attendant, Halvan V. Était devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Riom, mardi, pour demander sa remise en liberté.
"Je veux sortir pour préparer ma défense. Je n’ai aucun souci avec la victime, je tiens à m’excuser sur les dégâts que j’ai causés."
Ses "difficultés avec l’alcool" sont le "point cardinal de son passage à l’acte", estime Maître Thibault Tymen, son avocat. "Mais mon client a évolué positivement depuis le début de sa détention. Il a cessé de boire, il a mûri et il n’a plus aucune emprise sur la victime."Reste un casier qui ne plaide pas en faveur : huit condamnations, dont une bonne partie pour violences sur conjointe. Et des expertises psychiatriques qui concluent notamment à une personnalité immature et intolérante à la frustration. Charlotte Trabut, avocate générale, y voit là un risque de renouvellement "objectif".
"Même si le juge d’instruction suit le parquet et va vers une correctionnalisation, nous sommes face à un agresseur qui n’a pas hésité à entrer de force chez sa victime, à la frapper, à la jeter au sol et à lui asséner des coups de couteau", estime la magistrate.La chambre de l’instruction est allée dans son sens. Le mis en examen reste incarcéré.
Olivier Choruszko
