De l'équipe de France d'athlétisme à entrepreneur, le parcours de Coralie Gassama

Si Coralie Gassama avait pour objectif de participer aux Jeux Olympiques de Paris 2024, les blessures l'en ont empêchée. Pour autant, l'ancienne membre de l'équipe de France d'athlétisme n'a pas baissé les bras et a su se trouver une nouvelle passion : l'entrepreneuriat. Avec son entreprise Keyena, elle propose des sur-semelles de protection pour pointes. Retour sur un parcours inspirant.

Blaise Matuidi (football), Julien Pierre (rugby) ou encore Séverine Desbouys (cyclisme)... nombreux sont les anciens sportifs qui ont connu une reconversion dans le monde de l'entrepreneuriat. Pour autant, ils n'ont pas tous décidé d'innover dans le domaine où ils ont excellé durant leur carrière sportive, au contraire de Coralie Gassama, fondatrice de Keyena. L'entrepreneure propose avec son produit Key One des sur-semelles de protection pour pointes d'athlétisme. " J'en avais marre de galérer à marcher quand je sortais de la piste, explique l'entrepreneure. Et puis avec mes coéquipiers, on s'était toujours demandé pourquoi aucune solution n'existait. "  

Pourtant le chemin entrepreneurial n'était pas tout tracé pour Coralie Gassama. Originaire d'Evreux, en Normandie, la jeune fille connait un parcours scolaire classique tout en pratiquant des activités sportives en parallèle. " J'ai fait dix ans de gymnastique et d'athlétisme, jusqu'à être sélectionnée en équipe de France du 400 mètres à 14 ans et participer au Festival olympique de la jeunesse. " La future entrepreneure rejoint à 17 ans un groupe d'entrainement de haut niveau à Lyon afin de faire carrière dans l'athlétisme. Il n'est alors toujours pas question d'entreprendre pour l'étudiante. " Je me suis orienté vers les études de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) et j'envisageais de me tourner vers l'événementiel dans le sport. " 

Entre les cours et les entrainements, Coralie Gassama n'a pas le temps de se consacrer à d'autres projets même si elle a toujours été habituée à ce rythme soutenu. " La fac nous offrait la possibilité de consacrer un semestre à l'entrepreneuriat, poursuit-elle. Je ne savais rien de ce monde. J'ai alors tout découvert en parallèle de mon activité de haut niveau. " Malheureusement pour elle, la sportive va avoir le temps de se focaliser sur cette découverte. " J'ai subi une fracture de fatigue du tibia, explique Coralie Gassama. Je me suis fait opérer à deux reprises et ça m'a éloignée des pistes de longs mois. "  

Mais derrière ce coup dur, l'athlète y voit la parfaite opportunité pour se focaliser à 100 % sur l'entrepreneuriat. " J'ai pu me concentrer un peu sur mon projet, même si je m'entrainais beaucoup avec énormément de rééducation. Ça m'a permis de ne pas trop sombrer et d'avoir une occupation en plus de mes études. " Et si au départ il est juste question d'un projet de cours, nombre de ses professeurs l'encouragent à aller plus loin et se renseigner sur l'existence ou non d'un tel produit. " Ils m'ont incité à me renseigner auprès de l'Institut National de la Propriété Industrielle (INPI), à pousser ma curiosité et j'ai fini par travailler avec un bureau d'études, puis un incubateur de startup jusqu'à créer Keyena. " 

Et pour la création des sur-semelles de protection pour pointe d'athlétisme, il était important pour Coralie Gassama que tout se déroule au sein de l'Hexagone. " On m'avait proposé de produire en Tunisie ou en Chine mais il était important que Key One soit 100 % Made in France, d'autant qu'il y a un savoir-faire important dans la vallée d'Oyonnax (Ain). " En 2022 l'entrepreneure met donc en vente son innovation. Et si le produit a séduit à la sortie, même s'il n'est pas de première nécessité, l'entrepreneure ne pense qu'aux améliorations futures. " Nous avons eu de nombreux retours positifs, explique Coralie Gassama. Pour ce qui est des points d'améliorations, les sur-semelles sont un peu lourdes. Nous souhaitons donc développer une gamme plus légère et esthétique pour 2025. "

Bien qu'il reste des points à améliorer pour la jeune entrepreneure, son produit séduit également les professionnels d'autres sport comme le footballeur Dayot Upamecano, lui aussi originaire d'Evreux. " Nous étions à l'école ensemble et ce sont surtout nos pères qui se connaissaient bien. Nous avons repris contact il y a cinq ans sur les réseaux sociaux, je lui ai donc parlé de Keyena et que j'aimerai rentrer en contact avec Blaise Matuidi qui gère un fonds d'investissement. " Bien que le défenseur central des Bleus ne puisse pas rendre service à Coralie Gassama, le projet l'intéresse et souhaite rejoindre l'actionnariat de Keyena. " C'était un moyen de soutenir mon projet et de préparer son après carrière, poursuit l'ancienne sportive. Ça permet par la même occasion d'offrir une visibilité plus internationale à Keyena. " Un renfort de poids pour l'entreprise qui devrait l'aider dans sa volonté de conquérir le marché américain au cours des prochains mois. 

Cet article a été publié initialement sur Big Média De l'équipe de France d'athlétisme à entrepreneur, le parcours de Coralie Gassama