La qualité de l’eau de la Seine a beaucoup fait parler. Pourtant, ce jeudi matin, pour la natation en eau libre, le sujet était loin d’être au cœur des conversations. Les préoccupations portaient davantage sur le très fort courant.
« Ça a fait polémique, mais c’était déjà le cas à Tokyo, à Rio, balaye la Française Caroline Jouisse, huitième ce jeudi. On a nagé dans des endroits bien pires. Ça allait très, très bien. » Même son de cloche pour l’autre tricolore de la course, Océane Cassignol. « Elle était nickel, embraye la septième de la course. Enfin, je vous le dirai dans quelques heures ! »
La course la plus dure de leur vieLa Biterroise a bu la tasse à plusieurs reprises, mais cela ne l’a pas inquiété plus que cela. « Il n’y avait pas de goût, pas d’odeur, constate Océane Cassignol. J’ai déjà nagé dans le port de Barcelone. C’était bien pire. Là, on voyait à peu près dans l’eau. Au Japon, ça m’est déjà arrivé de ne pas voir mon épaule. Je pense qu’on était toutes contentes de nager dans une eau comme ça. »
En revanche, un sujet était dans toutes les bouches : la force du courant dans la Seine. Il était tellement fort que les deux nageuses tricolores ont confié avoir vécu « la course la plus dure de [leur] vie ». « C’était pire que ce que l’on pensait, ajoute Océane Cassignol. C’était terrible. Physiquement et mentalement, c’était comme faire une musculation. »
Une allure à l'aller, une autre au retourMême les néophytes ont vu que les allers et les retours entre le pont Alexandre III et celui de l’Alma ne se faisaient pas à la même allure. C’est simple, les chronos allaient pratiquement du simple au double. D’un côté, dans le courant, les athlètes étaient portés. De l’autre, à contre-courant, les efforts étaient démultipliés.
« C’était le double d’efforts », poursuit la septième de l’épreuve. « On n’est pas habituées à avoir un courant aussi fort, ajoute sa poursuivante. Entre les deux bouées du fond (celle où s’effectuait le demi-tour, NDLR), on prenait le bouillon. »
« On se prenait les ronces, on se tapait le mur »Sur la partie à contre-courant, les nageuses se protégeaient au maximum, en collant la berge. « On se prenait les ronces, c’était difficile, très technique, décrit Océane Cassignol. On longeait au maximum la berge, on se collait les unes aux autres, on tapait le mur. Ça, pendant plus de deux heures. Ce n’était pas commun. » Ces péripéties ont martyrisé les bras de Caroline Jouisse. Tout griffés. Et la qualité de l’eau n’y était pour rien.
Ludovic Aurégan
