Août sauvera-t-il la saison estivale marquée par un mauvais mois de juillet ? Dans le Sancy, qui n’est pas épargné par la morosité touristique constatée au plan national, hébergeurs, restaurateurs, acteurs du tourisme l’espèrent mais s’inquiètent. La faute au mauvais temps, mais aussi au pouvoir d’achat en baisse et à un contexte général anxiogène.
Évidemment, pour qui cherche le plus grand calme, le vert des montagnes à perte de vue sous le ciel changeant, le Sancy a été exquis ce mois de juillet : on roule tranquillement, on chemine à son pas, les parkings ne sont pas bondés et l’on trouve sans mal une place aux terrasses pour la pause déjeuner.Mais pour les acteurs du tourisme locaux, c’est clairement « trop calme » pour un mois de juillet ! Beaucoup trop calme.
Météo, pouvoir d'achat, contexte anxiogèneLa faute au mauvais temps ? Au pouvoir d’achat plombé par l’inflation qui oblige à faire l’impasse sur les vacances ? « Oui, c’est tout ça, mais aussi le contexte politique national avec les élections de début juillet et un contexte d’incertitude, et même le contexte géopolitique international », explique Luc Stelly, le directeur de l’office de tourisme du Sancy, qui compte dix points d’accueil sur le territoire. Il estime qu’« il y a une dimension psychologique, un ralentissement des projets ; des études viennent d’être publiées qui indiquent que l’épargne de précaution a fait un bond en France ces dernières semaines, certains renonçant à leurs vacances ».
Les hébergements remplis à seulement 57 %Au 31 juillet, les chiffres ont parlé pour le massif du Sancy : « Le taux d’occupation dans les hébergements est en recul de 8 % par rapport à juillet dernier, avec un taux de remplissage de seulement 57 % ».
Les prévisions pour août sont à peine meilleures, mais une lueur d’espoir est tout de même permise : « À fin juillet, on se trouve au niveau des prévisions de juin en fonction des réservations à l’époque ; pour août, on commence à remonter un petit peu ».
"Les prévisions pour août sont un peu meilleures ; le taux de remplissage est actuellement de 64 %, mais il faudrait qu'il monte à 78 % pour atteindre le niveau d'août 2023".
D’évidence, le budget vacances est en souffrance. Pierre Simon, propriétaire du camping Paradis de Murol, de la Maison du fromage et des Grottes du Cornadore à Saint-Nectaire, ainsi que du Parc Saint-Nectaire aventures confirme : « En fait, en matière d’hébergement, on constate une baisse du niveau de la demande ; ceux qui allaient en meublé vont en mobile home, ceux qui allaient en mobile home vont en camping, ceux qui allaient en hôtel étoilé vont en chaîne plus bas de gamme. Le taux de remplissage de son camping a chuté de près de 12 %. Il évoque « un coup d’arrêt des réservations à partir de juin, alors que jusqu’en mai, ça partait bien », et aussi « une situation catastrophique sur la dernière semaine de juillet ».
Le bivouac a la coteEt quand ils sont là, vacanciers et autres touristes sont bien plus cigales que fourmis. « L’ajustement de la consommation sur place est très net », indique Luc Stelly, et plusieurs restaurateurs acquiescent, loin d’avoir fait le plein en juillet.La fréquentation des sites touristiques et activités a aussi marqué le pas. Les plus grosses structures s’en tirent bien, mais les vacanciers ne se sont pas bousculés dans les autres. « Quand les budgets des familles sont plus serrés, elles font les incontournables, et s’en tiennent là. »Les Grottes de Cornadore ont baissé de « seulement » 5 %, mais Saint-Nectaire Aventures a perdu 15 points, et c’est aussi période de vaches maigres à la Maison du fromage.
Le bivouac à la coteSi les vacanciers ont manqué à l’appel ce début d’été, une tendance se confirme et s’amplifie d’année en année : les randonneurs itinérants en autonomie sont de plus en nombreux dans le Sancy. « Il y a notamment un vrai retour d’une clientèle plus jeune, sac au dos, en majorité des 20/30 ans », note Luc Stelly.Une tendance forte qui a conduit à créer deux nouvelles aires de bivouac, l’une à Chambon-des-Neiges, l’autre à Super Besse, s’ajoutant à celles de Chastreix et Picherande, créées les deux années passées.
L(itinérance en autonomie a la cote : ici à l'aire de bivouac de Chastreix, créée il y a deux ans.. Photo Thierry LindauerQu’espérer pour août ? « On ne sait pas trop, mais on assiste de plus en plus à des réservations de toute dernière minute ; c’est nouveau. »
Les établissements thermaux du Sancy (Thermes de La Bourboule et Thermes du Mont-Dore) ont accueilli 201.600 curistes en 2023.
Laurence Coupérier
