Les moissons sont bien engagées sur les plateaux du Velay. Les récoltes sont hétérogènes mais les précipitations laissaient craindre des résultats bien pires.
L’anticyclone a donné le coup d’envoi aux moissons. Si ces dernières sont terminées en plaine, elles n’ont réellement commencé que la semaine dernière sur les plateaux du Velay, rendant encore difficile l’évaluation précise des rendements. Le rendement moyen des orges d’hiver s’élève à 67,3 q/ha au plan national, en baisse de 5,1 % par rapport à 2023.Pour Sabarot agriculture à Landos, Damien Anjarry constate « une grande hétérogénéité » avec des parcelles où tant le rendement que la qualité sont excellents, tandis que d’autres terrains ont souffert de l’envahissement de l’herbe. Le collecteur (Sabarot récolte d’Issoire au Bouchet-Saint-Nicolas) estime des rendements en orge inférieur à 50 q /ha.Arnaud Coffy, commercial chez Sabarot : « Des parcelles ont souffert d’un manque d’apport en fertilisants et autres passages phytosanitaires à cause de la pluie ». Avec des céréales sensibles à la verse, on aperçoit de véritables couloirs où les épis ont été couchés. C’est particulièrement vrai pour le triticale. « Généralement, les céréales perdent en qualité », confirme Mathias Déroulède, technicien à chambre d’agriculture. Et Damien Anjarry d’ajouter : « Le grain n’est pas nourri jusqu’à la fin du cycle, mais ce n’est pas rédhibitoire pour moissonner ».
« Le grain n’est pas nourri jusqu’à la fin du cycle, mais ce n’est pas rédhibitoire pour moissonner »
Selon Arvalis, l’institut technique agricole grandes cultures, le rendement national en blé tendre serait estimé à 64 q/ha, soit une baisse de 13 % par rapport à 2023 et de 11 % par rapport à la moyenne sur 10 ans, « due à des conditions climatiques singulières tout au long du cycle du blé. Les pluies sont venues fortement perturber les conditions de semis puis de croissance du blé. S’agissant de la qualité des grains, la teneur moyenne en protéines du blé tendre français atteindrait 11,6 % cette année, une valeur équivalente à 2023 et très proche de la moyenne décennale ».
Moissons 2024 Haute-LoireSur le plateau, autour de Loudes, Chaspuzac, il se moissonne des blés depuis peu. C’était en fin de semaine dernière pour les exploitants de Sanssac-l’Église, la famille Narce, qui ont eu plus de chance que leurs voisins, lesquels essayaient vainement depuis quinze jours de moissonner. Malheureusement leurs parcelles étaient encore trop humides pour espérer y faire rentrer la moissonneuse. La famille Narce possède aussi une terre plus argileuse encore « un peu juste ». Les exploitants espèrent en tout cas faire aussi bien en blé (ils en ont semé une quinzaine d’hectares cette année) qu’en orge, dont les rendements ont atteint les 70 q/ha.
Des céréales autoconsomméesDans cette ferme, les céréales sont en grande partie autoconsommées. Le surplus est vendu aux sociétés Trescate (Loudes) et Pélisse (Saint-Jean-de-Nay). « Le blé a souffert de la pluie » remarque Cyril Narce. Avec son père, il a choisi des variétés « à paille » pour les besoins des logettes paillées des vaches laitières. La variété de blé tendre Energo en particulier, choisie par les producteurs laitiers, est réputée pour son potentiel en poids spécifique et son taux de protéines. Elle est, dit-on, résistante à l’oïdium et à la rouille jaune. « En poids spécifique on est pas mal, mais on va manquer de protéines », estime le jeune agriculteur. Avec un poids spécifique supérieur à 83 kg/h (le résultat est exprimé en kilogrammes par hectolitre), la céréale n’aurait donc pas trop pâti des conditions climatiques.
En revanche, le taux de protéines ne serait pas cette année à la hauteur des espérances de la famille Narce, qui ne s’attendait pas de toute façon à retrouver un niveau aussi bon qu’en 2022 (supérieur à 18 %), l’année de la sécheresse.Le jeune agriculteur et son père scrutent aussi de près la croissance des maïs, de toute beauté, « qui prennent facilement 10 cm tous les jours ».
Philippe Suc
Moissons 2024 Haute-Loire
