JO Paris 2024 - À Châteauroux, l’argent n’a pas fait le bonheur des tireurs français

On a attendu, attendu et elle a bien failli ne jamais venir. Ce n’est qu’au huitième et antépénultième jour de compétition au Centre national de tir sportif (CNTS) de Châteauroux, que la pistolière Camille Jedrzejewski a soulagé le clan français. Elle décrochait alors la médaille d’argent sur le tir à 25 mètres.

Le public a vibré sur cette finale, dont le mode de compétition est propice à une certaine dramaturgie (à chaque série, le dernier tireur est éliminé). À égalité avec la Sud-Coréenne Jiin Yang à l’issue de la dernière salve, la différence s’est faite lors d’un shoot-off (tir de barrage). La Française a « craqué mentalement », selon son expression, mais cette médaille suffisait amplement à son bonheur et à celui de son entraîneur, Walter Lapeyre.

« Je suis super content pour elle, car il y a eu un travail énorme depuis plusieurs années, rappelait-il. On était venu pour la médaille et on y croyait. On a eu l’habitude de la voir en or sur les coupes du monde et différents championnats. Là, c’est l’argent face à une concurrente coréenne qui a battu le record du monde récemment. Donc c’est vraiment une belle médaille.  »

La Picarde qui participait à 22 ans à ses premiers Jeux avait préalablement connu une entame plus délicate sur le tir à 10 m et en mixte (éliminée lors des qualifications). Toutefois, elle était davantage attendue pour une médaille sur le pistolet de vitesse (25 m), en individuel. « Oui, j’ai eu une médaille olympique et j’ai gagné les Europe, mais cela n’a pas été magique tous les jours, résumait-elle. Avant de venir ici, j’étais fatiguée et pourtant tout s’est bien passé. »

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Toutefois, cela n’a pas été le cas de ses compatriotes, à l’instar du champion olympique en titre sur cette même distance, Jean Quiquampoix. Sa saison avait été compliquée. Sa qualification pour les Jeux avait été obtenue in extremis. Mais, qui sait ? « C’est l’homme des grands rendez-vous », rassurait le Directeur Technique National, Gilles Muller, avant le début de la compétition. En vain.

L’échec le plus retentissant fut celui de Clément Bessaguet, dans ce même concours. Le numéro un mondial qui, à 33 ans, avait pris le leadership devant Jean Quiquampoix, est resté bloqué aux portes de la finale, septième. Il avait pourtant réussi en qualification le même score que le sixième et dernier qualifié.« Plusieurs finales nous ont échappé au fil du rasoir, au nombre de “mouche” ou en barrage, déplorait le président de la fédération française, Michel Baczyk. Si la médaille de Camille Jedrzejewski était très satisfaisante et amplement méritée, globalement, le bilan est mitigé. Il y a une pointe de déception, car on prévoyait trois médailles. »

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Au final, il n’y en a eu qu’une sur les quarante-cinq qui ont été décernées à Châteauroux. Les tireurs français ne s’étant pas distingués à la carabine, en skeet ou en fosse. Comment expliquer cette disette alors qu’ils connaissaient parfaitement les infrastructures ? Est-ce que l’engouement (plutôt inhabituel) du public a été préjudiciable ?

Ils ont apprécié cette ambiance, assurait Michel Baczyk. Mais, derrière, il est possible que les attentes de la famille ou des amis ont pu générer un peu de pression au moment de tirer la dernière balle.

À présent, la Fédération française de tir compte sur ses athlètes paralympiques pour concrétiser ses ambitions de médailles (trois également). Pour cela, rendez-vous à Châteauroux du vendredi 30 août au jeudi 5 septembre.

En images

Après avoir décroché l’argent à Rio et l’or à Tokyo, Jean Quiquampoix était très attendu sur le pistolet de vitesse. Même si sa qualification pour Paris 2024 avait été obtenue dans la douleur, le camp français espérait que le champion saurait se transcender une fois encore. Classé 22e des qualifications, il n’a pas pu participer à la finale.

Elles se sont succédé sur le site. Depuis la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, en passant par Thomas Bach (photo FF Tir), président du Comité international olympique, jusqu’à Tony Estanguet, président de Paris 2024, le dernier jour.

D’un bout à l’autre de la compétition, les tireurs français ont été chaudement encouragés. Comme ici avec les supporters de Lucie Anastassiou, sur l’épreuve de skeet.

Avec dix médailles dont cinq en or, la Chine a survolé les épreuves de tir, notamment grâce au deux titres obtenus par le jeune carabinier Lihao Sheng, 19 ans (en photo au centre, sur l'épreuve mixte). La Corée du Sud figure au deuxième rang des nations avec 6 médailles (3 en or, 3 en argent). Avec le nouveau titre en skeet de Vincent Hancock, les États-Unis complètent le podium (5 médailles). La France se classe dixième avec sa seule médaille d’argent.

Philippe Roch