Le salarié d'une maison de vin de Bourgogne a été condamné, mardi 6 août à Dijon, à un an de prison avec sursis pour le vol de milliers de bouteilles de vin d'une valeur de plus de 600.000 euros, l'un des plus importants du genre.
"C'était plus machinal qu'autre chose", a expliqué à la barre le prévenu, âgé de 56 ans, qui devra également verser 10.000 euros d'amende. Agent de maintenance successivement dans plusieurs maisons de la prestigieuse région viticole de Beaune (Côte d'Or), le quinquagénaire a été démasqué par une caméra de surveillance qui l'a filmé en train de dérober quatre bouteilles en février 2024. La maison de l'homme, interpellé, avait alors été perquisitionnée. Les enquêteurs avaient découvert plusieurs caves, dont une chez sa mère, et des bouteilles par milliers accumulées sur une quinzaine d'années. Les valeurs, parfois des grands crus, pouvaient dépasser les 1.000 euros.
Au total, près de 1.300 bouteilles et près de 200 magnums de bourgognes ont été subtilisés de 2017 à 2024, pour une valeur totale de plus de 640.000 euros. "Je suis suivi médicalement. Il en ressort que je serai sous dépression et que ce serait un palliatif", a déclaré le quinquagénaire d'allure frêle.
"Cleptomanie"Affirmant n'avoir vendu "aucune" des bouteilles volées, le prévenu a affirmé n'avoir eu "aucune idée" du préjudice. "C'était pour avoir une belle cave. Pour faire joli", avait-il déjà assuré lors de son audition par les enquêteurs. Ses comptes bancaires ne font apparaître en effet aucun enrichissement, a reconnu le tribunal. Dénonçant un "voleur compulsif", le procureur adjoint, Pascal Labonne-Collin, a cependant souligné que le prévenu savait qu'il ne volait "pas de la piquette", requérant 18 mois avec sursis et 10.000 euros d'amende.
Maître Nathalie Lepert-De Courville a plaidé la "cleptomanie" de son client, reconnue par un psychiatre. "Sa femme dira qu'il a toujours peur de manquer : il accumule", a-t-elle ajouté. Mais "il n'a aucune notion de business", selon elle : "il achète du vin pour retrouver ses amis, et ne prend même pas celles dans sa cave".
Ce vol se classe parmi les plus importants du genre, à égalité avec le vol, en 2019 au domicile d'un courtier bordelais, d'une centaine de caisses de Petrus, Mouton-Rothschild, ainsi qu'un flacon de la très prestigieuse Romanée-Conti, un bourgogne qui se targue d'être le vin le plus cher au monde. Le préjudice avait été d'un demi-million d'euros. Suit le cambriolage, en 2007, d'un entrepôt de la banlieue bordelaise pour un montant estimé à 400.000 euros.
Avec AFP