Quelle énergie ! C’est la bonne surprise de cet été. J’ai testé pour vous le festival Comboros. Partant avec une image clichée du "bal trad’" comme d’un monde lorgnant sur le passé en réaction contre la modernité, j’ai été transporté dans un univers contemporain où le mélange des styles et des générations m’ont ouvert à quelque chose de nouveau, de frais, loin des idées reçues de départ.
Organisé depuis 2017, par l’association Les Brayauds, pour promouvoir et rajeunir les cultures trad’ d’Auvergne, il est devenu un incontournable de l’été en pays de Saint-Éloy.
Porté par Les Brayauds qui sont Centre départemental de musiques et de danses traditionnelles (CDMDT) depuis 1998, le festival Comboros s’inscrit dans une démarche de préservation et de transmission des cultures traditionnelles de la région. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est réussi !
La transmission au coeur du festivalEn discutant avec Raphaël Maurel, président des Brayauds, j’en apprends davantage sur cette association "d’éducation populaire" dont "chaque activité est imprégnée par cette éducation et cette transmission." La première question qui me vient, somme toute naïve, est "d’où vient Comboros ?"
Héritées de l’oralité, ces danses et musiques se transmettent et se transforment de génération en génération : "C’est pas du folklore, c’est du patrimoine populaire", insiste Raphaël Maurel, justement car, contrairement au folklore qui se conserve dans sa forme originelle, ici, la tradition se renouvelle sans cesse. Et ainsi est né Comboros pour perpétuer cet héritage.
L’évènement s’est imposé comme une véritable institution dans l’univers de la trad’ locale. Bien que je n’en ai, jusqu’alors, jamais eu écho, ce sont en moyenne 5.000 personnes qui assistent aux différents spectacles, ce qui est pour le moins énorme pour le village de 1.200 habitants. De plus, les festivaliers font la route de toute la France et même de l’Europe entière pour goûter aux bals de Saint-Gervais.
La fête a duré jusqu'à dimanche 4 août et a battu son plein.
"Dans tradition, il y a trahir et trahir le passé c’est une réinterprétation avec les références de chacun."
Tenues sur la place de la salle des fêtes de la commune, les festivités ont débuté ce vendredi 2 août. Concours de pétanque, l’après-midi, tournoi de baby-foot pour les jeunes et stand de nourriture. L’organisation a mis un point d’honneur à proposer des activités qui plaisent à tous, gratuitement, sur l’esplanade centrale. Les bals sont payants mais affichent complets. C’est là que j’ai pu m’initier aux danses en rondes. Étant timide, je n’ai pas osé entrer sur le dancefloor mais j’en ai pris plein les yeux.
J’étais même étonné de voir, sous certains chapiteaux, des chorégraphies à mi-chemin entre la bourrée et le rock’n’roll sur des musiques trad’ avec des sonorités rock, au rythme de la vielle à roue, de la cornemuse et de l’accordéon. Raphaël Maurel explique ses "influences rock" et leur mixage dans la réinterprétation de la musique traditionnelle.
Un événement inclusifConcernant le public, j’étais stupéfait de voir autant de jeunes de mon âge. Certains se sont découvert une passion pour les bals trad’. Ils m’ont raconté leur parcours : "J’avais peur d’avoir les oreilles qui souffrent, mais c’est hyper technique", me confie Enora, 25 ans, venue de l’Ariège pour accompagner ses amis.
Elle précise aussi que "le bal trad’ est devenu une mode car il casse les codes pour inclure les vieux, les jeunes, les queers…" Je tire, pour ma part, le même constat. C’est un festival moderne, inclusif pour toutes les générations et les orientations. Bien joué Comboros !
Pendant trois jours, c’est une véritable "mini société idéale", d’après Raphaël Maurel, qui reste ouverte sur le reste du village, avec des concerts chez l’habitant, toujours dans cette recherche d’inclusivité et de transmission. Pour Raphaël Maurel, l’essentiel est que "le peuple se les réapproprie."
Mission accomplie car j’ai adoré découvrir ces nouvelles sonorités entre passé et présent, et vous invite à tenter votre chance l’année prochaine ! Viva Comboros !
Mathias Bernouin