Il était une fois un couple d’architectes parisiens, Jean-Jacques et Émina Julien, devenu châtelains puis… vignerons. L’histoire n’en finit pas de s’écrire à Beaufort. Le château, qui surplombe Goudet, est en passe de réussir son pari : produire du vin dès l’année prochaine. C’est l’un des 19 châteaux qui ouvrent leurs portes aux visiteurs cet été.
Du haut de ses 850 mètres, le château de Beaufort qui domine le village de Goudet et la Loire fait figure de nid d’aigle. À ses pieds s’étendent 10.000 ceps de vigne fraîchement plantés, que l’on doit à l’audace de ses propriétaires, Jean-Jacques et Émina Julien.
« Durant plusieurs siècles, les seigneurs de Goudet et de Beaufort ont rendu hommage aux évêques du Puy en leur allouant la jouissance du château, d’un moulin et de vignes… Je fus immédiatement interpellé par cette présence de vignes à Beaufort », se souvient Jean-Jacques Julien.
C’est en consultant un ouvrage que lui avait soufflé l’archiviste Martin de Framond qu’il en a pris connaissance. Il y a trois ans, le couple a donc décidé de planter 1.500 pieds ; la moitié a malheureusement été perdue au printemps 2023. À ce jour, pas moins de 10.000 pieds ceinturent le château : 5.000 seront plantés en novembre.
À l'assaut de ces 19 châteaux de Haute-Loire ouverts à la visite cet été
« Un pari extraordinaire », reconnaît volontiers le châtelain, auquel le caviste ponot, Vincent Legrand, n’est pas étranger. L’altitude aurait pu être un frein au projet, si elle n’était devenue un atout ces derniers mois : on se souvient des gels tardifs qui ont détruit nombre de vignes en Haute-Loire au printemps. Toutefois, si les vignes de Beaufort ont échappé au gel, la coulure ne les a pas épargnées : la floraison s’est mal passée, la récolte sera moindre qu’espérée. L’audace des maîtres du lieu a été jusqu’à n’imposer aucun traitement à la vigne !
« On s’engage et après, on voit ! »
« Aujourd’hui, un propriétaire de château entre dans une nouvelle démarche : il ne s’agit pas seulement de s’ouvrir au public, mais d’apporter une valeur ajoutée en donnant une légitimité locale », observe Jean-Jacques Julien.
Les premières bouteilles de vin blanc devraient voir le jour l’an prochain, ce qui fera de Beaufort le seul château à produire du vin issu d’un unique cépage en Haute-Loire.
Cette vocation viticole, qui fait écho au passé, n’est que l’une des nombreuses curiosités qui font le charme du site et ravissent les visiteurs cet été. Il reste encore beaucoup à découvrir sous la conduite des propriétaires qui aiment à partager leur passion pour le patrimoine.
Les premières bouteilles de vin blanc sortiront l'an prochain.Beaufort est l’un des 19 châteaux à découvrir cette année via l’opération « Passeport des demeures historiques », conduite par l’association La Demeure historique qui réunit les propriétaires gestionnaires de monuments et jardins historiques privés, en partenariat avec le Département et la Région. Avec quelque 25.000 visiteurs chaque année, ce « Passeport des demeures historiques » rencontre un véritable succès depuis cinq ans.
Un succès que l’on doit à la dimension sociale, culturelle et économique de ce patrimoine privé et bien sûr, familiale, comme l’explique Gilles Bayon de la Tour, vice-président délégué et propriétaire de l’abbaye de Doue, à Saint-Germain-Laprade.
D’autant que plusieurs animations culturelles devraient drainer les visiteurs : le château de Saint-Romain accueillera une exposition de voitures anciennes et un marché du terroir, Vaux un concert décentralisé du festival de La Chaise-Dieu le 28 août et Valprivas une exposition de peintures de Jean Bertholle du 20 août au 20 septembre…
Nathalie Courtial
chateau beaufort
