Passionné par les fleurs depuis toujours, Eric Kapala s’est lancé il y a 2 ans dans la création d’une ferme horticole à Val d'Arcomie. L’agriculteur cultive toutes sortes de plantes aromatiques et médicinales, dont la lavande, sur ses terrains qui surplombent le lac de Garabit
Contrairement à la plupart des gens, c’est dans son bureau qu’Eric Kapala aime passer ses journées. Loin de lui l’idée d’être enfermé entre quatre murs, c’est un banc, ainsi qu’une petite table en bois, à l’ombre des pins sylvestre, qui surplombe le lac du barrage : « pile là où se rejoignent l’Aubrac et la Margeride » qu’il nomme ainsi. C’est ce lieu, pittoresque, qui est à l’origine de tout, et pour commencer, du nom de sa ferme florale bio, « Margeaubrac ». L’homme est originaire de la Creuse, mais il y a 32 ans, quand il rencontre sa femme et l’épouse par la suite, il tombe aussi sous le charme de la région
J’ai épousé la région. Nous vivions la semaine à Aigueperse, et le week-end, ici, à Auriac
Dans le Puy-de-Dôme, l'homme était négociant en plante, il avait sa propre production et achetait des fleurs à travers l’Europe entière. Pour l'agriculteur, chaque pays est associé à la flore : « Les citronniers de Sicile, les oliviers de Toscane, des plantes du Danemark » énumère-t-il. Un travail « passionnant » mais épuisant. Les journées sont interminables « parfois plus de 15 heures » se souvient Eric Kapala, qui décide, il y a 6 ans, de céder son entreprise : « J’étais tellement épuisé, mon seul projet était de me reposer ». Pendant les quatres années suivantes, l’ancien homme d’affaires observe la nature, et surtout, constate sa souffrance.
S’adapterAprès des années à travailler dans une industrie peu respectueuse de l’environnement, Eric Kapala réalise qu’il existe des alternatives plus durables. Sans pointer du doigt les agriculteurs qui restent dans les filières plus traditionnelles, il invite à explorer de nouvelles voies. C’est ce qu’il entreprend avec son projet novateur ; introduire des plantes de l’arrière-pays méditerranéen en Cantal. « Ce type de plantation nécessite peu d’eau, c’est l’idéal avec le réchauffement de la planète », explique-t-il. Car, selon l'horticulteur
Ce n’est pas à la nature de s’adapter, mais à l’Homme de faire des changements
En effet, le Cantal n’échappe pas aux conséquences du dérèglement climatique, les températures grimpent, se rapprochant toujours un peu plus d’un climat provençal. Eric Kapala aime alors à parler de « Provence volcanique », un propos appuyé par le chant des quelques cigales, perchées sur la cime des pins. Une fois le terrain trouvé, au cours d’une balade le long du lac, Eric Kapala se dirige alors vers l’incubateur de Landestini, afin d’y présenter son projet. Séduit, l’organisme d’aide et d’accompagnement à la création d’entreprise accompagne l’horticulteur dans cette aventure, presque inédite en Cantal. Un an après leur plantation, les 5 hectares de lavandes sont en fleurs. Et si les abeilles jouissent de ses plantations à présent, elles ne sont pas les seules. Des laboratoires démarchent régulièrement l’auto-entrepreneur, pour ses plantes médicinales et aromatiques bio. À terme, le fermier floral souhaite développer l’agro-tourisme, autour de sa ferme : « J’aimerais faire visiter mes champs aux gens, leur faire découvrir de nouvelle saveur, et surtout les sensibiliser aux défis à venir ».
Les cultures d'Erice Kapala sont entièrement bio, afin de ne pas polluer les sols, et les eaux du lac de Garabit.
SensibiliserLa sensibilisation c’est ce qui anime aussi une bonne partie de la semaine de l’agriculteur. Chaque samedi, en période estivale, l’homme chaperonne des ateliers autour de l’écologie et de la plantation, devant une dizaine d’enfants du village. Avec toutes ses sensibilisations, l’horticulteur espère susciter l’étincelle chez quelqu’un d’autre aussi, pour qu’à son échelle, il change, un peu, le monde.Et comme si l’idée d’introduire des lavandes en Cantal n’était pas assez originale, Eric Kapala nourrit un projet encore plus audacieux ; faire jouer un orchestre sur le plateau où se situent ses champs, avec pour seul arrière-plan, l'étendue d’eau vert émeraude, du lac de Garabit.
Anthony Valour
