Scier, transporter, transbahuter, mijoter, laver, brancher, ériger, déplacer… Le bourg de Souvigny change petit à petit d’allure pour accueillir la 29e édition de la foire médiévale, qui commence demain après-midi et qui compte accueillir 40.000 visiteurs en neuf jours, jusqu’au 11 août au soir.Les trente remorques de l’association Souvigny Grand site sont garées à leur place ou ont été déchargées : les stands, le lavage, le stockage, l’accueil, les toilettes-douche, la « bricoletta »… À la manœuvre, des « médiévoles », qui seront jusqu’à 150 au plus fort de la foire.
« On est une famille »Photo Corentin GaraultÀ Souvigny, on ne dit pas « bénévole », car « on est une famille. Les médiévoles de Souvigny ! » On retrouve ici les copains, les copines, on vient avec sa sœur, sa cousine, son frère, on y découvre des gens qu’on n’aurait jamais croisés dans un joli mélange, on y trouve son âme sœur, on y défile même depuis « quatre générations ». On est d’ici, de Souvigny, Moulins, Saint-Pourçain-sur-Sioule, Clermont-Ferrand, mais aussi de la Creuse, de Bordeaux, Paris, Lyon, Montpellier…« Ça fonctionne surtout au bouche-à-oreille, en local, mais aussi parmi les bénévoles d’autres foires », confie Jean-Pierre Laronde, président de Souvigny Grand site. « On a un groupe privé Facebook dédié. On a également des fans de l’univers médiéval qui apprécient l’esprit de la foire. On n’est pas une fête historique de reconstitution. On évoque le Moyen Âge et on fait la fête. Un historien ne va pas y trouver son compte, mais les familles, oui, entre les spectacles, les campements, les jeux, et pour les adultes, l’hypocras. »
Hypocras et chaudronLa boisson, à base de vin rouge ou blanc et infusée d’épices, est un incontournable. Pour le public plus que les médiévoles… qui sont tenus d’assurer un ensemble de tâches. Car tous et toutes sont « polyvalents » : débarrasser un camion frigorifique, balayer les feuilles mortes, cuisiner, installer l’électricité… Les secteurs ne manquent pas : grillades, chaudron, le bureau de change des sous, l’accueil, la soupe des gueux (« qui n’est pas dégueu »), les tartes au four à bois, les locations de costumes, les banquets, etc. Et « ça tourne » pour ne pas lasser. Extinction des feux à 1 h 30, réattaque assez tôt le matin, notamment pour le noyau dur du bureau, qui travaille sur la manifestation toute l’année.Dans ces journées intenses, il s’agit de trouver des moments « pour faire des siestes ». Un des jeux des médiévoles est d’immortaliser les camarades dans des lieux et postures de dodos improbables. Tellement crevés qu’ils s’endorment n’importe où.
Leur première foire en poussetteCertains ont participé à leur première foire, « à 7 jours », avant de s’investir pendant une semaine, deux, voire trois, du montage au démontage quand ils ont été assez grands. En campant dans le champ des médiévoles, chez la famille ou chez l’habitant.Au QG des bénévoles, c'est l'heure du rata ! Photos Corentin Garault
En période de montage, en mangeant à la cantine de Jo et Sonia (mention spéciale pour son clafoutis), dans une salle de l’ancienne verrerie du village, sorte de QG pour les premiers arrivés.
Baptiste, de Lapalisse et son grand frère, Adrien, se disaient, « depuis des années », qu’ils participeraient de l’intérieur et ont franchi le pas cette année : « J’ai posé mes vacances pour me rendre disponible quinze jours. J’ai un diplôme en cuisine qui peut aider mais j’irai là où il y a besoin. Jeudi, on a mis en place le banquet de samedi, monté les palissades pour les grillades, construit la taverne… »Baptiste, benevole nouveau venu de Lapaliss. Photo Corentin Garault
Chacun est briefé sur la sécurité : « Incendies, vigilance attentats et violences sexistes et sexuelles ».
Bénévole et mineur, c'est possible !Sur les 150 mobilisés, une vingtaine n’a pas 18 ans. Ils viennent avec leurs parents, ou seuls à condition d’avoir convaincu un tuteur bienveillant du cru, explique Jean-Pierre Laronde. Et d’ailleurs, « il est toujours possible de s’inscrire, jusqu’au dernier jour de démontage. C’est simple, via le site souvigny.com, “devenir bénévole”. On a toujours besoin de bras, pour tout. La cuisine, le service, des compétences manuelle ou tout simplement l’envie de participer à cette folie. Ce qu’il faut avant tout, c’est surtout de la bonne volonté ».
Cette année, l’association Sagess de Moulins a sollicité la foire pour s’y glisser en mode « chantier éducatif. On amène, pour aider au montage, cinq jeunes entre 16 et 22 ans tous les matins à partir de Moulins », indique l’une des deux éducatrices spécialisées qui encadre le projet. « C’est la première fois et on espère que ce sera renouvelé. »Ho, hisse ! Photo Corentin Garault
La foire peut aussi compter sur les jeunes étrangers d’un chantier international, via l’association le Créneau de Montcombroux-les-Mines, partenaire de la manifestation « depuis la troisième édition » : « Cette année, nous avons des gens du Mexique, d’Arménie, de Turquie, d’Italie… »
Souvigny Grand site n’est pas toute seule à assurer les jours J : le club de football de Souvigny les Chats noirs monte sa propre taverne, bénéficiant d’une quarantaine de bénévoles, ainsi que l’association les Chemins d’Issards qui œuvre lors de la balade costumée du mardi.
souvigny.com, onglet réservations.
Mathilde Duchatelle et Stéphanie Mena