« Il y a toutes les Nations du monde dans le métro, je suis déjà tombé amoureux quarante fois au moins. » Fermement accroché à une barre dans la ligne 5 du métro parisien, direction Porte de Pantin et son Club France, le garçon a les yeux qui brillent. On ne sait pas trop si c’est la fatigue d’une courte nuit après la victoire de la France à Sept la veille, ou l’intensité de ces JO qui ne font pourtant que commencer.
Avant les arènes sportives, avant la clameur de la foule et les exploits quotidiens, il y a un passage quasi obligé comme le contrôle anti-dopage : le métro. Même Yannick Noah a poussé la chansonnette dans une rame de la ligne 8, en rentrant de la cérémonie d’ouverture. On a aussi croisé Jean Castex, le patron de la RATP, sur le chemin du Stade de France. Le monde entier logé à la même enseigne.
« Il y a un volontaire tous les cinq mètres »Brésiliens, Japonais, Allemands, Bretons (ah non, pardon), Croates… se croisent dans les méandres du réseau. Et pour s’y perdre, il faut vraiment y mettre de la mauvaise volonté. « Il y a un volontaire tous les cinq mètres », exagère un peu Alexander, un Berlinois de 56 ans. Plus embêté de ne pas avoir pu boire une mousse au pied de la Tour Eiffel devant le beach-volley (il n’y a pas d’alcool sur les sites de compétition) que par le fonctionnement des transports parisiens pendant ces Jeux.
« Pour le travail, c’est par là. Pour les JO, c’est par ici. »« Il y a même des volontaires qui s’ennuient », plaisante, Claudia, une Majorquaise de 25 ans qui reprend le métro aux Invalides après avoir assisté à des épreuves de tir à l’arc. Cet aiguilleur de la RATP tout de violet vêtu ne s’ennuie pas à la station Porte de Vanves, celle permettant l’accès à l’Arena Sud. « Pour le travail, c’est par là. Pour les JO, c’est par ici. » Un doigt géant pointé vers les différentes directions. Pas très efficace, mais cocasse.
Pour Cassio et Lara, deux Brésiliens croisés à la station Invalides, c’est tout droit « direction JO » pendant deux semaines. Maillot du Brésil sur le dos pour lui, chemisette vert et jaune pour elle, on ne peut pas les rater. « On s’est rencontré il y a deux jours à Paris sur un match de volley. » Oh la belle histoire ! Ils cheminent ensemble depuis. Et en toute sécurité. « Il y a du monde à certains moments dans les transports, mais il y a aussi beaucoup de policiers. On se sent en sécurité et c’est très important pour moi », note Cassio. En effet, les forces de l’ordre sont partout. Pour rappel, 50.000 policiers et gendarmes sont mobilisés.
Tour de babelSa nouvelle amie était à Rio, pour les Jeux de 2016. « L’énergie est différente ici. Ce n’est pas aussi drôle qu’au Brésil, mais les Français ont le sourire et sont plus enclins à parler anglais que d’habitude », lance Lara. La Mayorquaise qui vient régulièrement à Paris estime même que « c’est plus propre et qu’il y a moins de personnes qui font la manche ».
On croise toutefois des marginaux dans les wagons demandant quelques pièces, une cigarette ou quelque chose à manger. Un groupe de Croates grimés de la tête aux pieds discutent avec des Japonais. Comment se comprennent-ils ? On ne sait pas trop, mais ils profitent d’un air d’accordéon dans un wagon.
Les spectateurs étrangers sont-ils plus généreux ? « Pas du tout », répond sèchement le musicien qui vient de refermer son piano à bretelles et qui passe dans le wagon en tendant un gobelet. « Personne n’a de monnaie de nos jours. » Lui, ne profitera pas vraiment de cette tour de Babel olympique souterraine.
Emilie Auffret