Il est à peine un peu plus de midi en ce dimanche ensoleillé lorsqu’Antoine Dupont et son coéquipier quittent la zone d’interview du Club France. Les deux médaillés d’or ont les traits particulièrement tirés, stigmates d’une nuit de folie. Les « septistes » ont célébré ici même le premier titre pour la délégation française. Il règne comme des airs de salle polyvalente un lendemain de fête patronale, sans le sol qui colle quand même. Les prix pratiqués pouvant refroidir les ardeurs des plus sérieux noceurs (11,50 euros la pinte avec la consigne). Au Club France, c’est bien l’ivresse de la victoire qui fait basculer tout le monde dans l’euphorie.
Antoine Dupont Rugby à Sept au lendemain du titre olympique (Photo Emilie Auffret)
5.000 supporters déchaînés à la moindre médailleQuelques heures auparavant, les rugbymen dansaient sur le « snake pit » (avancée sur la scène) installé sous la grande Halle de la Villette. Antoine Dupont se jetait lui dans le public pour un « slam » endiablé au milieu de 5.000 personnes. Non, nous ne sommes pas au Hellfest mais bel et bien au Club France, l’endroit où tous les champions français sont célébrés. Et la première nuit olympique avec les champions du rugby à 7 fut particulièrement mémorable. Marie Martinod, ancienne championne de ski acrobatique, officie comme chauffeuse de salle. Elle fut aux premières loges de ce moment de communion intense entre des sportifs et leurs supporters. « Ce moment de rencontre fut juste dingue. Être ensemble c’est une chose, mais se retrouver dans un tel moment collectif c’est extraordinaire. Quand j’ai lancé le clapping, voir tous ces gens faire la même chose en même temps… J’en ai encore des frissons. Il faudra que je garde ça longtemps car cela n’arrive pas tous les matins. »
Tous les soirs c’est en revanche une certitude. Car au Club France qui dit médaille, dit célébration automatique. Et bien sûr tout le monde s’était donné rendez-vous pour vivre ensemble la première finale de l’idole nationale Léon Marchand. Carole et Yves-Laurent sont montés de Toulouse exprès pour vivre ce moment unique. Et pour cause, ces deux amateurs de sport ont vu Léon Marchand tout petit évoluer dans les bassins. Leur fils nageant dans le même club que le phénomène.« Léon Marchand, on l’a chronométré quand il était encore tout jeune. C’est moi qui prenais ses temps. C’est complètement dingue de se retrouver ici », s’enthousiasme Carole.Yves-Laurent et Carole sont venus de Toulouse pour voir la finale de Léon Marchand (photo Arnaud Clergue)« Ce n’était pas possible de regarder cette finale ailleurs qu’ici, lui répond Yves-Laurent. C’est quand même mieux de communier avec tous ces supporters que de rester dans notre coin. » Une première clameur se fait entendre au départ de ce 4x100 m quatre nages déjà mythique. Au fur et à mesure que Léon Marchand prend de l’avance, les cris de joie se font de plus en plus bruyants. Jusqu’à cette inévitable explosion après le dernier virage. Une véritable fournaise contrastant avec les abords de la Halle qui ont perdu de leur superbe aux rythmes des finales olympiques de la « Night session ». Nos deux Toulousains ne pouvaient pas rêver meilleure atmosphère pour célébrer leur petit protégé
« Tu as vu ? C’est un vrai night-club »Dans un couloir menant au centre de presse David Lappartient, le président du Comité national olympique et sportif français, se félicite du succès de ce Club France. Avant de répondre aux télévisions étrangères, il interpelle une connaissance. « Tu es allé à l’intérieur ? Tu n’as pas vu ? C’est un véritable night-club cette halle ! »
Le patron du sport français n’a pas tort. Dimanche soir encore, les supporters ont veillé jusqu’à 2 heures pour applaudir les champions qui les ont tant fait rêver quelques heures plus tôt. Et impossible de ne pas être pris par cette vague d’amour et de chaleur humaine.Même la timide et discrète Pauline Ferrand-Prévot s’est prêtée au jeu en tapant dans chacune des mains tendues vers elle. La championne olympique de VTT a même pris une petite fille dans ses bras pour une photo souvenir qu’elle n’est pas près d’oublier.Ce matin, le Club France, cœur battant de ces Jeux olympiques, a retrouvé un rythme plus normal. Les pulsations seront bien plus fréquentes ce soir. Attention, il faudra tenir pendant quinze jours !
A Paris, Arnaud Clergue