Sainte-Fortunade. Marthe Prédinas a soufflé sa centième bougie. Expulsées de Lorraine en novembre 1940 alors qu’elle avait 15 ans, Marthe et sa famille se réfugient en Corrèze. Marthe perd sa mère, choquée par ce déracinement 1 mois après leur arrivée. Elle passe 5 ans de guerre à Sainte-Fortunade, allant de petits boulots en petits boulots comme employée chez le comte Letourneur Dison, lui-même victime de la guerre.
Elle rencontre Albert, dit « Berthou », dans un bal clandestin. Travaillant à la Manu, il échappe à la pendaison du 9 juin 1944. Marthe doit regagner la Moselle et son village natal, La Maxe, le 9 mai 1945 au matin. La guerre est finie et Marthe retrouve les maisons endommagées, l’absence de bétail et ne pense qu’à revenir en Corrèze retrouver son « Berthou ».
Après 18 mois de correspondance, elle l’épouse en 1947 à La Maxe pour ses derniers moments en Lorraine.
Harmonie familialeLa ferme du Puy la Place les attend, ainsi que ses beaux-parents. Tout manque, sauf le travail. Les bêtes, les champs et quatre enfants l’occuperont à plein temps, toujours à aider les uns et les autres. Cette harmonie familiale est marquée par un drame. Daniel, l’aîné des fils, se tue dans un accident de camion à 21 ans. « Berthou » ne s’en remettra jamais, il est emporté à son tour par une tumeur à 63 ans.
Marthe encore et toujours relève la tête et maintient sa famille contre vents et marées. À 100 ans, toujours un brin de malice dans les yeux et un large sourire, elle a fêté son anniversaire dans sa maison du Puy la Place qu’elle chérit, entourée de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants.