Colette, Mes forêts, Gargantua… Début juillet, tous les élèves de première ont dû s’attaquer aux grands classiques de la littérature au cours d’une épreuve redoutée de tous… Le baccalauréat de français. Et l’un d’entre eux s’est particulièrement illustré. Mikaël Dipp, inscrit en première générale au lycée Saint-Julien de Brioude a brillé, tant à l’oral qu’à l’écrit, puisqu’il a décroché un double 20/20. Performance impressionnante. Voici comment il y est parvenu.
Des barrières à surmonterLe chemin parcouru par Mikaël, pour arriver à ces excellents résultats, a été semé d’embûches. Autiste Asperger, il le dit lui-même : « Le français ce n’était pas ma matière. Avec mon handicap, la lecture était quelque chose d’assez ardu. L’écriture aussi, je rédigeais lentement. D’ailleurs, au brevet, je n’avais eu que 45 sur 100 », raconte-t-il.
Mikaël Dipp, 17 ans et scolarisé au lycée Saint-Julien de Brioude vient d’obtenir 20 sur 20 à ses épreuves de français.Au-delà de cette première difficulté, le jeune homme a aussi été freiné par sa réinsertion dans un lycée. Grand voyageur, ayant vécu tour à tour au Canada, au Maroc et au Sénégal, il a dû, lors de son année de seconde, suivre des cours par correspondance. Revenir dans une salle de classe a eu un effet déstabilisant pendant un temps car « le rythme n’était pas le même ».
« La lecture m’a sauvé : en français, il faut avoir envie de lire »
Ce qui, de prime abord, paraissait un objectif impossible à atteindre s’est transformé en un défi à relever. Pour Mikaël, une ligne de conduite claire qui se résume en une phrase qu’il garde toujours en tête : « Le vrai combat n’est pas la victoire, c’est se relever après un échec ». Adage qui lui est venu au cours de sa préparation, justement.
« Au début, après mon premier commentaire de texte, j’ai eu 10 sur 20. J’avais déjà progressé donc l’étape d’après c’était d’aller encore plus loin ». Et pour cela, pas de secret, le lycéen a suivi une méthode de travail très stricte. « J’ai pris connaissance, sur Internet, d’une méthode de travail nommée méthode Pomodoro, que j’ai choisi de respecter » explique-t-il. Celle-ci consiste en des cycles de vingt-cinq minutes de travail attentif et concentré ponctué de cinq minutes de pause sans distraction aucune (tablette, téléphone portable etc). Il a appliqué ce programme de révisions chaque week-end et durant chaque période de vacances, réservant ses semaines au bon apprentissage de ses cours de spécialités, tout cela dans le but de conserver des moyennes excellentes pour son contrôle continu.
Bien que très utile, la méthode Pomodoro n’est pas, selon Mikaël, la chose la plus essentielle à pratiquer pour exceller dans cette matière. Pour lui, la clé de tout est… la lecture ! Sur son temps libre, il passe de Rhinocéros à Caligula, s’arrête sur un poème d’Arthur Rimbaud… Pour progresser, la première étape est de comprendre. « La lecture m’a sauvé. »
Et au-delà de cette méthode de travail, le succès de Mikaël est aussi le résultat d’une stratégie claire. Tout d’abord, faire toujours mieux. Pour l’écrit, il procède de façon très simple. Après chaque devoir, il emprunte les copies de ses camarades pour en relever toutes les erreurs et éléments intéressants, ce qui lui permet ensuite de former la copie parfaite.Pour l’oral en revanche, le travail d’équipe a été nécessaire.
« C’est important de s’entourer de personnes studieuses et de confiance »
Dans son cas, cette personne est l’une de ses amies, elle aussi douée en français, qui l’aide, durant chaque heure d’étude, à travailler ses textes.Enfin, pour valider cette épreuve, le jeune garçon a eu un parti pris très net : rendre ses moments de loisir productifs et utiles. Ses réseaux sociaux se retrouvent alors inondés de contenus de préparation, à l’instar de la chaîne Commentaire composé qu’il recommande chaudement. « Avec ces vidéos, j’ai pu varier mon vocabulaire et me démarquer tout en mettant en valeur le fond de ma copie. J’ai par exemple commencé à employer des locutions latines telles qu’ita que ».
Et maintenant ?L’objectif de Mikaël désormais est bien évidemment de décrocher la mention Très Bien au baccalauréat. Mais pas avec n’importe quels résultats ! « Si j’ai plus de 18, j’aurai droit à un deuxième article ? » lance-t-il d’un ton taquin.
Ce premier exploit place la barre haut pour la suite du cursus scolaire du jeune homme qui ne cache pas ses ambitions pour la suite. Celui qui, au départ, était un pur scientifique se retrouve aujourd’hui partagé entre Sciences Po et la faculté de droit. Il ne sait pas, pour l’instant, dans quelle voie s’engager, bien qu’il ait une légère préférence : « J’ai le sentiment que le droit me correspondrait car je suis un élève studieux et rigoureux. Je sais que si je me mets au travail, peu importe la tâche qu’on me donne, je la réussirai. »
En prévision de cette poursuite d’études, Mikaël place déjà ses pions. Il s’est inscrit en option droit et grands enjeux du monde contemporain « pour apprendre la méthode du raisonnement juridique ». Il a aussi bien l’intention de participer, l’année prochaine, au concours d’éloquence, et si possible de le remporter : une belle ligne de plus sur son CV et un profil à suivre de près.
Marie Vincent
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