Originaire de toute la France, un collectif d'une trentaine de personnes (Eldocrado), baignant dans le 7ème art, s'était donné pour mission de rallier Moulins à la Charité-sur-Loire en naviguant sur des radeaux faits maison. L'objectif pour eux ? Se retrouver, "vivre en collectif et autogestion, retrouver des espaces et d'en créer." Problème, la fin du voyage ne s'est pas passée comme prévu.
Débuté mi-juillet à Moulins, le trajet s'est tout d'abord déroulé sans encombre. Un rendez-vous culturel attendait les amis à Mars-sur-Allier. "Nous avons projeté un film auprès des habitants. Il a été réalisé par des participants de notre excursion."
Charles et Zacharie, deux amis ayant pris part à l'aventure, reviennent sur cette épopée. "Certains avaient déjà fait ça il y a deux ans vers Angers, on avait appelé ça le 'radio radeau'. Sur un grand radeau, on naviguait en rencontrant du monde", confie Charles.
Des radeaux créés de leurs mainsIci, le concept est semblable. Les amis ont vogué, mais cette fois-ci sur cinq radeaux, créés de leurs mains avec des objets de récupération glanés ici et là. Les embarcations, faits de bambous, de palettes et de bidons, une fois mis à l'épreuve lors d'essais, ont pris le "large".
"On naviguait la journée, puis le soir, on bivouaquait ensemble. On a vécu autour de l'Allier et de la Loire pendant une dizaine de jours", rapporte Zacharie. Tout au long de leur périple, certains en ont profité pour tourner des images en vue du festival Eine Kan en Bretagne. Au total, trois véhicules de logistique les suivaient pour assurer leur sécurité.
Pourtant, arrivés à La Charité-sur-Loire samedi 20 juillet, les trois véhicules n'ont pas été d'un grand secours pour la trentaine de personnes. En effet, après avoir installé leur campement pour passer leur dernière soirée tous ensemble, le groupe a été confronté aux violents orages du week-end.
"Nous sommes arrivés là-bas vers 17 h. Il faisait super beau. On avait prévu d'aller à la Goguette pour faire la fête, on savait qu'il allait pleuvoir, mais on était loin de s'attendre à un tel orage", se remémore Charles.
D'un coup, la bâche qui servait d'abri aux jeunes aventuriers a été arrachée. "Le vent s'est levé. Des arbres perdaient leurs branches. L'une d'entre elles est tombée sur une tente. Qui était heureusement vide," poursuit Zacharie.
Les tentes sont rapidement inondées, certaines s'envolent, d'autres sont déchirées par la violence des éléments qui s'abattent sur eux.
Pendant de longues minutes, les navigateurs subissent l'orage sur une plage de La Charité. Comprenant qu'ils ne pouvaient pas rester ici, ils se mettent en quête d'une auberge. Celle qu'ils trouvent les renvoie vers la municipalité.
Caroline Deveaux, élue d'astreinte lors du week-end du 20 juillet, a alors vent de la situation des visiteurs. "Ils prenaient des branches sur la tête. On ne pouvait pas les laisser comme ça. Il était de notre devoir de les héberger", explique l'élue.
En guise de solution, les jeunes ont probablement gagné au change. Ils ont été hébergés en urgence au Château Saint-Maurice à la Charité. "Ils ont pu prendre une douche et dormir au sec", raconte Caroline Deveaux.
En contrepartie, les jeunes qui n'avaient plus besoin de leurs radeaux les ont démontés et ont donné les matériaux à des associations locales. Lors de la nuit, Charles s'est dit "bien content d'être au sec quand l'orage est revenu vers 3 h du matin." Effectivement, sa tente "s'était transformée en baignoire".
Simon Dubos
