"Quand je suis arrivé à la gare, j'étais avec mon fils de 5 ans, ils annonçaient déjà un retard de 80 minutes." Stephie, 35 ans, a connu une journée de galère dimanche 21 juillet. Partie en début d'après-midi de Paris-Bercy, son Intercités (5963) n'a pu regagner Clermont-Ferrand qu'aux alentours de minuit. Avec un arrêt forcé, au milieu de rien, dans le Cher.
"On nous a annoncé qu'il y avait une panne, et qu'ils ne savaient pas quand on repartirait", nous confiait par téléphone ce lundi matin, cette salariée de Michelin. Pour elle et son fils, comme pour l'ensemble des voyageurs, c'est le début d'un long voyage au bout de l'ennui. Le train est immobilisé à Saint-Germain-du-Puy aux alentours de 16 heures.
Elle raconte : "Le chef de bord est arrivé pour ouvrir toutes les fenêtres, car nous n'avions plus de clim'. Il a fait très rapidement chaud dans les wagons qui étaient blindés pour certains. Les gens étaient en train de cuire (sic.)."
Des toilettes "pleines et "dégueulasses"Sauf qu'à l'extérieur, la chaleur est bien présente, sans un brin de vent. Une action veine donc qui pousse les agents à ouvrir les portes. Ils ont ensuite permis aux voyageurs de descendre sur les voies, "dans les herbes hautes", précise Stephie. "La SNCF a rapidement distribué de l'eau. Ce qui est drôle, c'est qu'ils en avaient déjà en stock dans le train, comme s'ils avaient anticipé."
"Les toilettes ne se vidaient pas, elles étaient pleines, c'était dégueulasse... mon fils a fait pipi dans une bouteille, des gens sont allés faire pipi dehors..."
Malgré tout ça, elle retient de ces heures passées dehors en plein cagnard la "solidarité des gens" entre eux, mais aussi un "personnel SNCF hyper-sympa, ils ont pris les choses en main direct, on voyait qu'ils avaient l'habitude."
Son train est reparti après 21h, elle est arrivée après minuit en gare de Clermont-Ferrand." Ils nous ont évoqué une compensation à 200 %, j'ai aussi pris une fiche au taxi pour être remboursée."
Une galère de train peut en cacher une autreEt comme dans un jeu machiavélique de dominos, la galère s'est poursuivie avec le train suivant n°5971 parti de Paris à 16 heures. Lui, était censé arriver à 19 h 30. Claire a foulé le quai de la gare de Clermont-Ferrand à 1 heure du matin.
Tout semblait bien parti pour les passagers de ce train. "On nous a prévenus que l'on ne passerait pas par Nevers, car un arbre était tombé sur la voie. On devait donc gagner 10 minutes." Une euphorie qui a été de courte durée puisque quelques minutes après le départ le train s'est arrêté. Le premier stop d'une incroyable série. "Je n'arrive même pas à comptabiliser les incidents, tellement ils ont été nombreux", soupire Claire, 25 ans.
Ce qu'elle n'est pas près d'oublier en revanche, c'est cet arrêt de 17 heures à 22 heures en gare des Aubrais, à seulement une heure de Paris. "On n'a pas eu d'info tout de suite, mais quand on a vu les boîtes repas arriver après 1 h 30 d'attente, j'ai prévenu ma famille et mes amis pour leur dire que c'est bon, j'allais dormir dans le train !"
Dans une ambiance quasi-fataliste, la Clermontoise d'adoption a donc pris son mal en patience en tentant de voir le positif.
"On s'est dit que notre situation était moins pire que celle du train précédent, car nous on était arrêté en gare avec de l'électricité... J'ai écouté de la musique, manger mon taboulé SNCF et je me suis occupée comme je pouvais."
Et à 22 heures, quand la locomotive s'est ébranlée, en signe d'un nouveau départ, les passagers ont pu souffler, en croisant fort les doigts. La fin de ce périple est intervenue à 1 heure et là encore Claire a dû s'adapter. "Comme tous les taxis ont été pris d'assaut, j'ai marché pendant 25 minutes dans le noir. Je n'étais pas rassurée..."
"On attend notre tour"Et au lendemain de cet après-midi à oublier très vite, la voyageuse regrette de n'avoir reçu aucune notification de remboursement de la SNCF. "Ça va être encore à nous de faire les démarches... Ce n'est pas normal."
Contrainte d'effectuer des aller-retour réguliers entre la capitale auvergnate et Paris, Claire songe à changer de méthode. "On en a marre, ce train c'est clairement comme jouer à la roulette russe. J'étais étonnée d'être passée à travers les retards jusqu'ici. On sait tous que ça va arriver, on attend notre tour ! Quand vous pensez que j'ai mis 2 heures pour rallier l'Italie et 9 heures pour faire un Clermont-Paris ça fait réfléchir. Franchement je fais l'effort car c'est plus écolo, mais on ne nous aide pas. "
Carole Eon et Erwan Rousseau