Il était environ minuit lorsque Maxence, habitant de la rue de Clermont à Thiers depuis 7 ans rentrait chez lui, dans la nuit de samedi 20 à dimanche 21 juillet. "L’orage commençait à éclater. 30 minutes plus tard, alors qu’on allait se coucher, j’ai senti que quelque chose n’allait pas", raconte-t-il, les pieds dans la boue, le regard dans le vide.
C’est à partir de là que l’eau a commencé à s’infiltrer dans son garage. Depuis la cour extérieure d’abord, puis par la rue. "On a réussi à la contenir un peu, puis c’est monté très vite, jusqu’à 56 cm." De l’eau, mais surtout de la boue. "On a tout perdu", se désole celui qui n’a aucune pièce de vie au rez-de-chaussée, mais qui, en plein déménagement, avait entreposé beaucoup de ses affaires dans son garage.Démunis face à l'ampleur des dégâts.
De l’eau jusqu’aux cuissesChez sa voisine Christine, l’eau est montée jusqu’à 70 cm de haut. "On en avait jusqu’aux cuisses. Dans le garage, c’est même rentré dans la voiture", partage-t-elle, raclette en main, tentant d’évacuer des litres de boue.
Un peu plus loin, les commerçants font face aux mêmes dégâts. Myriam Exbrayat, couturière d’O’Petit atelier, s’est installée dans cette rue il y a deux ans. Elle aussi a tout perdu. "Je ne sais pas comment je vais faire. J’avais des vêtements à retoucher pour des clients, des robes de mariées, tout est plein de boue. Il n’y a que les machines à clefs, qui étaient en hauteur, qui ne sont pas touchées", se désespère l’entrepreneuse.Les commerçants ont aussi été lourdement touché.
Le ruisseau Le Breuil gonfle et sort de son litLa rue de Clermont, en étau entre deux cours d’eau, d’un côté la Durolle et de l’autre le ruisseau Le Breuil, a subi de plein fouet une spectaculaire montée des eaux du second.
Ça fait 30 ans que j’habite ici, je n’ai jamais vu ça, assure Christine. Des petites inondations, on en a eu c’est certain, mais de quelques centimètres seulement.
Le secteur, situé dans une zone concernée par le Plan prévention du risque inondation, est connu pour des phénomènes du genre, mais de plus petites ampleurs. "C’était très impressionnant. Le ruisseau Le Breuil peut gonfler très vite. Cette nuit, il a atteint des sommets", assure Stéphane Rodier, maire de Thiers, sur le pont aux côtés de Sylvain Herman, adjoint en charge du développement économique et de la tranquillité publique, mais aussi de la sous-préfète d’Ambert Mireille Higinnen-Bier, de la gendarmerie et du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis).
La ville touchée dans son intégralitéPlus largement, l’ensemble de la ville de Thiers a été touché par ce violent orage. "Plusieurs routes ont dû être fermées, et le sont encore, car il y a des effondrements de terrain. Des arbres sont tombés", liste le premier magistrat.Les service techniques de la Ville sont intervenus dès le matin.
Face à l’ampleur de la catastrophe, une cellule de crise a immédiatement été mise en place par la municipalité et ses partenaires. "Notre objectif est de centraliser toutes les demandes des administrés, en plus des équipes sur place, qui nettoient, et qui font également du porte à porte pour proposer de l’aide. Nous avons fait faire des sandwichs aux boulangeries de la ville, que nous distribuons, ainsi que de l’eau. Pour l’instant, personne n’a souhaité être relogé, mais la Maison des sports est ouverte en cas de besoin", indiquent Sylvain Herman et Céline Becerra, directrice du service communication à la Ville. Aucun blessé n’est à déplorer.
Aux alentours de 13?h?30, les sapeurs-pompiers avaient enfin réussi à contenir le ruisseau et s’apprêtaient à entamer un nettoyage de taille, des routes, mais aussi des réseaux.
Les réseaux sont tout ensablés, il est donc important d’intervenir, car un deuxième orage, même plus petit, pourrait causer encore plus de dégâts.
Une vigilance accrue va être nécessaire, même si face à une situation aussi exceptionnelle, il est difficile d’anticiper. « Nous avions réalisé un curage il y a 15 jours », souligne Sylvain Herman. "Mais les pluies ont été tellement importantes en 48 heures, et la capacité d’absorption des sols est à 100 %, quand l’an dernier nous étions qu’à 42 % à la même période", détaille Mireille Higinnen-Bier.
Si tout ne redeviendra pas comme avant en un claquement de doigts, les différents services ont bon espoir de rendre la rue de Clermont un peu plus présentable d’ici ce dimanche soir. Concernant les habitants et les commerçants, les plaies, elles, seront plus longues à panser. Et ce, même si ce n’est "que du matériel".
Cellule de crise. Pour la contacter, composer le 04.73.80.88.98. Dans un premier temps, la Maison des sports a été ouverte pour accueillir toutes personnes ayant besoin d'un relogement.
Sarah Douvizy
