C’est une jeune pousse, né l’année dernière. Le Soleil des P’tits Bleus, à Lapeyrouse, est une exploitation d’arnicas, créée par Sylvain Pouvaret. Celui-ci, botaniste de formation et ancien employé du Conservatoire d’espaces naturels (CEN) d’Auvergne, a décidé de se lancer dans une production de la plante jaune.
À ce stade, je vends des plants et des graines aux particuliers, notamment lors de fêtes des plantes. La fabrication des cosmétiques débutera l’année prochaine.
Une valeur sentimentaleQuand tout sera en terre, Sylvain Pouvaret aura près de 25.000 plants répartis sur 4.000 m² de terrain. Un travail de longue haleine puisque tout doit être planté à la main. "À la construction de mon projet, j’ai tout prévu pour toujours être seul à travailler. Je voulais une exploitation à échelle humaine." Ce qu’a aussi souhaité Sylvain Pouvaret, c’est de s’installer en qualité de "paysan" et non comme "agriculteur", puisqu’au lieu de "gérer la nature", il préfère s’y adapter selon le principe de l’agroforesterie.
"La volonté de créer cette production remonte à 2018, mais mon entreprise n’a vu le jour qu’en 2021. Le choix de l’arnica a été évident, ça a une valeur sentimentale pour moi. Je la ramassais dans la montagne du Haut Forez avec mes grands-parents et parents. Je n’étais soigné qu’avec ça. De plus, c’est une plante qui parle à tout le monde, avec de multiples propriétés, comme celles d’être anti-inflammatoire, cicatrisante, antalgique ou encore antibactérienne. C’est un peu la plante pharmacie."
Sylvain Pouvaret commercialise plutôt des plants d'arnicas pour le moment.
Au quotidien, son travail se découpe en trois ateliers : l’un, réservé aux graines, l’autre à la pépinière, et le dernier à la culture et la transformation. "Je cueille mes graines d’arnicas en milieu naturel, de manière raisonnée. C’est-à-dire que je ne m’approvisionne que sur les très grosses populations, dont je n’extrais que 20 %, tel que l’impose la marque Végétal local (*)."
L’idée, ici, est de conserver l’existant. La nature fait déjà tout le job et une seule chose lui importe, l’équilibre.
Car la préservation de la biodiversité est intimement liée à son projet de développement de cultures d’arnicas. Sur son terrain, d’ailleurs, s’épanouissent des tilleuls centenaires, dont l’un a été gratifié de la reconnaissance "arbre remarquable", l’an passé, qu’il prend plaisir à faire visiter aux amoureux des végétaux. Pour respecter Dame Nature, du mieux qu’il peut, Sylvain Pouvaret ne compte ainsi faucher qu’une fois dans l’année… et toujours à la main.
Des cosmétiques en 2025Mais l’arnica n’est pas une plante facile à faire pousser. Il convient déjà de lui offrir les conditions idéales d’épanouissement. Montagneuse, elle vit autour de 800 mètres d’altitude, alors que l’exploitation de Sylvain ne se situe qu’aux environs des 500 mètres. Ce dernier chouchoute donc ses arnicas avec le plus grand soin. "Mon terrain est exposé nord est, ce qui est une très bonne chose pour l’arnica, mais je fais aussi en sorte de lui apporter un maximum d’ombre, en plantant notamment de jeunes arbres auprès des plus anciens."
Pour le reste, l’homme laisse la nature faire en se basant sur la biodynamie et en travaillant avec les cycles lunaires. Dans un an, il espère débuter la commercialisation de ses cosmétiques. "Macérats huileux, baumes, crèmes et gels seront disponibles en vente directe auprès des particuliers et en ligne, mais aussi chez certains professionnels, comme des naturopathes, masseurs ou ostéopathes." De quoi pouvoir, très bientôt et en circuit court, soigner nos petits bleus.
(*) Outil qui garantit et préserve la diversité génétique des végétaux.
Chloé Goigoux
Plus d’informations sur la page Facebook du Soleil des P’tits Bleus.