Tour de France : Pogacar remporte l'étape reine à Isola 2000 et assied sa domination implacable au général

Sa démonstration a été totale. Tadej Pogacar a fait preuve d'une domination implacable ce vendredi pour remporter à Isola 2000 une 4e victoire d'étape et asseoir un peu plus sa domination au général. Sauf accident, le Slovène du Team UAE devrait remporter son 3e Tour de France et réaliser le doublé Giro-Tour, dimanche à Nice.

Après deux journées favorables aux baroudeurs, le Maillot jaune a repris la main, ce vendredi à Isola 2000, lors de cette 19e étape, premier volet d’une trilogie décisive pour la victoire finale à Nice.

Tadej Pogacar, qui était le grand favori de cette étape reine du Tour, avec trois sommets à plus de 2.000 m, a été exact au rendez-vous, en s'imposant en solitaire dans la station des Alpes-Maritimes.

Le Slovène a remporté sa 15e victoire d’étape sur le Tour, sa quatrième sur cette 111e édition. Et de fait, il a creusé encore un peu plus l’écart au général sur Jonas Vingegaard, 2e et Remco Evenepoel, 3e, qui sont arrivés ensemble, à 1'42" du Slovène volant (le Belge a fini 5e et le Danois 6e de l'étape).

Cette dure journée a démarré tambour-battant et neuf coureurs se sont détachés en début de course, sur les pentes du col de Vars (18,8 km à 5,7% de moyenne), classé en hors catégorie. Une échappée au casting 5 étoiles, dans laquelle on notait la présence notamment de deux anciens vainqueurs du Giro, Richard Carapaz (EF Education) et Jai Hindley (Red Bull), plus le lauréat de la Vuelta 2018, Simon Yates (Jayco).

Ce groupe d’attaquants a abordé avec plus de 4 minutes d’avance la seconde ascension, jusqu’à la Cime de la Bonette, le toit de ce Tour et plus haut col routier de France avec son sommet à 2.802 m d’altitude.

Durant cette longue montée (22,9 km à 6,9%), une sélection s’est opérée dans l’échappée conduite par deux équipiers de Jonas Vingegaard, Matteo Jorgenson et Wilco Kelderman. Nicolas Prodhomme (Decathlon), Ilan Van Wilder (Soudal) et Oscar Onley (Team dsm) n’ont pu suivre le rythme imposé par les deux coureurs de la Visma.

À leurs côtés, avec une avance quasi inchangée au sommet, ne restaient plus que les trois grosses pointures (Carapaz, Hindley, S. Yates), plus l’Espagnol d’Arkéa, Cristian Rodriguez, l’invité surprise de cette échappée royale.

Ces 4 minutes sur le groupe Maillot jaune allaient-elles permettre à l’un de ces hommes de tête de pouvoir résister au retour de “Pogi”, irrésistible dans les montées finales vers le Pla d’Adet et le plateau de Beille ? C’était tout l’enjeu de la troisième et dernière ascension du jour, vers la station d’Isola 2000, sur plus de 16 kilomètres, à 7,1% de moyenne.

À l’avant, Cristian Rodriguez était le premier à lâcher prise, incapable de tenir la cadence imposée par Kelderman, puis c’était au tour d’Hindley de “coincer”.

Dans le groupe Maillot jaune, Pogacar était bien encore bien entouré, par Adam Yates et Joao Almeida, alors que son grand rival, Vingegaard, n’avait plus d’équipier à ses côtés.

À 13,5 kilomètres de l’arrivée, on comprenait mieux pourquoi Kelderman avait tant roulé jusqu’ici puisque son coéquipier Jorgenson plaçait une attaque tranchante. La Visma jouait clairement la victoire d’étape et le Néerlandais venait de se sacrifier dans ce but et non pas pour éventuellement servir de relais à son leader, Vingegaard, pas en mesure de renverser la hiérarchie, au général.

L’Américain de la Visma creusait une avance de 30 secondes, avant que Carapaz, nouveau maillot à pois ce vendredi soir, accélérait à son tour, à sa poursuite, avec Simon Yates. Une course poursuite qui devenait aussi celle de “Pogi”, car le Slovène de 25 ans passait à l’offensive, à plus de 9 bornes de l’arrivée, après un dernier gros relais d’Adam Yates.

Le démarrage du Maillot jaune était trop violent pour que Vingegaard et Evenepoel, 2e et 3e du général, puissent y répondre, les deux se résignant à seulement défendre leurs positions.

Le match entre les échappés d’un côté et le Slovène de l’autre tournait au fil des kilomètres de montée en faveur du double vainqueur du Tour (2020, 2021). Pogacar reprenait un à un les rescapés de l’échappée, jusqu’à Jorgenson, rejoint à son tour à deux bornes de la ligne et aussitôt déposé par le Slovène, dominateur d’une manière implacable sur ce Tour 2024.

L'Américain n'était pas payé de ses efforts et devait se contenter de la 2e place, 20 secondes derrière ce Maillot jaune au-dessus du lot, une fois encore.

À moins d'un coup de Trafalgar, d'une grave chute, Pogacar semble avoir déjà Tour gagné, à deux jours de l'arrivée à Nice, un peu chez lui, puisqu'il réside à Monaco.

Sur cette 111e édition, absolument aucun adversaire, pas même le Danois double vainqueur sortant (relégué à plus de 5 minutes), ne peut rivaliser avec ce Maillot jaune qui se dirige vers une troisième victoire au général et un doublé Giro-Tour n'ayant plus été réalisé depuis 1998.

Raphaël Rochette

— Le Gruppetto (@LeGruppetto) July 19, 2024