Les Restos du cœur iront dès cet automne au contact des personnes démunies, sans moyen de transport. Des tournées vont débuter dans les villages.
On était resté sur l’idée ces derniers mois que les Restos du cœur étaient contraints de réduire l’aide alimentaire face à des charges et des bénéficiaires croissants. Cette situation est toujours d’actualité, il n’en reste pas moins que l’association en Haute-Loire cherche à répondre aux besoins des personnes en grande précarité, notamment en milieu rural. Des habitants qui ne se font pas toujours connaître et rencontrent des problèmes de mobilité. En un mot, « qui passent sous les radars ». En téléphonie, on parle de « zones blanches », mais n’est-ce pas un peu la même chose sur le plan social ?Un projet souvent évoqué par l’ancien président Marc Lavergne est en passe de voir le jour dès cet automne, à savoir des tournées itinérantes, à l’essai en octobre pour être pérennisées un mois plus tard, au moment où les Restos entreront dans leur campagne d’hiver.L’itinérance prendra la direction, dans un premier temps, du Mézenc-Meygal. L’initiative devrait se poursuivre dans un deuxième temps sur le plateau de Saugues où le dépôt existant a dû malheureusement fermer il y a quatre ans, faute de bénévoles. Plus à l’est, il existe un centre au Chambon-sur-Lignon, un autre au Monastier-sur-Gazeille et entre les deux cette fameuse « zone blanche ».
Chaque cas est à étudierL’actuel président des Restos, Jacques Breysse, résume : « Il a été mis en place au niveau national des centres itinérants pour les besoins de secteurs non couverts par des centres de distribution habituels. Or, on a vocation d’aller chercher les personnes qui en ont besoin pour leur proposer une aide alimentaire, solidaire et d’accompagnement ».En Haute-Loire, un bénévole, Philippe Ruel, a décidé de s’impliquer dans la démarche. Malgré les 19 centres de distribution, les Restos ne touchent que 50 % de la population. C’est ce qu’a révélé une étude conduite par l’association. Philippe Ruel, originaire du plateau du Lignon, connaît bien ce secteur et se propose d’y lancer les premières tournées. Le représentant des Restos s’est rapproché des collectivités, travailleurs sociaux, des aides à domicile et services médicaux.Tous les cas susceptibles de pouvoir bénéficier d’une aide doivent être préalablement étudiés avant d’être inscrits, comme cela se fait dans un centre classique.L’association a identifié pour l’heure 80 bénéficiaires potentiels des tournées qui vont se mettre en place. Des tournées qui partiront du dépôt central de l’association aux Baraques près du Puy. Un premier circuit passerait par Saint-Julien-Chapteuil, Boussoulet, Les Vastres, Fay-sur-Lignon, Saint-Front, Lantriac. Un second circuit irait plus au sud vers Laussonne, Freycenet-la-Tour, Les Estables, Freycenet-Lacuche, Saint-Martin-de-Fugères, Le Brignon.Chaque tournée (une journée pleine compte tenu des arrêts) se déroulerait une fois tous les quinze jours, peut-être le samedi, pour une question de disponibilité de véhicule.
« Il y a toute une organisation à mettre en place et il faut trouver des lieux de distribution. Il convient aussi de respecter une certaine discrétion. Les gens affichent souvent une certaine pudeur, surtout en campagne ».
Si le dispositif est désormais calé, reste à boucler le financement et à acquérir essentiellement un véhicule (60.000 euros) adapté au transport de denrées alimentaires (produits frais et surgelés). Le national devrait assurer 20 % du coût. Charge à l’association à trouver le reste.Un véhicule du parc existant, davantage disponible, fera l’affaire au début mais pour l’acquisition du matériel adéquat, les Restos font appel aux dons. L’association doit aussi mettre en place des équipes de trois bénévoles dans chaque tournée pour le chargement, la conduite, la distribution, les inscriptions.Dans les villages traversés, les Restos comptent faire également appel aux bonnes volontés. « La mission comprend le relationnel, l’aide à la personne. Il faut créer du lien auprès des personnes dans l’isolement », indique encore le président.
«?Les gens affichent souvent une certaine pudeur, surtout en campagne?»Jacques Breysse tient à préciser : « Nous sommes complémentaires aux associations existantes qui interviennent dans les communes concernées. Il nous reste encore à informer les possibles bénéficiaires que nous n’avons pas rencontrés ».L’association départementale s’est largement appuyée sur une telle initiative mise en place en Ardèche dans le secteur de Coucouron, avec une tournée depuis Aubenas. Jacques Breysse se veut rassurant : « Ce nouveau dispositif ne se fera pas au détriment de l’existant. Après les vicissitudes qui ont été les nôtres, nous avons retrouvé la ressource ».
Philippe Suc
La recherche de bénévoles. Les personnes souhaitant participer à une action forte en direction des plus démunis peuvent rejoindre l’association en contactant le secrétariat des Restos au 04.71.09.73.18, du mardi au vendredi ou par mail à ad43.siege@restosducoeur.org
