C’est l’histoire d’un bâtiment, d’une famille, et surtout de passions. Celles de l’art, des vieilles pierres, des choses authentiques et abouties.Entrer dans le couvent de la Salette, c’est en quelque sorte s’octroyer un temps de retraite entre luxe, bien-être et esthétisme.
Lovée, presque cachée à quelques hectomètres du croisement des gorges du Tarn et de la Dourbie, la bâtisse fut construite au crépuscule du XIXe siècle, de novembre 1895 à juin 1896, pour accueillir les sœurs blanches de Notre-Dame d’Afrique durant leur Postulat en France.
Elle jouxte une élégante petite chapelle romane. Sobre sans être vraiment massif, le bâtiment est parsemé de fenêtres plein cintre aux volets de couleur vert pâle. La vocation religieuse du couvent est pourtant endormie depuis longtemps puisque dès 1903, les sœurs quittèrent les lieux. Les lois initiées par le "petit père Combe" ont ensuite provoqué rapidement la suppression de la congrégation.À l’ombre des tilleuls centenaires, un cadre calme et intimiste agrémenté d’une belle piscine en pierre. (photo Couvent de la Salette Mickaël Pijpoubert)
Un temps propriété de la sœur de l’Evêque, et après quelques péripéties, la bâtisse au charme évident a fini par être acquise en 1973 par un couple qui s’est attaché à préserver les lieux dans le respect des éléments anciens. Ils le lèguent finalement à leur fille Stéphanie Perris, celle-ci décidant de lâcher la vie parisienne pour retourner dans sa ville d’origine, Millau, à la fin des années 2010.
De la Gazette de Drouot au couvent de la SaletteAppréhender les lieux nécessite bien plus qu’une description de l’étonnant décor qui saute aux yeux dès la porte franchie. En se lançant dans l’aventure de la transformation en profondeur de la propriété familiale, Stéphanie Perris a surtout suivi un rêve personnel, celui de créer un lieu atypique. Ancienne élève de la prestigieuse Ecole du Louvre, cette passionnée d’art et d’histoire a fait carrière dans le journalisme, notamment au sein de la Gazette de Drouot, magazine numéro 1 des ventes aux enchères. Sa connaissance de l’art sous toutes ses formes transpire dès que l’on pénètre dans les vastes pièces du rez-de-chaussée.Stéphanie Perris dans le salon du rez-de-chaussée, devant l’étonnante statue de cheval dont, elle-même, ignore l’origine.
À chaque interrogation sur le pourquoi de la présence d’un objet, Stéphanie – chineuse aguerrie - embraye sur une histoire. Celle d’un artiste, d’une exposition, d’un brocanteur ou encore d’un voyage. Chaque objet nous transporte, la surprise est à chaque coin de table ou de mur. Avec constance, le bon goût s’offre à nous, sans caractère ostentatoire en respectant les espaces et les respirations spatiales propres aux volumes de la bâtisse.
Ici, une étonnante œuvre colorée nous intrigue. Son bois est si finement proposé qu’il faut quelques fractions de secondes pour gommer l’illusion de la plume. On la doit à Katharina Leutert, une artiste suisse qui fut la première à exposer, avant même l’ouverture des chambres d’hôtes.
Un peu plus loin dans les salons collectifs du rez-de-chaussée, un curieux équidé attire l’attention. "Nous ne connaissons pas son origine", explique sans fioriture Stéphanie. Soit. Mais l’effet est surprenant. Encore plus avant des photos prises en temps long donnent l’impression de peintures. Elles sont l’œuvre de Mickaël Pijoubert et rehaussent elles-aussi l’élégance des pierres apparentes servie par l’équilibre des ouvertures nécessairement appliquées au bâtiment d’origine.Poignée de porte stylisée provenant de l’ancienne boutique de la famille de Stéphanie Perris.
Peu de chambres, mais de standingSans concession et sans lésiner sur les moyens, Stéphanie Perris s’est donc lancée dans 13 mois de travaux qui ont abouti à l’ouverture de la structure en juillet 2019. "L’idée était d’imaginer un lieu à taille humaine, avec peu de chambres, mais de standing (elles font au minimum 40 mètres carrés et jusqu’à 100 m2 pour les suites) réunissant toutes les prestations d’un établissement haut de gamme avec spa intérieur, piscine extérieure, et en accordant une attention particulière à la décoration et à l’art."
Je considère que, quand on fait de la rénovation, il faut le faire avec des matériaux de qualité.
Le luxe est à ce prix, quitte à prendre son temps. "Pour des raisons budgétaires, j’ai attendu un peu avant de doter le jardin d’une piscine en pierre. Je n’avais aucune envie de poser une coque bleue au milieu de cet endroit de charme…" En prononçant ces mots, Stéphanie revendique une exigence qui va bien au-delà de l’architecture.Sous les toits, les magnifiques suites « Rose des sables » et « Opale » cumulent les prestations haut de gamme et affichent 100 mètres carrés de superficie.
Sa politique tarifaire en est l’illustration : " Les tarifs (de 235 à 355 euros la nuit) sont les mêmes qu’elle que soit la saison. Quand on vient chez nous, on vient pour des prestations constantes et pour profiter d’une ambiance luxueuse et intimiste en été comme au printemps ou en automne", affirme avec conviction Stéphanie Perris.Ambiance Soulage pour la salle de bain de la chambre Tourmaline.
Des chambres baptisées de noms de minérauxCette exigence se retrouve bien sûr dans la décoration, l’agencement des chambres et de leurs salles de bains. Toutes baptisées de noms de minéraux, les six options proposées répondent aux doux noms de Célestine, Malachite, Tourmaline et Améthyste pour les chambres du premier étage. Et les deux immenses suites, lovées sous les toits, ont reçu les dénominations d’Opale et de Rose des sables.Chaque chambre porte un nom de pierre. Et à l’entrée de chacune d’entre elles une représentation de minéraux est exposée sous cloche. Ici l’améthyste.
Du parquet aux luminaires, le haut de gamme et l’authenticité sont simplement la norme, les artisans locaux ayant été majoritairement sollicités tout au long de "ce projet d’une vie". Le tout pour un résultat bluffant qui séduit une clientèle aussi bien étrangère (Belges, Hollandais, Anglais, Américains) que tricolore.
Couvent de la Salette. 387, avenue de l’Aigoual 12100 Millau. www.la-salette.fr, Tél.07.49.54.71.71. Chambres de 235 à 355 euros, quelle que soit la saison.
Retrouvez ce reportage dans le numéro 151 du magazine Massif Central. L'occasion d'explorer aussi au fil des pages la richesse culturelle, naturelle et historique de notre région : entre le couvent de la Salette à Millau, Florac dans les Cévennes, l'art libre à la Godivelle dans le Cézallier, le Mézenc à vélo ou encore le Haut-Allier au fil de l'eau...Massif Central de l'été 2024 est en vente en kiosque et sur la boutique en ligne Centre France.
Au sous-sol, les caves, attenantes à l’ancien lavoir, accueillent un espace de bien-être dans une ambiance raffinée, à l’esthétique minérale. Dans un décor des pierres anciennes, il offre un spa de nage à contre-courant, un jacuzzi, un sauna et un hammam. Ce plaisir des sens peut se prolonger en profitant des bienfaits d’un massage relaxant, revitalisant ou sportif proposés grâce par des professionnels, intervenants extérieurs au Couvent de la Salette. Le tout dans un décor à l’esthétique irréprochable, à l’image de ce tableau de l’artiste coréenne Huyn Joung Lee qui semble toiser la table de massage (notre photo).
Spa privatif sur réservation : 50 euros de l’heure.Privatif, l’espace Spa est aussi très… spacieux.
La table : Le Sahuc à Rivière-sur-Tarn, (12) soit à 15 km de la gare de Millau https://www.facebook.com/leesahuc.peyrelade/La balade : Sentier des corniches du Causse Méjean Gorges du Tarn et de la Jonte. 48150 Le Rozier. https://www.cevennes-gorges-du-tarn.com/corniches-du-mejean/le-rozier/itilar048v508qzlLe lieu : La Couvertoirade. Sur les traces des templiers au cœur du Larzac. https://lacouvertoirade.com/
Textes : Thierry GauthierPhotos : Thierry Lindauer
