Dans le sous-sol de la maison, à Veyre-Monton, nous pénétrons dans « le bunker ». C’est ainsi que Pierre, le fils de Marc Francon, nomme le repaire de ce collectionneur de cartes Michelin, l’un des 5 plus gros au monde, dit-on. On veut bien le croire.
Ici, dans deux pièces enterrées, ce Brivadois de naissance conserve au bas mot 16.000 cartes Michelin, à ajouter à des documents de toutes sortes.
Instituteur de formation, devenu professeur d’histoire-géographie ("Ce que je voulais faire depuis tout le temps") principal de collège (À La Chaise-Dieu, à Saint-Martin-Valmeroux, dans le Cantal, à Rochefort-Montagne et, pour finir au collège de l’Oradou à Clermont-Ferrand.) à la retraite depuis 14 ans, Marc Francon ne commence pas une journée sans aller faire un tour sur le web.
C’est ma mise en route du matin. Et quand j’ai fait ça, je suis content. On s’amuse de peu, vous savez !
Une heure de vélo d’appartement plus tard, Marc Francon ouvre son courrier. Ce jour-là, il découvre une carte Michelin sur la Citroën ZX, qu’il vient de recevoir par la Poste. Il l’enferme dans son tiroir "à répertorier".
Car il attend son ami François Thes, de Draguignan, autre collectionneur de cartes qui n’en a "que" 8.000 !
Nous établissons le catalogue de France au 1/200.000. C ’est fastidieux, mais nous devons le faire. C’est indispensable pour notre vécu ; c’est notre mission. Nous sommes des moines, des enlumineurs, des fous à lier.
Ce qui ne les empêche pas, avec leurs trois autres compères "carteux" eux aussi – Jean-Louis, Etienne et Jacques – de partager un bon repas dès que l’occasion se présente.
Dans son antre, toutes les cartes sont méticuleusement classées, parfaitement rangées dans des pochettes en cellophane – "Ça laisse respirer le papier" – destinées au départ à conserver les bonbons.
"Ce qui m’intéresse, dit celui qui a fait une thèse sur les guides verts (Le guide vert Michelin ou l’invention du tourisme culturel populaire), c’est la façon que les frères Michelin avaient d’innover en permanence". Marc Francon collectionne aussi tous les documents papier ayant trait à la manufacture clermontoise, "toute cette paperasse", rangée dans des classeurs.
Pour les cartes, il a délibérément, comme son ami François, décidé d’aller jusqu’à 1923, car les échelles ont été modifiées à partir de cette date. Les 1/000.000.000, 1/000.000 et 1/200.000 suffisent à leur bonheur.
Il y a là des cartes de France, des départements, mais aussi de pays étrangers, comme ces américaines de Philadelphia, New York, Providence et Boston : "Je les ai les quatre". Celle de Boston, "très rare à trouver", il l’a achetée aux enchères à Clermont en 2008. Cette année-là, il avait aussi acquis la première carte Michelin réalisée pour la course automobile Gordon-Bennett de 1905.
Cartes à thèmeCar, rappelle-t-il, Michelin propose aussi des cartes à thème : les Jeux olympiques de 1992 à Albertville, les Relais et Châteaux, une carte de vélo Paris-Caen de 1927, "très très rare. Ce n’est pas du tout-venant, c’est du brutal !"
Des trésors, que ces cartes soigneusement et amoureusement conservées. Mais, ajoute Marc Francon, "le Graal, c’est ce qui me manque". Entre 2.000 et 4.000. Avec cette hantise du collectionneur toujours en quête: "Les posséder toutes, un jour. C’est mon cauchemar".
La 25e vente aux enchèresLes ventes aux enchères de guides, cartes et objets Michelin fêtent cette année leurs 25 ans.Vendredi 19 juillet À l’hôtel des ventes Vassy, Jalenques, Courtadon (19, rue des Salins à Clermont-Ferrand), exposition d’objets publicitaires et de guides à 14 h 30 suivie, à 17 heures, d’une vente aux enchères sur place. Il s’agit de la « petite vente » de quelque 150 lots à tous les prix.Samedi 20 juillet À 14 h 30, au casino de Royat (1, rue du Pariou), sur les hauteurs de Clermont, grande vente aux enchères, avec environ 300 pièces, dont des guides.Dimanche 21 juillet À l’Aventure Michelin (32, rue du Clos-Four à Clermont-Ferrand), convention Michelin, bourse d’échange entre ces passionnés d’objets ayant trait à la manufacture clermontoise.
Véronique Lacoste-Metteyveronique.mettey@centrefrance.com