Les faits remontent à décembre 2023. Alors qu’une sortie scolaire est organisée, Alexandre (*) est chargé d’une séance de soutien pour les trois élèves qui n’y participent pas. Un garçon et deux filles.
Mais une fois le garçon parti, la discussion s’oriente curieusement sur les amours adolescentes. Le prof de 31 ans passe derrière l’une des filles de 14 ans, assise, et lui masse les épaules. Il l’attirera ensuite à lui, en fin de journée, alors que les deux collégiennes rangent leurs affaires, debout, pour lui toucher la poitrine, les fesses. Et l’embrasser avec la langue…
Les jeunes filles se confient aussitôt à la CPE. Et la principale convoque l’enseignant dès le lendemain matin. Lequel n’a pas dormi de la nuit : « Je m’attendais même à ce que ce soient les gendarmes qui m’accueillent », avoue Alexandre.
Aussitôt devant sa supérieure, et comme à la barre du tribunal, il reconnaît tout. Mais tente d’édulcorer : « Je n’ai pas vu sa gêne, si j’avais compris, j’aurais tout de suite arrêté… Mais elle n’a eu absolument aucune réaction et souriait en partant ».
Des recherches dans le téléphoneOr ce n’est pas l’avis de la troisième protagoniste. La bonne copine a tout vu, notamment l’effroi dans les yeux de son amie. Et le juge souligne qu’il s’agit de toute façon d’une mineure « qui n’a pas 17 ans et demi mais 14 ans ». Le téléphone d’Alexandre révélera d'ailleurs qu’il a cherché à se renseigner sur la majorité sexuelle.
« J’étais dans la mauvaise interprétation qu’elle était attirée par moi… », lâche le prévenu. Plus largement, la posture de cet enseignant diplômé seulement depuis la rentrée 2023 pose question. Il entretient une certaine complicité avec certains élèves. A contrario, il ne se mêle pas trop aux autres profs.
Il fait face à des difficultés personnelles que le tribunal décortique. Jeune papa séparé, il prend le train de Limoges à Guéret, puis une voiture jusqu’à Châtelus-Malvaleix. Il fatigue, se pose des questions sur ses méthodes pédagogiques, n’a aucune relation sociale. Il prend des antidépresseurs.
Le téléphone d’Alexandre montre encore qu’il est entré en contact avec une très jeune fille à l’autre bout de la France. Et a consulté les profils d’autres élèves de son établissement. « Mais pas de pornographie », souligne l’intéressé.
« Il est prisonnier de sa propre condition. S’il est coupable de quelque chose, c’est d’un défaut d’appel à l’aide », lance son avocate à la procureure. Elle, évoque la possibilité d’une “pulsion” et demande de lui imposer un véritable travail « pour rassurer la société et les victimes potentielles ».
« Malgré tous les interdits que vous ne pouvez ignorer, vous minimisez… C’est le début de quoi ça ? », tance la procureure. Alexandre a du mal à se mettre à la place de sa victime lorsque le tribunal le lui demande. Alors le juge lit les mots que la jeune fille a communiqué :
« Il a trahi non seulement moi, mais aussi ma classe et mon collège. Il est un homme terrible. »
Après une longue délibération, le tribunal prononce six mois de prison avec sursis, trois ans de suivi avec injonction de soins, cinq ans d’interdiction d’activités en rapport avec des mineurs (son métier donc) et 1.000 euros de dommages à la famille.
Floris Bressy
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