Le parquet de Paris a ouvert une enquête après qu'un site d'ultradroite a appelé à "éliminer" des avocats signataires d'une tribune contre le Rassemblement national entre les deux tours des élections législatives anticipées, a appris jeudi 11 juillet l'AFP de sources concordantes.
Selon une source proche de l'enquête, le Pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet (PNLH) a saisi vendredi l'Office anti-cybercriminalité (Ofac) de la police judiciaire de Versailles pour menaces de mort et cyberharcèlement. Le barreau de Paris avait émis un signalement, et un collectif d'avocats, représentés par Maîtres Yann Le Bras et Céline Astolfe, avait déposé plainte contre le site "Réseau Libre — le réseau des patriotes".
À ces dénonciations s'ajoute notamment la plainte du barreau de Nanterre, transférée à Paris en début de semaine, d'après une source proche du dossier. Pour son vice-bâtonnier, Maître Fabien Arakelian, cette liste est "très inquiétante et à prendre très au sérieux". "Lorsque les avocats, sentinelles de la liberté et garants de l'État de droit, sont visés, c'est un peu le début de la fin", a-t-il expliqué à l'AFP.
"Nous serons peut-être condamnés, on s'en tappe !"Quelques jours avant le scrutin législatif anticipé, une centaine d'avocats, essentiellement des barreaux de Paris et de Caen, avaient signé une tribune publiée sur le site de l'hebdomadaire Marianne, intitulée "Avocats, nous nous constituons en brigade du droit contre le Rassemblement national". Le lendemain, le site "Réseau libre — le réseau des patriotes" publiait un article intitulé "Liste (très partielle) d'avocats à éliminer", reprenant la liste des signataires de la tribune. "À envoyer dans un fossé ou dans un stade, ces avocats déclarent déjà ne pas respecter le verdict des urnes en cas de victoire du RN", était-il notamment écrit.
"L'Histoire est un éternel recommencement, nous publions une liste d'avocats à éliminer, nous ne sommes pas formellement identifiés, nous ne serons pas arrêtés, et nous serons peut-être condamnés, on s'en tappe !", ajoutait "Réseau Libre". Ce site est hébergé en Russie, selon la source policière.
Avec AFP