Le bâtiment va être rasé. Des locaux de M2A Events, implanté dans la zone industrielle du Maréchat, à Riom, il ne reste plus que des tôles déformées et des poutres métalliques effondrées. Un violent incendie s’est déclaré ici le matin du dimanche 30 juin. Une soixantaine de pompiers a été mobilisée au plus fort de cette intervention qui s’est prolongée pendant de longues heures.
L’origine de ce sinistre n’est pas encore connue. Une enquête judiciaire a été ouverte. Nicolas Brun, le gérant de l’entreprise, ne peut s’empêcher de penser à un acte de malveillance.Car depuis longtemps, sa société et plusieurs installées dans le même périmètre constatent des dégradations très régulières. Boîtes aux lettres arrachées, tirs de plombs dans les fenêtres, tags, vitres cassées, cambriolages, parkings utilisés comme toilettes publiques, rodéos en voiture, branchements illégaux sur les compteurs, bouteilles de verre brisées… Les entrepreneurs subissent une lourde pression de la délinquance.
Répétition suspecteLa répétition des incendies interroge. Depuis l’été dernier, plusieurs feux ont en effet touché des entreprises. Certaines fois, comme ce fut le cas pour Loca Watt en juillet 2023, Biotope Concept ou Bâti Métal, en septembre dernier, les incendies sont couplés à des vols.
Attention, toutefois : tous les sinistres qui se déclarent dans cette zone ne sont pas d’origine criminelle. Le sinistre qui a détruit deux préfabriqués de la société ATR, rue Henri-Goudier, en octobre, serait parti d’un court-circuit électrique, selon le commissariat de Riom.
Au sein des entrepreneurs, le ras-le-bol est largement perceptible. « L’ambiance générale s’est dégradée depuis quelques années. On se sent sous pression, en sursis. Ce n’est pas un environnement propice aux bonnes conditions de travail », déplore Jean-Baptiste Henriot, responsable de production chez Excel-Ray. Gérant de LocaWatt, Pascal Baril partage le même avis.
« Le week-end, on n’est jamais tranquille. On ne peut rien laisser dehors. On nous pique tout. On ne sait jamais ce qu’on va trouver le lundi en arrivant au boulot »
Cédric Chêne, de Riom Déménagement, ne cache pas son exaspération. Il a déposé quatre plaintes au cours des 18 derniers mois. « Ça commence à être chiant », soupire-t-il.
En septembre, déjà, des incendies de locaux étaient survenus dans cette zone industrielle. L'origine criminelle de ceux-ci ne fait guère de doute : ils ont été précédés de vols.
Plusieurs interlocuteurs lient ces dégradations au voisinage de gens du voyage, nombreux à s’établir ici pour des séjours plus ou moins longs. Mais d’un point de vue strictement judiciaire, aucun des événements récents n’a pu être imputé à des membres de cette communauté.
Sécurisation difficileLa configuration de la zone d’activité du Maréchat ne joue pas en faveur de la sécurisation. Elle est à l’écart des principaux axes de communication, coincée dans un triangle matérialisé par les voies de chemin de fer et la zone commerciale de Riom sud.
Pour se prémunir de ces dommages, certaines entreprises ont consenti à de lourds investissements : alarmes incendies, grillages renforcés, détecteurs de présence, télésurveillance, caméras… Ce sont des investissements lourds que certains entrepreneurs auraient évités si le contexte local avait été différent.À la mairie de Riom, les élus assurent être conscients du problème.
« Il est clair qu’aujourd’hui, on en a ras le bol de ce qui se passe sur cette zone. Toutes les entreprises sont exaspérées de voir que rien n’est fait face aux incivilités. »
En liaison avec les entreprises et la sous-préfecture, la mairie de Riom souhaite travailler à un plan de sécurisation de cette zone industrielle. Les élus imaginent notamment la création d’une « brigade de surveillance » avec le concours d’une société de sécurité privée. Cette solution a déjà été mise en place sur le Parc européen des entreprises de Riom. Les élus réfléchissent également à l’implantation de caméras de surveillance, le site n’en étant pas encore équipé.
Jean-Baptiste Ledys