Série d'été. Cet été, la rédaction de La Montagne vous guide à la découverte des musées du Pays d'Issoire. Incontournables, insolites ou louphoques, la cité Saint-Austremoine et son territoire regorge de pépites culturelles... À découvrir, entre deux sessions de bronzage au bord de l'eau.
Difficile de ne pas remarquer l’ancienne télécabine qui règne sur la pierre grise de Besse-et-Saint-Anastaise. Sa structure jaune canard attire l’œil, immanquablement. Mais, sur un panneau, une flèche l’indique, c’est en face d’elle qu’il faut regarder. Une porte en bois, semblable à toutes celles du village, s’ouvre sur un lieu hors du temps.
Le musée du ski, c’est avant tout une rencontre humaine. Celle de Pierre Chauvet, son créateur. Depuis 1987, l’homme accueille petits et grands dans ce décor pittoresque, au rez-de-chaussée de sa propre maison, et se plaît à narrer l’histoire du ski. Une pratique millénaire, qu’il connaît comme personne.
Je voulais partager ma passion, explique-t-il simplement. J’aime beaucoup le contact humain, et le musée me permet de rencontrer des gens de différents horizons.
Une passion qu’il cultive depuis son enfance. "Quand j’avais 10 ou 12 ans, j’échangeais mes petites voitures contre des catalogues de ski avec mes copains, confie-t-il. Ma première paire de ski, je l’ai trouvée dans une cave, quand j’avais 15 ans. Elle appartenait à mes arrière-grands-parents."
Depuis, Pierre Chauvet en a examiné des centaines. Qu’il n’a pas toutes intégrées à sa collection pour autant. "Ce n’est pas un attrape-touriste ! J’ai sélectionné des modèles assez rares", précise-t-il. Aujourd’hui, seules 54 paires, triées sur le volet parmi un demi-millier et provenant de sept pays différents, sont exposées dans son musée.
Et pour chercher ses trésors, Pierre Chauvet a une méthode bien à lui. "Je n’ai pas internet. Je prends ma voiture, je pars dans des zones de montagne, et je demande aux gens s’ils ont des vieux skis." Et si le porte-à-porte lui a valu de nombreuses déconvenues, il lui a aussi permis d’acquérir des pièces particulièrement rares.
2.400 livresComme cette paire datant de 1890, son plus vieux modèle, récupérée à la frontière hongroise. Ou cette autre, "tout en chêne", datée de 1918, et trouvée du côté des Marécottes, en Suisse. Ou encore celle-ci, une paire de skis pliables utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1940.Ce petit modèle était destiné à se fixer sous une poussette.
Curiosité. Tout au bout d’une rangée de skis, une paire dénote. Elle est tout en bois, comme ses semblables, mais bien plus petite que les autres. Elle semble être conçue pour des enfants… Pourtant, elle ne possède pas le support qui permette d’accrocher une paire de chaussures aux lames de bois, mais deux fixations étranges sur chaque ski. Pierre Chauvet nous fait jouer aux devinettes. « À votre avis, à quoi servait-elle ? » Après quelques instants de réflexion, il finit par lâcher le morceau, avec malice : les fixations étaient destinées aux roues des poussettes. Ainsi, même les plus petits, avant même de savoir marcher, pouvaient s’initier aux plaisirs de la glisse…
"La difficulté, quand je me suis intéressé à l’histoire du ski, c’est que je ne savais pas ce que j’allais trouver, reconnaît-il. Je ne connaissais pas les bois, ni les fabricants. Ce qui m’a beaucoup aidé, ce sont les livres." Au fil des années, Pierre Chauvet a accumulé de nombreuses connaissances. "Je me suis constitué une bibliothèque qui aujourd’hui contient 2.400 livres sur le ski, et qui va du XVIe au XIXe siècle."
Pierre Chauvet possède plus de 2.400 livres sur le ski.
Elora Mazzini