Chez Decathlon-AG2R, les 25 victoires accumulées depuis début janvier paraissent bien loin après neuf étapes, alors que chez les concurrents dirigés par Marc Madiot, la stratégie “tout pour l’attaque” prônée ne porte pour l’instant pas ses fruits.
La réussite d’une saison pour une formation française repose en immense partie sur ses résultats dans le Tour de France, et la pression commence à monter autour des deux grands effectifs d’un cyclisme tricolore en ébullition avec la victoire de Romain Bardet à Rimini et les succès d’équipes moins huppées comme Arkéa-B&B et TotalEnergies.
Vincent Lavenu et ses hommes sont pourtant arrivés au départ de la Grande boucle avec le plein de confiance, sur un nuage après un début de saison au-delà des espérances.
“Mauvaise habitude”Mais l’équipe articulée autour de son leader pour le général, Felix Gall, et du sprinteur Sam Bennett n’a pas encore trouvé la faille, avec une neuvième place comme meilleur classement pour l’Irlandais. Les AG2R ne veulent pas paniquer, repartis des quatre derniers Tours avec un bouquet et habitués aux succès tardifs. “C’est une mauvaise habitude, concède le directeur sportif Julien Jurdie, mais le Tour de France n’est pas terminé.”
“On espérait mieux des sprints de Sam (Bennett), malheureusement pour l’instant il y a encore des réglages à faire”, ajoute-t-il.
Bennett a pourtant débarqué à Florence en pleine forme, vainqueur de quatre étapes et du classement général lors des Quatre jours de Dunkerque. Des résultats dans la lignée d’une année 2024 inédite pour Décathlon-AG2R, victorieuse de la Flèche Wallonne, d’une étape du Giro et du championnat de France en ligne et en chrono.
“Chercher un bon résultat avec Sam, c’est notre priorité jusqu’à l’étape de mardi”, affirme le puncheur Dorian Godon.
“Après, c’est une toute autre course qui va redémarrer, plus autour de Félix au classement général et des étapes pour les baroudeurs comme moi”, souligne-t-il. Et même si ses coureurs tardent à lever les bras, pas question pour autant de partir à l’abordage pour Julien Jurdie.
“Nous, on est là pour gagner, donc il faut essayer de courir intelligemment. Partir au casse-pipe à un ou deux coureurs, ça ne sert pas à grand-chose”, estime le directeur sportif qui a vu son leader Felix Gall s’imposer lors de l’étape-reine l’année dernière.
Changement d’ADNDe quoi lui assurer un statut de leader cette année. C’est justement ce coup d’éclat qui a manqué à David Gaudu ces derniers mois. La Groupama-FDJ a donc choisi de changer un ADN ancré depuis l’émergence de Thibaut Pinot à l’orée des années 2010.
Plus d’équipe construite autour du général, mais un tempérament offensif au cœur du discours, d’autant plus après la première étape entre Florence et Rimini, où Gaudu est arrivé près d’une demi-heure après le vainqueur du jour Romain Bardet.
Mais pour l’heure, le changement de mentalité ne s’est pas traduit par des victoires.
“On fait un très beau Tour de France pour l’instant, on n’a juste pas les résultats qu’on mérite”, veut croire Valentin Madouas, parti à l’offensive dès le premier jour, sans succès.
Il qualifie l’entame de Tour de sa formation de “frustrante”, alors que les jeunes loups Lenny Martinez et Romain Grégoire découvrent le Tour avec les dents longues, et que le meilleur résultat a été obtenu par Quentin Pacher à Bologne (3e).
“On n’a pas eu beaucoup d’étapes pour notre profil, on a voulu être offensifs sur pas mal d’étapes, peu d’équipes nous ont suivi, c’est logique parce qu’il y a beaucoup d’équipes de sprinteurs et d’équipes qui jouent le classement général.”
Mais la deuxième partie du tracé, beaucoup plus vallonné à partir de mercredi, offrira des opportunités aux coureurs voulant se lancer dans les échappés. “Si on continue comme ça, ça va payer en deuxième et troisième semaine, on sait ce qui arrive après et ce sera très bien pour nous”, promet le champion de France 2023.
AFP