Riom s’engage dans la participation citoyenne. Après l’abandon des deux centres pénitentiaires de la ville en 2016, causé par l’ouverture de l’établissement carcéral d’Ennezat, l’avenir des deux anciennes prisons était au cœur des débats. Un projet de transformation en parking n’a pas abouti, de même que celui d’en faire des musées.
Il aura donc fallu attendre 2023 et le lancement de la démarche Forum, destinée à favoriser la concertation citoyenne sous forme de réunions publiques, pour faire naître cette Maison des projets, dans l’enceinte de l’ancienne maison d’arrêt. En concertation, les acteurs impliqués ont décidé de réhabiliter ces friches carcérales en pôles multifonctionnels.
Pierre Chassaing, premier adjoint à la ville de Riom affirme une volonté de la municipalité de "changer le visage de la ville de Riom". L’objectif est clair : transformer "ce lieu de privation de liberté en lieu d’expression" pour renforcer le lien entre les citoyens riomois et leurs élus et pour prendre connaissance et proposer des projets pour améliorer le quotidien des citoyens de la ville et de son agglomération. Ce petit local, dans l’entrée de la maison d’arrêt, devient donc le théâtre du débat public et de la mise en pratique de la démocratie participative. Ici, seront discutés les projets d’urbanisme, d’aménagement ou encore de renaturation de l’espace publique.
Un projet faramineuxSi la Maison des projets est à l’honneur ici, elle n’est pas l’unique projet prévu au sein de la maison d’arrêt. Lors de la visite de celle-ci avec Fabien Dugour, directeur de projets Action Cœur de Ville, les participants ont reçu des explications sur l’histoire du lieu et ses futurs visages.
Le projet porte d'abord un volet pédagogique et mémoriel. Ce bâtiment, chargé d’histoire, ayant détenu des figures majeures de la IIIe République pendant les procès de Riom en 1942, dont Léon Blum, figure du Front Populaire de 1936, Édouard Dalladier, Président du Conseil jusqu’à la chute du régime par le coup d’État pétainiste, et Jean Zay, Ministre de l’Éducation. Jean Zay est d’ailleurs au cœur de cette rénovation puisque sa cellule pourra se visiter. L’occasion alors d’en faire un lieu de mémoire.
Le reste des bâtiments sera réaménagé pour en faire des logements. Le mur d’enceinte sera en partie détruit pour dégager la vue et bâtir des espaces verts afin de rendre ce lieu plus agréable. Enfin, il est prévu de construire deux nouveaux bâtiments sur ce terrain, dont l’un accueillera l’office de tourisme. L’Université Clermont Auvergne s’installera, elle aussi, à la maison d’arrêt pour développer une école sur les mobilités.
Les friches carcérales occupent 10 % du centre-villeCette rénovation de l’ancienne maison d’arrêt est estimée à plusieurs dizaines de millions d’euros. C’est pourquoi, la municipalité a fait appel à un opérateur extérieur pour amortir un peu l’addition. Pierre Chassaing souligne que "les friches carcérales occupent 10 % de la surface du centre-ville".
"La mairie ne pouvait pas ne pas s’intéresser à l’avenir de ces sites qui ont de surcroît un aspect patrimonial majeur."
Riom travaille à remettre sur pied ses autres friches, notamment les friches industrielles comme l’ancienne manufacture des tabacs, qui accueille désormais l’usine Hermès, ou encore les friches Masson qui vont abriter un écoquartier. La Maison des projets inaugure ainsi le renouveau de la ville et de l’agglomération riomoise, pour revitaliser un territoire qui en a bien besoin.
À travers ce lieu de partage et de débats, le but est donc de construire les futurs projets que les Riomois peuvent d’ores et déjà déposer dans la "boîte à idées" de la Maison des projets. Ces idées seront triées et étudiées pour définir de nouvelles orientations de leur ville. De quoi redonner un rôle central à la population dans le choix et la mise en place des politiques publiques.
Mathias Bernouin