Après une intense soirée électorale, la première circonscription de l’Allier se réveille avec un député qu’elle connaît bien. Yannick Monnet (PCF-NFP) est réélu, avec son suppléant Jean-Paul Dufrègne. Soulagement pour l’équipe, qui va pouvoir « se remettre à travailler » sur les dossiers arrêtés brutalement : les soins autour du cancer du sein, l’installation des médecins, les pompiers, les secrétaires de mairie, etc.
Mais le lever est difficile. Dimanche soir, le député soulignait le score serré. Il l’est encore plus après recomptage. Ce ne sont plus 690 voix, mais 572 qui séparent le député réélu Yannick Monnet PCF-NFP de sa rivale RN Anne-Marie Thès.
Une erreur de saisie corrigéeLes fonctionnaires de la préfecture ont tout revérifié, PV après PV, tombant sur une « erreur de saisie » pour la commune de Beaulon : 59 bulletins avaient été imputés à Yannick Monnet, alors qu’ils allaient à Anne-Marie Thès. Il faut donc ajouter d’un côté et retrancher de l’autre (d’où l’écart de 118 voix, 59+59) et lire les résultats de cette commune en inversé : 437 voix et 53,62 % pour le RN ; 378 voix et 46,38 % pour le PCF-NFP. Sans oublier, à la marge, pour l’ensemble de la circonscription, des nuls devenus blancs (19). Ces irrégularités corrigées ont été entérinées lundi midi par la commission de contrôle des votes présidée par une magistrate du tribunal judiciaire de Moulins (c’est le protocole).
Yannick Monnet engrange ainsi 28.411 voix ; Anne-Marie Thès 27.839.
De quoi illustrer, s’il en était encore besoin, le fossé, le clivage, les cristallisations tous azimuts sur les aides sociales, les modèles agricoles, l’immigration, les politiques de santé publique (au hasard, les vaccins), la politique internationale (quelle défense européenne ? Quels alliés ?)… à l’échelle d’un pays, d’une région, d’un département, d’une circonscription, d’un village, d’une famille, d’un groupe d’amis. Va-t-on réussir encore à se parler ? « Le dialogue transpartisan est nécessaire », répond le député, qui souhaite être l’élu « de tout le monde ».
Clash ruraux/citadins ? Pas si simpleCertes, les « villes » votent plus à gauche et les « campagnes » davantage à droite ou à l’extrême droite, mais le clivage semble être plus profond. D’autant plus dans le Bourbonnais, qui fut longtemps un bastion communiste, riche en ouvriers agricoles.Une quarantaine de communes placent Yannick Monnet en tête, près de soixante-dix pour Anne-Marie Thès.Le député arrive en tête à Moulins (57,91 %), Yzeure (60,94 %), Neuvy, Bourbon-l’Archambault, Dompierre, Neuilly-le-Réal, mais aussi Saint-Menoux (69,59 %, plus gros score), Agonges (63,53 %), Autry-Issards, Rocles, Tronget, Vieure, Ygrande, Gipcy… Soit la proche agglo de Moulins, le bocage.
À Anne-Marie Thès, la ruralité de la com’d’agglo moulinoise (dont Montbeugny, Chézy, Toulon-sur-Allier…), Saint-Pourçain-sur-Sioule, Varennes-sur-Allier, Saint-Germain-des-Fossés, Lurcy-Lévis, Gouise (68,27 %), Créchy (65,33 %), Aurouër (63,05 %), Molinet (61 %), Bayet, Saint-Gérand-le-Puy, La Ferté, Marcenat, Magnet… Avec des records à Coulanges (72,22 %) et Loriges (71,18 %).
50/50 au sein des communes : que fait-on de cette fracture ?Mais il y en a aussi plus d’une vingtaine pour lesquelles c’est 50/50 ou presque. À Cressanges, 178 personnes pour l’un, 178 pour l’autre. Et 26 blancs qui tendent un drapeau. Châtel-de-Neuvre, 126 voix de chaque côté. Château-sur-Allier, 1 voix de différence ; Souvigny, Limoise et Mercy, 2 ; Vaumas, 3 ; Chevagnes et Couleuvre, 4 ; Coulandon, Louchy-Montfand et Meillard, 5 ; Saint-Félix, Monétay, Pouzy-Mésangy, Fleuriel et Fourilles, 6 ; Franchesse, Laféline et Bransat, 7…
De chaque côté des tranchées, des mains tendues ?
Mathilde Duchatelle
