Economie circulaire : Skytech rend le plastique recyclé plus désirable

Favoriser l'utilisation du plastique recyclé en concevant une matière à l'aspect premium et qui s'adapte à tous les besoins des industriels, tel est l'objectif de la start-up Skytech. L'entreprise normande a mis plus de 4 ans de R&D pour faire aboutir son innovation, qui répond parfaitement aux exigences de l'éco-conception et de l'économie circulaire.

Le plastique, c'est fantastique. Surtout s'il est recyclé et valorisé comme produit aux finitions impeccables. C'est l'enjeu auquel répond l'entreprise basée dans l'Eure, Skytech. Spécialiste de la fabrication de résines à partir de plastiques régénérés, elle innove de manière à pouvoir obtenir des produits purs à 99,9 %, équivalents à des résines plastiques vierges. " Nous sommes un acteur de l'économie circulaire, qui referme la boucle production - vente - consommation - recyclage. Nous réutilisons des matières qui pourraient partir en incinération ou en enfouissement ", résume Frédéric Delaval, directeur général de Skytech. 

Skytech utilise un procédé technologique novateur multi-breveté, du nom de Triblast, basé sur la triboélectricité (soit le phénomène électrostatique créé par la mise en contact de deux matériaux de nature différente). Le résultat ? Une séparation extrêmement fine de tous les plastiques issus du broyage pour aboutir in fine à un matériau premium. Les industriels peuvent alors l'envisager comme un produit lambda, adapté à tous les designs possibles : le recyclé devient sexy.  

Industrie de l'automobile ou de l'électroménager, secteur du bâtiment ou de l'aménagement intérieur : les plaques plastiques obtenues grâce au processus mis au point par Skytech s'adaptent à de nombreux usages. L'entreprise les fournit sous forme de billes, que l'industriel fera chauffer pour les injecter dans des moules et lui donner la forme et la couleur qu'il souhaite. Skytech est en mesure de produire trois sortes de résines, baptisées d'acronymes complexes (PP, PS et ABS) pour correspondre aux différents types de besoins industriels. " Chaque bouteille d'eau, par exemple, est fabriquée à partir de PET. C'est le plastique le plus produit dans le monde, celui de très grande consommation. Nos résines, elles, sont utilisées pour réaliser des pièces de moteurs, des boucliers de voiture, etc. Cela demande des caractéristiques extrêmement précises et des formulations spécifiques pour répondre à des attentes exigeantes : résistance à la température, aux chocs, à la peinture, etc. ", mentionne Frédéric Delaval.  

Skytech a été créée il y a 9 ans. Mais il lui a fallu ensuite 5 ans de R&D pour mettre au point son système et se démarquer comme une option plus vertueuse à la destruction des plastiques usagés. " Beaucoup d'industriels comprennent que, grâce à nos résines, ils peuvent entrer dans la transition écologique. Nos matériaux étant constitués à 100 % de plastique recyclé, ils répondent aux standards de l'éco-design ", assure le directeur général. Le sujet recyclage et seconde vie du plastique étant devenu une préoccupation majeure pour la plupart des fabricants, l'entreprise est aujourd'hui en pleine croissance. En témoigne d'ailleurs sa victoire au Maddytour, dans la section Nord-Ouest. " Désormais, notre challenge est de transformer une start-up qui a commencé par du développement et du dépôt de brevets en une PME industrielle qui soit en capacité de servir ses clients de manière régulière ", commente Frédéric Delaval.  

Skytech envisage de réaliser cette année 7 000 tonnes de production. " Sachant que notre usine a une capacité de 40 000 tonnes ", glisse le dirigeant. La marge de progression, pour l'entreprise, est donc énorme ! Frédéric Delaval compte pour cela sur un large plébiscite des industriels et la levée, petit à petit, des dernières réticences : " Il y a toute une logique de gestion du changement à opérer, surtout quand vous avez travaillé pendant 50 ans et plus avec les mêmes matières. Le nouveau génère toujours une petite appréhension. C'est pourquoi notre rôle est aussi de faire beaucoup de pédagogie auprès de nos partenaires, pour leur expliquer l'intérêt d'un tel changement. "  

Pour cela, Skytech veille à prouver, encore une fois, que ses résines ouvrent un large champ des possibles. Elle a dévoilé en juin dernier deux nouveaux produits : le premier est une résine d'un noir profond qui peut être dotée d'effets de surface. La seconde relève encore plus de la prouesse, car il s'agit d'un blanc immaculé. " Le tri et recyclage de matières plastiques suppose que l'on mélange de nombreuses couleurs. Il est très difficile d'obtenir un blanc parfait, qui ne tire pas vers le gris, souligne Frédéric Delaval. Nous, nous avons réussi à créer ce blanc pur qui, de plus, nous ouvre le domaine de la couleur car nous pouvons alors ajouter ce que nous voulons à cette base blanche. Nous prouvons ainsi que la matière plastique recyclée peut être utilisée partout et de manière similaire au plastique issu du pétrole. Cela facilite la substitution de l'un à l'autre et permet d'abattre des craintes. "  

L'autre avancée que revendique Skytech ? Selon l'Ademe, pour fabriquer une tonne de résine d'ABS par exemple, l'industrie pétrochimique génère 10 tonnes de CO2. La start-up, elle, dit générer seulement une tonne de CO2 : soit un geste significatif pour l'environnement. 

Cet article a été publié initialement sur Big Média Economie circulaire : Skytech rend le plastique recyclé plus désirable