Depuis mardi 2 juillet, dans l’après-midi, les Thiernois ont pu observer de nouvelles venues au sein de leur voisinage. Dix chèvres ont investi les jardins de l’ancien hôpital, au cœur de Thiers.
C’est une grande première pour la cité coutelière d’accueillir des animaux dans le but de pratiquer l’éco-pâturage, pour entretenir les espaces verts, notamment ceux difficiles d’accès, et pour compléter l’entretien mécanique.
Lætitia Bourdier, accompagnée de son collaborateur, dirigeante de l’entreprise Laetiboud’anes à Courpière et éleveuse, porte le projet, à la demande de la municipalité thiernoise.
L’histoire de cette éleveuse n’est pas commune. Elle a décidé de se reconvertir après 17 années dans le domaine de l’esthétique afin de "faire passer un message de respect pour la nature et apporter une certaine pédagogie en partageant son savoir sur les animaux ». « J’ai aussi la volonté de faire repartir une race perdue", indique-t-elle. C’est pour cela qu’elle a choisi de prendre des chèvres du Massif central.
5.200 m2 de terrain et dix chèvresLes biquettes sont des habituées de l’éco-pâturage. "Cette espèce est spécialisée là-dedans, précise Lætitia Bourdier. Ce sont des débroussailleuses. Elles ne sont pas élevées pour leur lait."
Les chèvres ont investi les jardins de l'ancien hôpital mardi 2 juillet.Jusqu’à l’autonome, les tondeuses écologiques vont pouvoir œuvrer sur un terrain de 5.200 m². Pour une parcelle de cette taille, en général, cinq chèvres suffisent. Au fur et à mesure, l’éleveuse évaluera donc le besoin des bêtes et ajustera leur nombre en fonction de l’avancement du défrichement. Le but serait de garder les chèvres toute l’année en installant des infrastructures adaptées comme des abris.Petite particularité, la plupart des animaux présents sont plutôt âgés et « pas très beaux physiquement », assume l’éleveuse.
Beaucoup pensent qu’ils sont inaptes et inutiles, ou maltraités. Au contraire, je veux démontrer qu’il est possible d’utiliser du vieux bétail et spécifiquement pour des missions tels que l’éco-pâturage.
Le collaborateur de Lætitia Bourdier l’illustre très bien avec l’expérience vécue avec deux de leurs ânes. "Notre plus vieille ânesse, Tanisse, a 25 ans, et elle a appris à notre âne le plus jeune à manger les chardons. C’est nécessaire de savoir le faire mais il n’y arrivait pas. L’apprentissage était plutôt drôle mais maintenant, c’est très utile." Rien ne résiste au passage des bêtes spécialisées dans l’éco-pâturage, là est tout l’intérêt.
"Je veux faire découvrir des choses, sensibiliser les citoyens."
S’il est interdit de nourrir les animaux, pour leur santé, Lætitia Bourdier se tient à la disposition des curieux pour répondre à toutes leurs questions. "Nous serons présents sur place tous les jours. Les gens, s’ils le souhaitent, pourront nous aider à nourrir les chèvres et ils pourront poser toutes leurs questions." Le but premier de l’agricultrice en pratiquant l’éco-pâturage, est "de partager". "Je veux montrer la réalité, faire découvrir des choses et permettre de sensibiliser les citoyens."
L’éco-pâturage présente plusieurs avantages. C’est pour cette raison que les élus de Thiers ont voulu l’expérimenter. "La pollution sera en baisse car il y a aura moins de produits phytosanitaires ou d’engins mécaniques utilisés. Et donc a contrario la biodiversité pourra augmenter », souligne Lætitia Bourdier. « De plus, le coût sera moins élevé pour la Ville, ajoute David Derossis, adjoint en charge notamment du développement durable. Pour l’entretien de ces 5.200 m², cela nous coûtait 3.550 € par an, pour 62 heures de travail. Pour la même surface, en éco-pâturage, cela coûte 2.870 € par an."
Ce processus s’inscrit dans une démarche de développement durable et pourrait en inspirer d’autres à l’avenir.
Dans la continuité, des ânes vont être installés à Iloa mardi 16 juillet dans l’après-midi. Pour le moment, ils sont sur le site du champ du bail à Thiers.
Si le projet fonctionne, la Ville envisage de pratiquer l’éco-pâturage sur un troisième site, au près Sereg.
Chloé Cambier