Quatre jours après le premier tour des élections législatives, le petit village de Bert se distingue pour une raison particulière : c'est le village avec le plus fort pourcentage de votes en faveur d'un candidat du Rassemblement National (RN) dans l'Allier.
Avec une population de 250 habitants, Bert est l'exemple type d'une commune rurale loin des problématiques phares que dénonce le RN. Néanmoins, ce village est celui qui a le plus voté en faveur de ce parti dans le département de l'Allier. Rémy Queney, candidat du RN dans la 3? circonscription, remporte 60,87% des suffrages.
Selon le maire de la commune, Michel Vivier, plusieurs facteurs expliqueraient cette tendance.
"Il y a un phénomène de lassitude. On a voté à gauche, à droite, le centre, tous se sont plantés. Alors, on essaye autre chose. C'est un problème (de lassitude), on en a ras-le-bol, on veut juste que les choses changent."
Pour beaucoup, ce vote représente une ultime tentative de faire entendre leur voix. Le RN, en mettant l'accent sur la sécurité, « semble répondre à certaines de leurs inquiétudes », alimentant ainsi un basculement politique dans ce coin de campagne française.
Des inquiétudes concernant la santéDes habitants de la petite commune de Bert constatent le manque de centres médicaux proches.Un autre facteur clé qui semble avoir pesé dans la balance est lié à la santé. Pour une petite commune, l'accès à certains services est limité. Il faut donc se déplacer vers des villes à proximité. Certaines personnes âgées, particulièrement vulnérables, doivent parcourir de longues distances pour des consultations médicales, parfois basiques, souvent avec des moyens de transport inadaptés.
Cette situation engendre une véritable problématique, "exacerbée par le sentiment que les politiques de santé publique négligent les zones rurales". Pour eux, l'accès aux soins de santé est essentiel et garantir une prise en charge proche de leur domicile, au sein du village même, est primordial.
Une ruralité délaisséeLe dernier facteur notoire supposé par le maire du village est la problématique de la ruralité, laissée à l'abandon au profit des zones urbaines.
"Régulièrement, le gouvernement fait voter des lois sur les banlieues. Il en a voté combien sur la ruralité ? On n'est même pas ignoré, on est complètement rejeté par le pouvoir central, qu'il soit à droite, à gauche, ou ailleurs. Combien de millions d'euros ont été investis dans des lois sur la ruralité et pour quels résultats ? Et bien, j'attends encore de voir."
Les infrastructures vieillissent, les services publics se raréfient, et les initiatives pour revitaliser l’économie locale sont presque inexistantes. Les villageois, attachés à leur terre et à leur mode de vie, souhaiteraient des actions concrètes pour subvenir aux besoins.
Le cas de Bert illustre la recomposition politique en cours dans de nombreuses régions de France. Alors que les partis traditionnels peinent, selon les habitants, à répondre aux attentes, le Rassemblement National parvient à tirer son épingle du jeu pour une majorité des votants.
Pour autant, tout le monde ne vote pas RN, comme ce passant qui a préféré rester anonyme. Il préfère accorder son vote au candidat républicain Nicolas Ray, véritablement présent dans les différentes communes pour s'entretenir avec la population, et répondre à leurs questions. Le scrutin de dimanche confirmera ou non cette tendance.
Anthony Huet, photos François Xavier Gutton
