Il faut pourtant apporter de nombreux matériaux, les uns solides, les autres doux, pour construire l’ossature du nid qu’il est nécessaire de camoufler de mousse et de lichens pour le rendre invisible dans son environnement.
Il faut enfin assurer son confort avec toutes sortes de duvets volés, ici et là, sur des piques de barbelés ou accrochés à des buissons. La robustesse de l’ensemble est garantie par un tissage de soie volée sur les toiles d’araignées dont l’élasticité et la solidité encaisseront les gifles des colères du ciel.
Comment rester hors des radars quand les allers et venues se multiplient pour nourrir la couvée ? Les chardonnerets élégants savent être patients en s’approchant par étapes à travers les branches des arbres voisins. Ils prennent le temps d’analyser les alentours avant d’effectuer le dernier saut qui les conduira sur leur nid tout juste assez grand pour épouser leur corps.
Un camouflage presque trop parfaitJe n’aurais pas repéré le nid coincé à deux mètres de hauteur dans la fourche d’un jeune merisier, si le chardonneret habitué à nicher dans les vieux pommiers environnants, n’avait pas poussé sa conscience professionnelle de bâtisseur d’exception jusqu’à ajouter des lambeaux de lichens à sa garniture verdoyante.
Or, les jeunes arbres n’en sont pas encore décorés et ça m’a mis la puce à l’oreille. Alors en regardant de plus près à travers les feuilles, j’ai aperçu une petite tête d’oiseau en train de couver. Je ne l’ai pas dérangé et j’ai évité, par la suite, de m’approcher trop près de l’arbre.
Le printemps froid et très pluvieux, qui a caché les insectes, a donné beaucoup plus de travail aux parents pour nourrir cette première couvée. Une seconde ponte devrait permettre de stabiliser les effectifs de cet élégant oiseau, une des perles de la nature.
