Entrepreneur social d’Angers dans le Maine-et-Loire, Patrick Valentin est l’homme qui est à l’origine de l’expérimentation « Territoire zéro chômeur longue durée » (TZCL). Entretien.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours qui vous a mené jusqu’à l’expérimentation TZCL ?J’ai commencé ma carrière dans l’économie classique et j’ai notamment travaillé dans un groupe de métallurgie à Paris. C’est là que j’ai vu la fin des Trente Glorieuses et tout ce qui allait être extrêmement dommageable pour les personnes les plus fragiles en termes d’emploi. En parallèle, j’ai eu la chance de voir comment fonctionnait un centre d’aide par le travail. Ce fut une découverte lumineuse et une réponse à cette ombre qui planait sur l’avenir. J’ai donc décidé de m’investir dans l’économie solidaire.
Au début des années 90, vous avez pensé à une méthode que vous avez essayé d’appliquer à une petite commune du Maine-et-Loire, Seiches-sur-le-Loir…J’ai interpellé le maire de cette ville et je lui ai proposé de mettre en place une méthode qui consistait à repérer les personnes qui étaient privées d’emploi, de les rencontrer et d’identifier leurs compétences et leurs envies. En parallèle, nous avons détecté les besoins non satisfaits qu’avait le territoire par les entreprises ou les services publics, puis de créer des entreprises pour embaucher ces personnes privées d’emploi, sans concurrencer l’offre existante. Pour financer cela, l’idée était de convertir les allocations-chômage en salaire. Quand on crée des entreprises à but d’emplois, celles-ci vont créer de la richesse et elles vont rendre à la collectivité ce qui lui a été donné et même plus. Malheureusement, le préfet n’a pas accepté que nous allions plus loin.
Et finalement, en 2016, est née une loi permettant à votre méthode d’être expérimentée sur l’ensemble du territoire…Oui, grâce à l’appui de l’association ATD (Agir tous pour la dignité) Quart Monde et du député Laurent Grandguillaume, qui est l’auteur de la loi d’expérimentation territoriale visant à résorber le chômage de longue durée, votée à l’unanimité du Parlement en 2016. Un second texte, voté en 2021, a permis de prolonger l’expérimentation pour cinq ans.
Cette expérimentation s’achève dans un peu plus de deux ans…Après dix ans d’expérimentation, l’enjeu est bien de proposer et d’élaborer des mesures législatives qui permettront à notre pays de réaliser ce droit à l’emploi de façon pérenne.
Stéphanie Merzet