Multi instrumentiste, chef d’orchestre et chef de chœur, Hervé Niquet est aussi le créateur du Concert spirituel, en 1987. Il sera à la baguette de ce dernier, demain, pour un concert exceptionnel à l’Opéra. Hommage à la musique baroque et à Gabriel Fauré…
Une première pour vous dans le cadre de Musiques Vivantes, mais pas une première à Vichy ? « De fait, je connais et j’apprécie Vichy pour y avoir déjà joué et pour y être venu en vacances à plusieurs reprises. C’est une superbe ville, avec une architecture extraordinaire qui colle à une parenthèse de l’Histoire, âge d’or de la culture. Enfin l’Opéra…, nous pourrions être blasés, nous qui jouons dans des cadres exceptionnels, l’Opéra de Vichy fait partie de ces derniers. »
Vous êtes notamment un pianiste reconnu, ce n’est pas un peu frustrant de laisser le clavier pour la baguette ? « Avec un instrument, il y a une relation physique, comme celle de tenir un être aimé dans ses bras. Quasi charnel. En tant que chef d’orchestre, le plaisir est ailleurs. On reçoit une énergie énorme qui monte de l’orchestre. Des échanges. Des ondes de plaisir viennent de face, et de dos, côté public. »
Vous êtes également compositeur, mais les générations de compositeurs géniaux qui ont précédé n’ont-ils pas déjà tout écrit ? « Les 50 dernières années ont accouché d’une musique aride qui a éloigné le public, c’est vrai. La toute nouvelle génération revient, elle, à des dimensions plus humaines. Je pense aux jeunes talents nordiques qui promeuvent une musique chorale fabuleuse. »
Vous donnez beaucoup également dans la transmission et la pédagogie ? « Jury, cours, conférence, il y a plein de jeunes talents, on se doit de les aider. »
Qu’écoutez-vous comme musique une fois rentrée à la maison ? « J’ai vécu dernièrement deux ans à Bruxelles et un jour je me suis rendu compte que je n’avais aucun appareil pour écouter de la musique. Il faut dire que lorsque l’on a travaillé 7 à 8 heures à répéter en salle ou en studio, on aspire qu’à une chose, au silence. »
Quelle est votre définition très personnelle du baroque ? « Esthétisme et déséquilibre. Le baroque, ce n’est pas que la musique, c’est un univers culturel qui touche l’ensemble des arts. Enfin, une rupture totale avec ce que le monde avait connu jusque-là. »
Un mot du programme de cette soirée… « Cet hommage à Fauré trottait depuis dix ans dans ma tête. Le centième anniversaire de sa mort est une occasion rêvée. De ce compositeur, on connaît beaucoup ses chœurs, sa musique de chambre qui ont masqué ce requiem d’une grande intensité. On le livrera dans sa version originale. Mais 40 minutes, c’est juste, alors en première partie on donnera un condensé de ce qui se fait de mieux en matière de baroque. Et notamment, la Messe de Clovis ; une œuvre magistrale de Gounod. »
