Face aux défis posés par le changement climatique, le gouvernement a planché sur un plan visant à adapter les pratiques sportives aux nouvelles réalités environnementales.
Face aux défis posés par le changement climatique, le gouvernement a élaboré un plan ambitieux visant à adapter les pratiques sportives aux nouvelles réalités environnementales. Mais la dissolution de l'Assemblée nationale a retardé sa présentation. "Il devait être présenté en juin, mais il a été victime également de la dissolution", indique Maël Besson, spécialiste de la question environnementale liée au sport. Avec son agence Sport 1.5, il a contribué à la rédaction de ce plan, qui devrait "certainement être dévoilé après les Jeux olympiques."
Plusieurs axes d'adaptationL'objectif principal du gouvernement est de réduire l'empreinte carbone des événements sportifs et des infrastructures. Cela passe par plusieurs axes d'adaptation essentiels : la promotion des énergies renouvelables dans les installations sportives ; l'utilisation de matériaux écoresponsables pour la construction et la rénovation des équipements ; l'incitation à des pratiques plus respectueuses de l'environnement, comme le covoiturage et l'utilisation des transports en commun pour se rendre aux compétitions.
Anticiper"Il y a une chose qui est sûre, c'est qu'il va falloir intégrer les projections climatiques dans les politiques sportives, insiste Maël Besson. On continue pour le moment à construire notre schéma directeur, à penser nos équipements sportifs, à imaginer la compétition comme si on aura toujours les mêmes ressources en eau, en énergie, et comme si on allait pouvoir continuer à émettre des émissions de gaz à effet de serre."
Ce manque d'anticipation est une critique récurrente de Maël Besson, qui souligne la nécessité de changer de paradigme. "Il faut qu'on intègre le contexte climatique futur dans nos projets de développement de nos pratiques sportives, d'aménagement de nos territoires."
Actuellement, la réponse aux phénomènes météorologiques extrêmes est souvent réactive plutôt qu'anticipative. "On est complètement dans la réaction", explique Maël Besson. Par exemple, des canicules intenses peuvent nécessiter des pauses hydratation pour les joueurs de rugby. "On va avoir des équipements qui vont souffrir. Il va falloir optimiser leur consommation d'énergie et d'eau."
Adaptations nécessairesPour Maël Besson, le grand changement apporté par le plan est de permettre une véritable anticipation. "Il va y avoir les adaptations faciles : isoler certains équipements, prendre des réflexes en termes de performance énergétique."
Les conséquences du changement climatique sont déjà visibles et nécessitent des réponses adaptées aux réalités futures. "Si on regarde réellement le futur climatique, on sait qu'on va perdre une quarantaine de jours de pratique dans les massifs boisés à cause des risques d'incendie, donc on interdit l'accès à toute pratique humaine, y compris au VTT."
Les impacts sur les compétitionsMaël Besson vient de publier une étude sur l'impact du changement climatique sur les grandes compétitions sportives en 2050. Avec 12 jours en août à Paris avec des températures moyennes supérieures à 28°C, les épreuves de marathon seront presque impossibles, même la nuit. À Marseille, avec 41 jours de risque d'incendie, la course à pied deviendra également trop dangereuse. "Il va falloir construire le futur en intégrant la réalité du futur et pas avec les ressources qu'on avait dans le passé ou dans le présent."
Gérer de manière différenciéeLa gestion différenciée en fonction des territoires et des pratiques est une autre clé de l'adaptation. "Si on n'a pas une gestion différenciée, on interdira l'ensemble des activités humaines."
L'adaptation passe aussi par l'accompagnement des encadrants et l'organisation des événements sportifs. "Il y a un vrai sujet pour moi d'accompagnement des métiers d'encadrant, pour savoir comment on encadre dans des mondes de fortes chaleurs. L'accompagnement de l'organisation même de certains sports, les championnats, les grands événements dans certaines périodes en été ou à l'automne dans des moments de fortes précipitations, vont être moins possibles."Certaines disciplines pourraient devenir saisonnières. "On ne va pratiquer qu'à une période de l'année, comme le VTT, le running."
Nicolas Faucon
