Le 21 juin 1944 est probablement le jour de le plus sombre de l’Histoire brivadoise. Pour ne jamais l’oublier, une plaque a été apposée dans la rue éponyme.
Pierre Coudert, Robert Cour, Michel Feyel, René Gervais, Louis Montgon, Jacques Tournay, Abel Jonget, Mme Langlade… Vendredi soir, ces noms ont résonné place de Paris. Ce sont ceux des victimes du 21 juin 1944. « Le jour le plus long » pour la population brivadoise, selon les mots du Dr Jalenques. Parce que ce jour-là était le solstice de 1944. Surtout parce que la population a vécu de très longues heures d’angoisse.
Les otages brivadois conduits vers l’Allemagne ou la PologneVendredi soir, à l’occasion du 80e anniversaire de cette dramatique journée, le maire de Brioude a dévoilé une plaque, rue du 21 juin 1944 (lire ci-dessous). Louka et Selen, élèves à Saint-Julien et lauréats du concours de la Résistance, ont retracé le déroulé de ce terrible jour. Un récit précieux, documenté par l’Almanach de Brioude d’après des articles parus en 1974 et 1984.
L’attaqueAu lever du jour, deux camions transportant une soixantaine de maquisards (Francs-Tireurs et Partisans) arrivent à Brioude, par l’avenue de Lamothe. Ils descendent des camions devant ce qui est aujourd’hui Jean-Pradier, remontent la rue Jules-Maigne et la montée Saint-Laurent. Pénètrent dans le jardin de la Visitation et tirent sur l’immeuble Thomas (place de Paris) où étaient logés certains soldats allemands. Puis ils passent par la place d’Alger, attaquent l’autre partie de la garnison, qui occupait une partie de l’hôtel Delmas (aujourd’hui, l’office notarial avenue Victor-Hugo) ainsi que des bâtiments en face à l’angle de la rue des Vignes.
Pendant la journéeLes maquisards s’en prennent ensuite au poste allemand installé au passage à niveau près du cimetière, puis ils se replient. À Brioude, la population craint des représailles. Vers 16 heures, un renfort allemand arrive d’Issoire (environ 150 hommes du régiment de reconnaissance de la Wehrmacht) et de Clermont-Ferrand (des autos avec des membres de la Gestapo).
En fin d’après-midiLa ville de Brioude est encerclée. Les Allemands pillent les bâtiments du secteur de la place de Paris avant d’y mettre le feu. Les gendarmes passent dans les maisons et intiment aux hommes de moins de 60 ans de se présenter à 18 heures sur le terrain de la fontaine Saint-Julien.
Dans la soiréeParmi les centaines d’hommes présents, une trentaine sont arrêtés (peut-être selon un critère lié à l’âge) et emmenés comme otages à Clermont-Ferrand. Le sous-préfet Sereyjol, le docteur Jalenques (qui faisait alors office de maire), le pharmacien Luzuy et Marcel Veysset, le charcutier, ont été rapidement relachés. Les autres otages ont été dirigés vers l’Allemagne ou la Pologne : Georges Charrier, Jean et Paul Delorme, Enerst Ernwein, Georges Faure, Anthony Fonlupt, Charles Fournier, Louis Gaillard, Michel Gonseth, Emile Lopez, Auguste Loyer, Denis Mazet, Henri Planchon, Diego Pagano, Maurice Pinot, Joseph Ranchet, Grégorio Rosa, Pierre Roubineau, Jean Sauron, Raoul Saigon, Georges Trophilme, Ernest Van Hille, M. Velez et André Villeret.
Mathilde Fontès
Vendredi, en fin de journée, le maire de la ville, Jean-Luc Vachelard, a officiellement dévoilé la plaque apposée sous le panneau de la rue du 21-Juin 1944, rappelant les faits tragiques de ce jour-là. « Nous honorons la mémoire des victimes et rappelons le prix de la liberté. Aujourd’hui, plus que jamais, il est crucial de garder vivante la mémoire de ces évènements, de la transmettre à la jeune génération et de se souvenir à quel point la paix nous est chère. Certains ont donné leur vie pour que nous puissions vivre la nôtre en paix. »Le maire n’a pas manqué de saluer « le travail de recherche minutieux et la mission de préservation de l’histoire locale inestimable » des membres de l’Almanach de Brioude qui ont grandement contribué à la réalisation de cette plaque.
