Comment la structure de loisirs Crapa'Hutte s'est réinventée au cours des 35 dernières années ?

Sur les 200 hectares du domaine de Moidas, à Orbeil (Puy-de-Dôme), Crapa’Hutte développe depuis 35 ans, en famille, une offre de loisirs au plus près de la nature et de sa clientèle. Mais comment s’est construit cette longévité ?

C’est le début d’après-midi, un groupe de jeunes adultes est fin prêt à se lancer sur le parcours Xtrem. Venus de Saint-Quentin, dans l’Aisne, ils passent la semaine à Crapa’Hutte, domaine de Moidas, à Orbeil. Tyroliennes, via ferrata, tir à l’arc, lance-ball, ventriglisse, course d’orientation… Les activités développées depuis 35 ans par Laurent Pradier, sur le site dédié aux loisirs de pleine nature, continuent de séduire un large public. Maintenir cette longévité a nécessité beaucoup d’efforts, mais davantage encore "d’adaptation et d’investissements", résume le chef d’entreprise qui envisage, dans un avenir proche, de passer le témoin à ses filles Romane et Coline.

Si, aujourd’hui, Crapa’Hutte accueille jusqu’à 15.000 clients par an, c’est dans les années 1989 que l’idée a germé. Un pari risqué à une époque où ce type de loisirs, encore balbutiants, étaient portés par quelques pionniers. Et pour un public de sportifs. "J’avais 24 ans, mon père avait une ferme céréalière dans le coin, mais je ne suis pas resté agriculteur très longtemps", se souvient-il. Un passage chez les parachutistes lui donne le goût de l’aventure et le désir d’entreprendre.

J’ai commencé avec un premier itinéraire aventure, inspiré des parcours d’audace des militaires, et je l’ai adapté aux civils. Il fallait tout inventer.

Quelques canoës, des arcs et un vieux 4x4 complétaient l’offre destinée à une clientèle aguerrie. Depuis, l’offre a considérablement évolué et, avec elle, la philosophie de Crapa’Hutte. "En 35 ans, on a eu toutes les modes, de l’aventure pure et dure où ils venaient consommer de l’adrénaline, ensuite des activités de groupe à découvrir ensemble et maintenant, c’est encore autre chose. C’est à la carte."

Aujourd’hui, les comités d’entreprise, week-end d’intégration étudiants, enterrements de vie de garçons et jeunes filles, les accueils de loisirs constituent l’essentielle des visiteurs. Avec les sept animateurs présents sur le site, l’activité est de plus en plus "non encadrée, explique Laurent Pradier. Car, à présent, on invite les clients à venir vivre le domaine. Les gens viennent passer un bon moment et pas forcément pratiquer une activité. C’est un tourisme d’imprégnation".

Sa fille Romane, âgée de 20 ans, et Coline, la cadette encore au lycée, ont contribué à amorcer ce virage vers un contact plus appuyé encore avec les espaces naturels. Diplômée d’une licence en droit-économie, la jeune femme, très attachée à l’œuvre de son père, se mue petit à petit en cheffe d’entreprise. Avec l’idée, un jour, de lui succéder. Le parcours Xtrem est l'une des activités favorites des clients.

Le domaine de Moidas est incroyable. J’y habite depuis toujours et je n’ai jamais eu d’autres idées que de travailler ici. Même si je ne vais pas nécessairement suivre ce que voudrait mon père, et faire à ma manière, il y a énormément de possibilités. Et nous en discutons. Avec le paysage et la vue que l’on a ici, j’aimerais par exemple développer des hébergements insolites, pour toucher les particuliers. Ouvrir un restaurant également. Nous avons les salles et la terrasse pour ça.

Une première étape devrait prochainement concrétiser ce travail en commun avec le projet de jeu de piste interactif. "Les participants sont munis de leur téléphone et doivent scanner des QR codes. Ça déclenche des vidéos sur lesquelles apparaissent des lutins, des farfadets… Il y a des énigmes à résoudre et le scénario du jeu s’adapte en fonction des réponses données. Le parcours est donc différent à chaque fois", décrit-elle. "Et ça s’adresse à un public familial", ajoute Laurent Pradier.Romane Pradier alimente les réseaux sociaux d'images de Crapa'Hutte.

Celui d’une ferme conservatoire œuvrant pour la sauvegarde de la biodiversité est bien avancé également. Ainsi, les espèces emblématiques du Massif central seront toutes représentées. À commencer par le cheval de race auvergne que Laurent Pradier a contribué à sauver de l’extinction avec une poignée d’éleveurs passionnés (*). Et ce n’est pas tout.

À son retour d’Australie, puisqu’elle part en septembre découvrir ce pays insulaire d’Océanie, Romane poursuivra un master en école de commerce, à Clermont-Ferrand, en alternance à Crapa’Hutte. "Je veux apprendre la théorie et la mettre en pratique ici", envisage-t-elle avec, à l’esprit, une course d’orientation d’un genre nouveau où il faudra trouver sa cabane, construite dans les bois. "Une fois sur place, tout est prévu et les clients reviennent le lendemain."Le parcours Xtrem est l'occasion de se surpasser.

Dépaysement garanti, d’autant plus que la jeune aventurière compte bien revenir de son séjour aux antipodes avec d’autres idées à mettre en pratique et à développer sur le domaine de Moidas. Les voyages forment la jeunesse, et l’envie d’entreprendre. 

(*) Il est président de l’Association nationale du cheval de race auvergne (ANCRA).

Pratique. Crapa’Hutte, Domaine de Moidas, à Orbeil. Tél : 04.73.96.10.10. Instagram et TicToc : Crapa Hutte. Mail : crapahutte@orange.fr

David Allignon