L'ancien prêtre reconnu coupable en 2020 d'une multitude d'agressions sexuelles sur des enfants scouts dans les années 1980 et 1990 dans la région lyonnaise a été retrouvé mort à son domicile ce dimanche 23 juin.
C'est la gigantesque affaire de pédophilie qui a fait vaciller l'Eglise de France, qui est remontée jusqu'au pape François et a causé la chute du charismatique archevêque de Lyon, Philippe Barbarin. Son principal protagoniste, Bernard Preynat, est décédé ce dimanche 23 juin, quelques semaines après avoir fait l'objet d'une libération conditionnelle en raison de la détérioration de son état de santé.
Retour sur une affaire hors normesEn 2015, l'hebdomadaire Le Pays (groupe Centre France)*, basé à Roanne (Loire), dévoilait que des anciens scouts avaient porté plainte contre Bernard Preynat, ancien curé de la paroisse de Sainte-Foy-l'Argentière, l'accusant d'avoir commis à leur encontre des attouchements et agressions sexuelles dans les années 1980 et 1990.
Au moment où l'affaire était divulguée, le prêtre exerçait son ministère dans la paroisse du Coteau, tout près de Roanne. Les victimes et leurs familles découvraient alors avec stupeur que l'homme d'Eglise n'avait été écarté que quelques mois par le diocèse de Lyon, avant de retrouver la vie paroissiale à Neulise (Loire) et Cours-la-Ville (Rhône). En 2015, le prêtre était donc encore au contact d'enfants, à qui il enseignait notamment le catéchisme.
Le cardinal Barbarin entraîné dans la tourmenteQuelques mois après la divulgation des faits, le collectif "La Parole Libérée" naissait et médiatisait aux niveaux national et international l'affaire. Le cardinal Philippe Barbarin, alors à la tête du diocèse, se trouvait alors dans la tourmente, soupçonné et accusé d'avoir été au courant du lointain passé pédophile du prêtre. L'affaire prenait une tournure inédite, notamment lorsque Mgr Barbarin, lors de la conférence des évêques, à Lourdes, déclarait ô combien maladroitement : "Grâce à Dieu, la majorité des faits sont prescrits par la loi." Une formule qui donnera son nom au film de François Ozon très étroitement inspirée de toute cette affaire, sorti en 2018.
La justice s'étant bien sûr saisie de l'affaire, deux procès très médiatiques eurent lieu. D'abord celui du cardinal Philippe Barbarin, à Lyon, en 2019. Il fut condamné, en première instance, à six mois de prison avec sursis, pour ne pas avoir signalé à la justice les agissements anciens du père Bernard Preynat. A l'issue du procès, il présenta sa démission en mai 2019 au pape François, qui la refusa dans un premier temps. Mais il se mit en retrait du diocèse.
Philippe Barbarin fit appel de la décision de première instance et, en janvier 2020, il fut relaxé par la cour d'appel de Lyon, décision confirmée par la cour de cassation en avril 2021. Entre-temps, le pape avait finalement accepté sa démission.
Condamné à cinq ans de prisonBernard Preynat, lui, fut jugé, lui aussi par le tribunal de Lyon, en janvier 2020. En mars de la même année, le délibéré était donné : l'ancien prêtre était condamné à cinq ans de prison ferme. Il ne fut pas incarcéré dans la foulée en raison de sa santé fragile, mais en novembre 2021.
Il avait demandé en octobre 2023 une libération conditionnelle ou détention à domicile en raison de son état de santé. La mesure lui avait été accordée il y a quelques semaines seulement, son état se dégradant nettement.
Bernard Preynat, âgé de 79 ans a été trouvé sans vie dans la salle de bain de son domicile lyonnais. Une enquête en recherche des causes de la mort a été ouverte "même s'il n'y a rien de suspect sur son corps qui sera examiné par un médecin légiste d'ici quelques jours", a précisé le parquet, confirmant une information de BFM Lyon.
Pierre-Olivier Vérot (avec AFP)
*L'hebdomadaire La Tribune de Lyon avait également dévoilé l'affaire la même semaine.
