Dix points glanés auprès de l’électorat féminin en cinq ans. D’un point de vue stratégique, l’extrême droite a bien mesuré l’intérêt qu’elle avait à lisser les discours virilistes du FN version père. La manœuvre, car c’en est une, a sans conteste réussi au plan comptable. Ces derniers jours, Jordan Bardella s’est adressé aux « femmes et filles de France » et l’image ressemblait un peu à ces émojis pleins de rose aux joues et de cœurs aux yeux. Mais que lit-on vraiment au fond du regard ? Le problème est que sur le terrain des faits, à la tribune de l’Assemblée ou à Bruxelles, les preuves d’amour sont beaucoup moins évidentes que les déclarations qui les ont précédées. En janvier, les divisions du groupe sur l’inscription de l’IVG dans la Constitution traduisent l’absence totale de position claire sur ces sujets. L’extrême droite sait combien l’ambiguïté est une arme efficace quand on apprend à ne pas en sortir et elle entretient un flou malin pour ne pas laisser aux autres le monopole du cœur. Mais le réel est têtu : en Italie ou en Pologne, partout où les populismes ont avancé leurs pions en Europe, les droits des femmes ont reculé.
l’éditorial
Stéphane Vergeade