Dimanche 9 juin, 22 h 24
Suite à la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron, les deux députés LR sortants du Cantal, Vincent Descouur et Jean-Yves Bony, annoncent leur candidature.
Mardi 11 juin, 13 h 06Vincent Descoeur n’appartient plus à la famille Les Républicains après le rapprochement décidé par Éric Ciotti avec le Rassemblement national. Le député sortant cantalien parle de « trahison ». Jean-Yves Bony adopte une position similaire et révèle se mettre en retrait.
Jeudi 13 juin, 9 h 47Les grandes manœuvres ont commencé. Un café partagé en terrasse d’un bar de la rue des Carmes avec le maire socialiste d’Aurillac « remonté » contre le communiqué envoyé dans la nuit aux rédactions par le Mouvement des jeunes socialistes qui évoque « le coup de force » du maire d’Aurillac pour « imposer sa candidature » aux législatives. Pierre Mathonier s’engage dans la campagne comme suppléant de Valérie Rueda, estampillés Nouveau Front populaire sur la première circonscription.
Jeudi 13 juin, 15 h 24L’échange téléphonique est bref avec Philippe Matière pour le sonder sur la stratégie du camp présidentiel à trois jours du dépôt des candidatures. Proche du président de la République, l’entrepreneur milite pour ne pas présenter de candidats Renaissance face aux députés sortants et « faire barrage aux extrêmes dès le premier tour ».
Jeudi 13 juin, 20 h 07L’opposition de droite déserte la salle du conseil municipal avant l’ordre du jour. Elle dénonce l’alliance contre-nature du maire d’Aurillac avec La France insoumise. Avant le dîner partagé par les élus en fin de séance, Pierre Mathonier et Stéphane Fréchou (Europe Écologie - Les Verts) dévoilent le ticket Vanessa Cros (Place publique) et Natacha Muracciole (Europe Écologie - Les Verts) sur la deuxième circonscription. Le casting ne sera pas celui-ci. La France insoumise hérite finalement de cette circonscription.
Vendredi 14 juin, 17 heuresPierre Mathonier fait son entrée dans les locaux du PS aurillacois, un tote bag à l’effigie de Georges Pompidou à la main. Face aux responsables locaux des Écologistes, du Parti radical de gauche et du PCF, la socialiste Valérie Rueda officialise sa candidature sous l’étiquette Nouveau Front populaire. « Le problème, c’est le RN, pas LFI ». Les Insoumis ne participent à la conférence de presse.
Vendredi 14 juin, 17 h 26« Pas d’investiture Ensemble pour la République dans le Cantal au moment où je vous écris », temporise Nicolas Authier, président de Renaissance, dans un SMS. « Je rentre à Aurillac ce soir pour écouter les bruits. » L’Aurillacoise et ex-eurodéputée Renaissance Catherine Amalric et Nicole Soulenq-Coussain (Modem) étaient pressenties. Un ticket Nicolas Authier-Angélique Brugeron aurait été dans les tuyaux… Pas de tête de liste Renaissance dans le Cantal mais Denis Sabot (Horizons) et Vladimir Tilmant Tatischeff (MoDem) sont propulsés candidats du bloc centriste Ensemble pour la République, derrière Gabriel Attal.
Samedi 15 juin, 17 h 13Gilles Lacroix, le secrétaire départemental du RN, qui assurait, quelques jours plus tôt, avoir « une quarantaine de noms de titulaires ou suppléants », a déposé les candidatures en préfecture : la sienne sur la deuxième circonscription et celle de son épouse Dorothée Gallais sur la première. Comme en 2022.
Mardi 18 juin, 10 h 15Le sortant Vincent Descœur (ex-LR) en pleine discussion avec Guillaume, un électeur communiste sur le marché de Vic-sur-Cère, mardi 18 juin.Sur le marché de Vic-sur-Cère, Vincent Descoeur entame sa campagne. « Vous êtes de quel parti?? », demande Lucienne, une touriste de Loire-Atlantique. « Je suis du parti de ce qu’il reste des Républicains », répond-il. « Macron?? » « Non, droite républicaine. Et j’essaie de faire barrage aux extrêmes », insiste le député sortant, prêt à partir à l’accostage de potentiels électeurs. Ses arguments sont rodés. Le Nouveau Front populaire, qui a investi le PS face à lui?? « Je vois bien que cette alliance avec les Insoumis est cousue de fil blanc. » Éric Ciotti qui fait main basse sur LR?? « J’ai quitté le parti à 13?h?06 », six minutes après le JT de TF1 durant lequel a été annoncée l’alliance avec le RN. « Vous êtes tout seul?? », s’étonne un électeur de la circonscription. Vincent Descoeur le martèle : il est « candidat de la droite républicaine » et espère revenir à l’Assemblée pour constituer « un groupe de droite expurgé du petit chauve ».Annie Delrieu, maire de Vic-sur-Cère, l’a rejoint pour le café. Du « Vincent » par-ci, du « Vincent » par-là, l’homme politique est dans son élément et démontre toute l’étendue de son enracinement. Il croise Guillaume, un vieil ami communiste. Il raconte avoir vu les Insoumis « se radicaliser » au Parlement. Guillaume le communiste n’apprécie guère car au PCF, « on n’aime pas faire du spectacle », mais le programme du Nouveau Front populaire lui plaît : « Si ça se réalise, ça va changer la vie ». Alors, il votera pour la gauche et pas pour son ami Vincent, même s’il précise l’avoir déjà fait. Quand ça?? « Je ne m’en rappelle pas. » Vincent Descoeur savoure : « C’est bien la preuve que ça ne t’a pas traumatisé?! »
Jeudi 20 juin, 9 h 20Denis Sabot (Horizons) en campagne sur le marché de Maurs, jeudi 20 juin.Le marché de Maurs est noir de monde. Denis Sabot, candidat Horizons sur la première circonscription, y vient « comme d’habitude » acheter « un petit crémeux » et refaire son stock de fromages. « Rappelez-moi, vous avez combien de chèvres?? », demande-t-il en distribuant son tract de campagne à cet agriculteur de Boisset. Trente-cinq. Les échanges sont poussés. Ça cause loi Égalim, dotation jeunes agriculteurs, aides PAC… Denis Sabot connaît du monde ici. Le maire de Saint-Julien-de-Toursac, en Châtaigneraie, sillonne le terrain. « C’est mon coin, affirme-t-il en aparté. J’y ai beaucoup œuvré, sans que ce soit forcément visible. Et encore plus depuis 2019 », l’année où il a rencontré Édouard Philippe, alors Premier ministre. Au début du Covid, « il me demandait des remontées d’informations sur les territoires ruraux », retrace Denis Sabot. Au stand de melons, Martine le reconnaît : c’est son maire. Elle semble heureuse de le voir. « Il n’est pas désagréable », commente-t-elle.Collée sur la vitrine d’une boulangerie, Denis Sabot remarque une affiche : « Non à la déviation de Maurs?! » Il n’y est pas favorable. Cela déstabiliserait les commerces locaux, estime-t-il, redoutant qu’ils subissent le même sort que ceux de Sansac-de-Marmiesse. Le candidat ne parle jamais d’Emmanuel Macron, ou alors le moins possible. À Pierre, un électeur de Maurs, il explique qu’Édouard Philippe prend « une ligne qui tranche avec la majorité présidentielle ». Pas emballé, Pierre rejoint ses amis : « Pourquoi faire maintenant ce qu’on n’a pas pu faire hier?? »
Jeudi 20 juin, 11 h 05Valérie Rueda (PS) à la rencontre d’électeurs de sa circonscription sur le marché, jeudi 20 juin.Au milieu des étals du marché de Maurs, l’accueil réservé par deux badauds à Valérie Rueda est aussi orageux que le temps. « Avec l’extrême gauche, vraiment?? J’ai voté Mitterrand en 1981. Voir le PS s’allier avec LFI et Mélenchon, ça m’attriste?! Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire… » « On disait la même chose, voire pire, quand Mitterrand a fait alliance avec le Parti communiste?! N’allez pas vous tromper, chaque voix compte, l’enjeu est historique », tente de convaincre la socialiste, soutenue par le Nouveau Front populaire. À quelques pas d’elle, Vincent Descoeur ne manque pas de lui faire part de son étonnement. « Je suis inquiet de votre association avec les Insoumis. Et je ne parle même pas du NPA… Moi, je comprendrais que tu m’insultes si j’étais resté avec Ciotti », lui lance le député sortant.
Le débat s’engage entre les deux candidats. « Si on veut écarter l’extrême droite, qu’est-ce qu’on fait??, rétorque Valérie Rueda. Mon combat, c’est contre le RN. C’est ça qui me fait m’engager. On ne va pas cacher qu’on a des différences avec les Insoumis, mais nous avons réussi à fixer des lignes rouges à ne pas franchir. Et puis la gauche réunie, ce n’est pas que le PS et LFI. L’alliance est bien plus large?! » Une sympathisante prend le tract contenant huit engagements du Nouveau Front populaire que lui tend Valérie Rueda et l’assure de son soutien : « Pas de souci, je vote pour vous?! » Ailleurs sur le marché, c’est un agriculteur bio qui lui raconte ses difficultés. « J’ai besoin d’aller rencontrer les gens, leur expliquer notre positionnement et les rassurer aussi », insiste Valérie Rueda. Il lui reste sept jours pour convaincre les électeurs dans cette campagne éclair.
Romain Blanc, Emmanuel Tremet et Pierre Raynaud