Double champion de France de la spécialité et tenant du titre, Rémi Cavagna, le rouleur clermontois de la Movistar, se donne « une chance » de briller ce jeudi après-midi, aux “France” élite du chrono, malgré « une saison un peu compliquée jusqu’à maintenant ».
En cyclisme, peut-être plus que dans d’autres sports, la roue tourne vite. Rémi Cavagna en fait les frais, cette saison. Le Clermontois de 28 ans a vu ses performances fléchir d’un coup. Depuis qu’il a rejoint l’équipe espagnole Movistar.
Et c’est surtout visible dans son exercice favori du contre-la-montre. Dont il est le champion de France sortant, titre remis en jeu ce jeudi après-midi en Normandie, sur un parcours de 35 kilomètres entre le Mont-Saint-Michel et Saint-Martin-de-Landelles (Manche).
En manque de résultat, l’Auvergnat n’abordera pas cette épreuve comme favori, une étiquette qui lui collait à la peau ces dernières saisons.
« Les cartes sont rebattues, reconnaît celui qu’on surnomme dans le peloton le “TGV de Clermont” pour ses capacités à rouler vite et longtemps. J’ai changé plusieurs choses (matériel, entraîneur, équipement…) en arrivant à la Movistar. Pour l’instant, ça n’a pas payé. Je ne sais pas trop où j’en suis. »
« Je ne suis pas l’hyper favori, ça m’enlève de la pression »Sa participation récente « pas glorieuse » au Tour de Belgique (16e du chrono, 61e du général) ne l’a pas éclairé davantage. Et sa forme reste précaire alors qu’il doit défendre son maillot bleu-blanc-rouge. Du coup, sa cote a baissé, et le bon côté des choses, le stress aussi.
Tour de Belgique : Rémi Cavagna termine loin
« Je ne suis pas l’hyper favori, cela m’enlève un peu de pression. Chaque année, j’en ai beaucoup à ces championnats de France. J’en ai l’habitude. Parfois, je suis passé au travers. D’autres fois, j’ai réussi. Là, j’ai envie de gagner un troisième titre (en contre-la-montre élite, ndlr). Je ne suis pas défaitiste. J’ai une chance. Cela peut être un déclic et ça peut me relancer. Ma saison est un peu compliquée jusqu’à maintenant. Mais il suffit d’une opportunité pour réaliser de belles choses et faire en sorte que ça change tout. En vélo, rien n’est définitivement écrit », assure le Puydômois, arrivé sur place dès mardi après-midi, afin notamment d’aller reconnaître le parcours de ce contre-la-montre.
"Un parcours pour spécialistes, où la puissance va jouer"Du sur-mesure, correspondant en tout point à ses qualités intrinsèques de rouleur. À l’exception qu’il n’a pas pu une seule fois s’étalonner cette saison sur une distance aussi longue. Parce que privé du Critérium du Dauphiné et de son chrono du 4e jour (sur 34 km).
« Le parcours est très roulant et pas très technique, juge le Clermontois. C’est la première année qu’il est dessiné pour des coureurs comme moi. La puissance va jouer. C’est un parcours pour spécialistes. »
L’an passé, il aurait fait un malheur sur ce genre de routes, sans trop de dénivelés ni de virages. Mais cette saison, il a toujours été repoussé hors du top 10, dans l’effort solitaire. Et cela ne joue évidemment pas en sa faveur au moment de faire des pronostics…
"Je ne suis pas nul non plus"« En étant en grande forme, j’aurais été beaucoup plus confiant, admet Rémi Cavagna. Mais je ne suis pas nul non plus. Si j'ai de bonnes jambes, ça peut faire mal. On verra bien… »
Et puis, s’il devait échouer face au chronomètre, il aura encore l’épreuve en ligne pour tenter de redorer son blason, dimanche. En 2021, à Épinal, sa victoire sous le déluge avait fait l’effet d’un coup de tonnerre, tant elle était inattendue.
« J’avais deux super coéquipiers, Julian (Alaphilippe) et Florian (Sénéchal) à mes côtés, rappelle Cavagna, qui avait profité du marquage sur Alaf’. Là, je suis seul… » Isolé, certes, mais pas sans ambitions. « Il faudra être malin et faire les bons choix au bon moment », conclut l'unique représentant de la Movistar à ces championnats de France.
En chiffres
3 Comme le nombre de titres de champion de France élite remportés par Rémi Cavagna. Deux en chrono (2020, 2023). Et un en course en ligne (2021). 35,2 La distance en kilomètres du contre-la-montre individuel des “France” élite d’aujourd’hui. Elle est identique pour les femmes. 420 En mètres, le dénivelé positif du parcours des “France” élite du contre-la-montre. Plat sur sa première partie, avec plus de relief par la suite.
Raphaël Rochette