C'est un territoire à plusieurs inconnues. Un territoire historiquement ancré au centre-droit mais qui a aussi envoyé à l'Assemblée nationale une députée écologiste entre 2012 et 2017. Un territoire qui dispose du plus grand nombre de candidats à ces législatives anticipées dans le Puy-de-Dôme : ils sont huit sur la ligne de départ, dont les deux seuls engagés sans étiquette dans le département et la députée sortante Laurence Vichnievsky (MoDem). Si le RN avance masqué, présentations de ces candidatures.
Marie-Anne Marchis (Les Républicains)
Son premier engagement politique remonte à la présidentielle de 1981, aux côtés de Valéry Giscard d’Estaing, “mon mentor et modèle”. Il s’est poursuivi à Chamalières, où Marie-Anne Marchis, 56 ans, est élue depuis 1989 et adjointe depuis 1995, puis au conseil départemental, où elle siège depuis 2015, en charge du tourisme. Après des années à l’UDI, cette fonctionnaire territoriale à la Région a rejoint Les Républicains il y a quatre ans, couleurs qu’elle a défendu lors des dernières législatives (14,32 %).
Pourquoi repart-elle ? “Je suis furieuse contre Macron, qui nous conduit au chaos, je n’ai pas pu rester sans rien faire. Dans ce moment de marasme, il faut des partis de gouvernement, raisonnables, pragmatiques, pour retrouver une France apaisée.” “Le pouvoir d’achat, l’épanouissement au travail, le rétablissement des comptes publics, l’insécurité” figurent parmi ses axes de campagne.
Suppléant : Frédéric Echavidre, maire de Picherande.
Laurence Vichnievsky (Modem, Ensemble pour la République)Elle dit vouloir “défendre un arc républicain”, renvoyant dos à dos l’extrême-droite et “la Nupes 2”. “L’alliance avec LFI, je ne peux pas. J’ai souffert de la manière dont les Insoumis ont traité les institutions”, attaque cette magistrate honoraire, qui fut avocat général près de la cour d’appel de Paris de 2007 à 2017. Politiquement, Laurence Vichnievsky, 69 ans, est passé des Verts au Modem en 2016. Conseillère régionale en PACA (2010-15) puis Auvergne Rhône Alpes (2016-21), elle a rejoint l’Assemblée en 2017, avant d’être réélue en 2022.
Un mandat qu’elle a toujours considéré national plus que local, en réponse aux critiques sur son absence en circonscription. “J’ai la rage de défendre la modération et la raison pour aller plus loin socialement et écologiquement tout en maintenant les équilibres budgétaires car avec le RN ou la Nupes 2, c’est la ruine à court terme !”
Suppléant : Bastien Gounon (Renaissance).
Patrick Finotto (Reconquête)Campagne après campagne, il veut croire “au rassemblement des droites”. C’est ce qui avait poussé Patrick Finotto, 55 ans, à quitter Debout la France, où il était engagé depuis 2005 et le référendum sur le traité constitutionnel européen, pour rejoindre Reconquête en 2022. “J’ai été séduit par la dynamique de rassemblement qu’Eric Zemmour a essayé d’engager”, explique-t-il.
Ce cadre de la fonction publique au ministère des Armées, qui vit à Chamalières, fut candidat aux municipales à Clermont-Ferrand, en 2022, sur la liste d’Anne Biscos (RN), et aux dernières législatives comme suppléant sur Thiers-Ambert. Ces derniers jours encore, il aurait “préféré une alliance avec le RN et LR. Ça ne s’est pas fait. J’ai donc considéré qu’il fallait défendre nos valeurs”, explique-t-il, déplorant “l’insécurité, l’incapacité à contrôler l’immigration et l’abandon de la ruralité” (photo fournie par Reconquête).
Suppléant : Clément Laurie.
Marie Savre (Lutte ouvrière)Elle s’est présentée “à presque tous les scrutins depuis 1995 : les camarades m’ont choisi comme porte-parole donc j’assume”, explique Marie Savre, psychologue en hôpital à Clermont-Ferrand. Celle qui a grandi dans une famille communiste explique avoir “très tôt été révoltée par les injustices”, combat qu’elle mène depuis ses 17 ans à Lutte Ouvrière (LO).
A 52 ans, l’ancienne élue municipale à Clermont-Ferrand (2008-14) participe donc à une nouvelle campagne : “Il faut combattre le RN, mais il faut en même temps être contre la politique de Macron, anti-ouvriers, anti-immigrés. Et on ne fait pas confiance à l’union de la gauche : on les a vu et revu aux affaires, ils reculent toujours devant le patronat.” A l’heure des résultats sur les derniers scrutins, LO peine à percer, mais Marie Savre veut croire en une prise de conscience des travailleurs, “de la force sociale qu’ils représentent. On ne sait pas quand ça aura lieu, mais on veut être présent.”
Suppléant : Frédéric Mainville.
Louis Dupic (sans étiquette)C’est l’une des deux candidatures inattendues sur la circonscription. Tous deux étudiants, jamais encartés, Louis Dupic, 23 ans, et Benjamin Barrier, 22 ans, s’engagent pour proposer, disent-ils, une alternative. “Je suis plutôt de droite, Benjamin plutôt de gauche, on ne se retrouvait ni dans les Républicains ou l’extrême-droite, ni dans le Nouveau Front populaire, et Macron, c’est impossible pour nous, explique Louis Dupic. On a voulu proposer quelque chose de différent, ni droite, ni gauche et hors extrême.”
Cette proposition ? “On prend les meilleures idées partout, on n’appartiendra à aucune majorité”, promet-il, se disant, pêle-mêle, “plutôt souverainiste” sur l’économie, pro-nucléaire, contre les accords de libre-échange du Mercosur, ou encore pour la création d’un statut spécial pour les saisonniers (photo fournie par le candidat).
Suppléant : Benjamin Barrier.
Nadine Pers (Rassemblement national)Ce que l’on sait : militante du Rassemblement national, Nadine Pers a 70 ans et habite à Thiers, en dehors donc de la troisième circonscription. Elle est “retraitée du social”, assure-t-elle par téléphone, ajoutant “être fidèle à ce que je défends, à Marine”.
Pour le reste ? Son parcours ? Ses idées ? Nadine Pers (photo fournie par le RN) n’a pas souhaité répondre à nos questions, ni en dire plus sur les raisons de sa candidature, expliquant n’avoir “rien à ajouter”.
Suppléant : Alexandre Lassalas.
René Ondet (sans étiquette)Les campagnes sont parfois composées de candidatures atypiques : celle de René Ondet est assurément l’une d’elles. A 69 ans, cet habitant de Nébouzat est un ancien communiste, qui a “voté Georges Marchais”, mais aussi un “déçu du socialisme depuis 1981” et un homme marqué “par les 82 % de Chirac en 2002 : j’en ai marre que des gauchistes votent à droite”.
René Ondet a, raconte-t-il, exercé “plusieurs métiers : camionneur, commerçant, agriculteur”. Il fut déjà candidat indépendant aux élections municipales dans sa commune. Sa candidature aux législatives reste difficile à cerner, mais René Ondet a le sens de la formule : “La dissolution ? Elle m’a plu. La politique est un spectacle et moi, je suis un artiste”, argue-t-il.
Suppléante : Adjo Konan.
Nicolas Bonnet (EELV, Nouveau Front populaire)Quatrième en 2017, deuxième en 2022, et en 2024 ? L’écologiste Nicolas Bonnet, 43 ans, est candidat pour la troisième fois aux législatives, sur cette circonscription. Cet ingénieur informatique clermontois est engagé de longue date chez les Verts, où il a commencé à militer en 2006.
Adjoint à Clermont-Ferrand depuis 2014 et conseiller métropolitain, il veut défendre, à ce scrutin, “une alternative au RN et à Macron”, qui s’appuie sur “l’articulation entre environnement et social. Il faut prendre en compte l’impact social des changements à mener pour faire face aux problématiques environnementales.” Et de citer, entre autres mesures portées par le Nouveau Front populaire, le pouvoir d’achat et la répartition des richesses (premiers kWh de l’électricité gratuits, progressivité de l’impôt...), la lutte contre la désertification médicale ou encore le partage de l’eau.
Suppléante : Elisabeth Crozet (PS), conseillère départementale.
Arthur Cesbron