La voix est grave, posée. L’homme en impose, sans pour autant faire peur. Sa stature, son parcours, les médailles d’or, les titres obtenus lorsqu’il était entraîneur de l’équipe de France de handball. Claude Onesta était, jeudi soir, l’invité de la CCI du Cantal pour une rencontre avec les patrons cantaliens
En quoi a consisté votre rôle de manager ? J’ai été pendant très longtemps coach sportif d’équipes de jeunes d’abord, puis au niveau régional, et au niveau national. Et j’ai ensuite pris en charge l’équipe de France pendant seize ans, avec un parcours assez réussi avec quelques titres (rires). Le sport était dirigé d’une manière assez rigoureuse, hermétique et pas vraiment très ouverte sur la participation des joueurs.
Je suis allé partout dans le monde,mais j’ai surtout visité des aéroportset des gymnases.
Assez rapidement, je suis allé chercher un management plus collaboratif et je suis allé chercher les joueurs pour les faire participer, pour les faire réfléchir, les responsabiliser. Au départ, tout le monde m’a pris pour un fou. Parce que c’était très militaire l’encadrement sportif à l’époque, donc quand tu dis “je vais faire de la démocratie”, ils me prenaient pour un cinglé.
Sauf que, comme on a pratiquement gagné tous les titres internationaux pendant dix ans, ceux qui me critiquaient sont venus me voir pour savoir comment je pouvais les aider à mieux comprendre. Après, en 2017, j’avais prévu de rester à la fédération et de faire autre chose. Mais quand la France a été désignée comme hôte des Jeux olympiques 2024. La ministre de l’époque (Laura Flessel-Colovic, ndlr) m’a appelé en disant “tu vas nous aider. Donc, tu viens, tu regardes, tu structures, tu construis, et tu t’arranges pour que les résultats du sport français s’améliorent” et notamment aux Jeux olympiques et paralympiques soient à la hauteur.
Quels conseils pouvez-vous donner au monde économique ? Je n’ai jamais eu la prétention de donner des conseils à qui que ce soit, et encore moins dans des domaines que je ne connais pas. Par contre, ce que l’histoire m’a apprise, c’est que manager les hommes, quelle que soit l’activité, répond souvent à des critères assez similaires. J’ai beaucoup travaillé, réfléchi, expérimenté. C’est vrai que dans ce champ-là, je peux partager des choses. Cela m’a passionné d’aller à la rencontre de populations différentes, pour moi, et de s’enrichir et de comprendre. J’essaye de traiter de sujets qui sont les leurs, pas les miens. Ce ne sont pas des conseils, mais je partage une réflexion.
Une fois la mission des JO achevée, qu’allez-vous faire ? Je vais rejoindre mon épouse qui attend que je rentre depuis quarante ans… et qui là me dit que c’est l’heure. Alors, je suis déjà pensionné, puisque j’ai atteint l’âge de 67 ans. Mais je vais poursuivre mon contrat jusqu’au 31 décembre, parce qu’il va falloir des bilans après les Jeux. Mais après, plus de responsabilité particulière. Maintenant, j’ai envie de me poser, de faire ce que je veux quand j’ai envie. Et prendre du temps pour les copains et la famille.
Bruno-Serge Leroy
